12 sites de tournage, 9 régions et quatre films cultes à succès sont les composantes de ” La Route Cinématographique nationale ” dont le lancement a été annoncé officiellement ce mardi 22 mars 2022 par les organisateurs, une action conjointe de l’Union européenne (UE) dans le cadre du programme ” Tounes Wijhatouna ” et du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) mise en œuvre par la Giz ( (agence allemande coopération internationale) en partenariat avec le ministère du Tourisme dans le cadre du projet ” Promotion du tourisme durable “.
Dans son allocution, le ministre du tourisme Mohamed Moez Belhassine a tenu à souligner l’importance de cette action conjointe qui vise à promouvoir le tourisme culturel en Tunisie, qui n’est pas uniquement un pays de tourisme balnéaire. Il est grand temps, a-t-il précisé, de présenter une nouvelle offre celle de multi-destinations à travers la mise en place pour la première fois de cette initiative collaborative autour d’une action concertée dans le but de drainer une nouvelle clientèle de touristes nationaux et internationaux.
Dans ce sens, il a tenu à mentionner que ce projet est une nouvelle occasion qui se présente pour mettre en avant l’impact du ciné-tourisme en Tunisie à multiples facettes et qui regorge de richesses culturelles et historiques ayant attiré depuis très longtemps des producteurs et des cinéastes de renommée.
La route cinématographique, a ajouté le ministre, est une action qui vise à présenter une nouvelle offre touristique dans neuf régions dans le but d’assurer la pérennisation et la mise en valeur du tourisme durable et en vue de créer différents liens de synergie dans une action proactive à même de créer même des emplois pour les jeunes de ces régions dans le cadre de l’équilibre régional ; il s’agit de créer une certaine dynamique socio-économique, de répondre à des besoins de marchés de plus en plus segmentés et de promouvoir un tourisme à multi-usages permettant de découvrir la Tunisie autrement.
Prenant la parole, Georg Felsheim, chef de mission adjoint à l’ambassade d’Allemagne en Tunisie a tenu à préciser que ce projet innovateur mis en œuvre par l’Allemagne et l’Union européenne, deux partenaires de premier plan de la Tunisie, pour promouvoir le développement culturel ainsi que le développement durable est une preuve que le tourisme balnéaire doit être aujourd’hui plus que jamais complété par le tourisme culturel et culinaire dès lors que la Tunisie dispose de grandes potentialités touristiques et de paysages diversifiés ainsi que d’un patrimoine gastronomique de qualité à devoir porter à jour. D’où la nécessité de faire relancer ce secteur stratégique. Cette action commune lancée en partenariat avec les secteurs public et privé ainsi que le tissu associatif a-t-il précisé est susceptible de contribuer à promouvoir la qualité de l’offre touristique en Tunisie dans les différentes régions d’une manière durable pour faire transparaître le patrimoine tunisien dans toutes ses composantes. D’ailleurs, a-t-il précisé, cette route doit servir de modèle pour d’autres routes et d’autres initiatives dans d’autres régions peu connues ou méconnues ce qui contribuera avec l’aide d’acteurs engagés à dynamiser l’économie régionale.
Partie prenante dans ce projet, la délégation de l’Union Européenne en Tunisie a été représentée lors de la conférence de presse par l’attaché de coopération Vladimir Rojanski qui a souligné que cette action est l’une parmi d’autres entreprises dans le cadre d’un programme plus global pour soutenir la multiplication et la diversification de l’offre touristique autour notamment du tourisme de l’intérieur et de la valorisation du patrimoine tunisien et de l’artisanat visant à développer toutes les activités annexes sans oublier les opportunités d’emplois inclusifs.
Par ailleurs il a mentionné que ce projet est un enjeu économique de taille pour promouvoir les industries culturelles et créatives en vue de remobiliser les efforts d’investissement dans le but de refaire de la Tunisie, un pays riche de ses atouts naturels et historiques énormes, un plateau de tournage idéal depuis belle lurette pour les vétérans de l’image et dont la plupart des films ont été classés des films à grand succès au box office mondial.
Un rappel historique s’impose.
Retour là où est né le personnage légendaire “ET” et a survolé la planète “Tatooine”
Grâce à ses paysages lunaires et à ses surprenantes habitations “troglodytes” et à ses paysages naturels de grand charme, le sud de la Tunisie n’a cessé d’attirer des producteurs et des réalisateurs prestigieux qui ont repéré dans ces lieux, un plateau en plein air, idéal pour le tournage d’œuvres cinématographiques de tout genre: fiction, romance, légende, histoire… dont la plupart ont été classées des films à grand succès au box office mondial.
