Une vision prospective du gouvernorat de Gafsa à l’horizon 2050, visant le développement de la région, a été présentée mardi à Tunis, par l’Institut de la gouvernance des ressources naturelles.
Cette vision pilotée par un réseau de la société civile composé de 35 associations ainsi que par des experts, identifie des solutions environnementale, économique, sociale et culturelle, pour faire face aux différents problèmes de développement dans toutes les délégations du gouvernorat de Gafsa, a indiqué le directeur du bureau de l’Institut de la gouvernance des ressources naturelles, Wissem Hani.
Elle vise la lutte contre la pollution, la valorisation de l’eau, l’amélioration de la qualité de l’air notamment dans le bassin minier, la rupture avec un modèle de développement basé sur le phosphate, principal secteur d’activité dans la région, en s’orientant vers la diversification de l’économie pour créer de la richesse. Il s’agit également, de développer l’infrastructure, de moderniser les routes et les chemins de fer, de répondre aux revendications des citoyens dans les domaines de la santé, de l’éducation et du transport, ainsi que de valoriser le patrimoine urbain et culturel dans la région.
Etalée sur trois échéances (2025-2030-et 2050), cette initiative traduit les revendications des chômeurs qui demandent des actions de développement dans la région et des postes de travail à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG).
L’objectif étant de mettre fin au blocage de la production dû à ces protestations, d’autant plus que cette situation a nui à la capacité financière de la CPG et à l’exportation du phosphate, qui était l’une des sources pourvoyeuses de devises pour la Tunisie. ” La société civile, proche de tous les intervenants dans le secteur de phosphate, jouera le rôle d’intermédiaire entre les protestataires et les autorités régionales et centrales “, a précisé Hani.
Pour sa part, Noureddine Nasr, expert international en développement a fait savoir que cette vision sera présentée au gouvernement, en tant que plan régional triennal (2022-2025) et quinquennal (2025-2030) du gouvernorat de Gafsa.
De son coté, Khaled Kaddour, ingénieur consultant en stratégie et ex-ministre de l’Energie et des mines, a indiqué que le retour à la normale de la production de phosphate est tributaire d’une vision globale du développement dans la région, faisant remarquer qu’actuellement, une amélioration de la production du phosphate est enregistrée à d’environ 4 millions de tonnes actuellement, contre plus de 8 millions de tonnes en 2010.
Pour lui, le développement de la région doit être axé sur le développement du système éducatif et de la formation professionnelle et universitaire, d’autant plus que la région de Gafsa enregistre un faible taux de réussite au Baccalauréat (19%) par rapport au taux national.
Kaddour a mis encore, l’accent sur l’obligation d’améliorer les services de la santé dans la région, en fournissant des services de santé de qualité et en créant un hôpital de spécialités pour les maladies spécifiques de la région, qui sont dues à la pollution de l’air et de l’eau générée par l’activité de la CPG.
Il s’agit aussi, d’inciter les jeunes à réaliser des investissements, en les faisant bénéficier par exemple, d’une prise en charge de la masse salariale durant 5 ans.
Dans la région de Gafsa, le secteur minier est considéré comme le secteur le plus attractif pour la main d’œuvre, au détriment des autres activités économiques mais l’activité de l’extraction engendre des impacts sanitaires, sociaux et environnementaux pour les habitants de Gafsa, d’où l’importance de diversifier les activités économiques dans ce gouvernorat.