Située au cœur du désert tunisien, cette région, est devenue, depuis la nuit des temps l’élue des vétérans de l’image étrangers.
A commencer par les Frères Lumières qui ont immortalisé dans leurs bobines les premiers clichés des vues multiples du pays.
L’année 1919 marque l’amorce du cinéma avec le tournage en Tunisie du premier long métrage réalisé sur le continent africain “Les cinq gentlemen Maudits” de Luitz Morat.
Cependant, ce lieu de séduction a attiré aussi des spécialistes du court-métrage.Vers les années 60, fut tourné au sud tunisien “Zaa, le petit chameau blanc”, un court-métrage de Yannik Bellon, la fille de la célèbre photographe Denise Bellon, dont le fonds photographique compte environ 500, -parmi plus de ses 22.000 clichés-, qui ont été pris en Tunisie entre 1947 et 1960.Toutefois, le véritable coup de cœur pour le désert tunisien, a eu lieu à partir de la fin des années 70, à Tataouine, avec la célèbre saga-fiction “La guerre des étoiles”, de Georges Lucas.Plus qu’une source de fascination, le désert avec ses paysages lunaires, est devenu pour ce réalisateur, une source d’inspiration. C’est d’ailleurs à Chott Djérid qu’est né le personnage légendaire “Et” et a survolé la planète “Tatooine” en référence à Tataouine.
Ce décor naturel devint, par la suite, l’un des plus appréciés par Franco Zeffirelli, qui débarque un an plus tard, pour le tournage de “Jesus de Nazareth” (1977).
Quant les images du Sahara créèrent les meilleures scènes
Le désert, offre dans les années 80, une occasion de rencontre et de collaboration entre un duo “hollywoodien” de choc qui a bouleversé le cinéma mondial en émerveillant petits et grands.C’est avec “Les aventuriers de l’arche perdue”, qu’est née la saga d’Indiana Jones.
Un film qui réunit, pour la première fois, dans un tournage, Steven Spielberg, en tant que réalisateur et Georges Lucas en tant que producteur.Crevant le grand écran, les images du Sahara tunisien, créèrent ainsi les meilleures scènes de grands chefs d’œuvres cinématographiques.Offrant une “Une aire de famille”, Matmata, Tataouine et Nefta ont fait débarquer à cette même époque (années 80) Roman Polanski avec son film “Pirates”.
Un peu plus tard, dans les années 90, c’est au tour de Minghella qui a repéré, lui aussi, dans ce désert un excellent plateau en plein air pour son film drame-romance “Le patient anglais”, qui a raflé neuf oscars.Plus récemment encore, le réalisateur italien Roberto Benigni revient dans les oasis de Gafsa, Tozeur et Nefta pour le tournage de son film “Le tigre et la neige” (2005), tandis que Jacques Malaterre y réalise son documentaire-fiction “Le sacre de l’homme”, tourné principalement avec des comédiens tunisiens, et ce, dans plusieurs villages notamment Zraoua à Matmata.
Filmer en Tunisie: atouts en matière de tourisme et d’emploi
Ces sites forment désormais un itinéraire important dans les circuits touristiques tunisiens tel le parcours de “Ong el Jemel”, dans la région de Tozeur qui a connu des travaux d’aménagement en 2009 dans l’ambition de préserver les spécificités de ce site où est installé le décor de “La guerre des étoiles”.
Outre l’impact médiatique de ces films sur la Tunisie en tant que destination touristique, chaque tournage est en soi une opportunité pour l’emploi local.En terme de statistiques, 450 autorisations de tournage ont été délivrées en 2009 (dernières statistiques) dont 25 à des films étrangers, avec l’ambition d’accroître ce chiffre, surtout après la création du guichet unique chargé de simplifier les formalités nécessaires aux tournages de films.
Cela dit, selon une jeune diplômée Yosr, une passionnée de patrimoine et du cinéma, cette action bien qu’elle est à saluer reste tributaire de la volonté politique de laisser les acteurs engagés et la société civile bouger et avancer en matière de valorisation du patrimoine tunisien à multi-facettes dans le sens où il reste beaucoup à faire en matière de tourisme culturel. Il faudrait, selon elle, que les cinéastes tunisiens réfléchissent avec intelligence à présenter des œuvres cinématographiques où le patrimoine culturel, naturel, historique voir même culinaire soit rapproché indirectement auprès du large public. Elle a tenu dans ce sens à évoquer l’exemple des séries turques à succès qui ont servi l’image touristique de leur pays et des créateurs de contenus dans ce sens évoquant l’exemple de l’expérience du jeune tunisien l’influenceur sur les réseaux sociaux Samy Chaffai.