Avec le Fonds, l’on amorce une négociation à double fond. Il y a d’abord à convaincre, en premier front le FMI et en deuxième, séduire les marchés !
Vendredi 25, courant, le pays a repris contact avec le FMI. Il s’agit, en toute vraisemblance de la revue de la dernière chance.
Un contexte sous tension
La partie est serrée pour la Tunisie. Le contexte a été dument miné. Fitche nous a gratifié ‘’d’un CCC, grade avec risque de défaut’’. Et Morgan Stanley, agite le torchon rouge, avec comme perspective, la restructuration de la dette. Le tout se joue dans un mouchoir de poche. Peut être, par nécessité, l’on négocie en ordre dispersé. Le gouvernement de même que les partenaires sociaux, se sont présentés, chacun de son côté.
Si tant est que le pays puisse aborder la dernière ligne droite, la raison recommande d’y aller en rang serré. Et avec une offre, concertée. N’oublions pas qu’il s’agit d’une négociation à rebond car elle se déroule sous l’œil attentif et intéressé des marchés, lesquels nous attendent au tournant. Comment sauver les meubles, au bout de cette redoutable course d’obstacles ?
Un front uni
Le gouvernement Bouden, est dans une posture indélicate. Il est arrivé dans l’urgence d’une LF complémentaire. Il a du embrayer, tout de suite après avec le budget de 2022.
Des urgences impondérables, tel la guerre contre la spéculation, n’en finissent pas de l’éprouver depuis le début de l’année. Il marche sur des œufs car on ne le voit pas, face au stress social ambiant posséder, un ascendant réel. Par conséquent, il ne semble pas en posture confortable pour maturer un forecast économique et social qui puisse taper dans l’œil du FMI et à la fois des marchés.
Nécessité fait loi, le gouvernement doit regarder sur les ailes et associer, tous les Think Tanks lesquels ont apporté depuis un certain temps, des contributions pertinentes. Certains proviennent du privé comme l’IACE, ou de l’associatif tel l’Aisec, ainsi que le Cercle Keireddine, mais également du public tel le Conseil d’Analyses Economiques, momentanément gelé depuis le départ de son président. C’est un Policy Mix, hybride mais cohérent qu’il faudra synthétiser.
Des choix forts
Se confiner dans le seul toilettage budgétaire avec des recettes de rogueur nous maintiendra sur la même trajectoire du sous emploi et de déficit de ressources et ne fera que décaler l’échéance. Oser la dynamique de rupture et faire des choix forts donnera du champ à l’économie. La reconfiguration du budget avec des propositions frugales c’est-à-dire l’abandon des subventions ne renflouera pas l’ensemble.
Forcer les choix jusque-là inhibants pourrait redonner du souffle et des ressources à l’économie. Il faut tenter une formule acceptable de la flexibilité du travail ainsi que du dialogue social. Il faut en finir une fois pour toutes avec le stress social.
Aller vers une amnistie de change franche et nette ne manquerait pas de regarnir les caisses de l’Etat et donner du volume aux réserves de change. Et puis dans le secteur public, accepter de regarder les choses en face. Les syndicats y ont le pouvoir et exigent de le perfuser avec les deniers publics. Rompre avec ce diktat sans privatiser est la solution. Etant donné que le syndicats y détiennent le pouvoir qu’est ce qui empêcherait, une solution audacieuse pour leur donner le commandement.
Un LBO ouvrier peut trancher la situation et participer à dégraisser le surpoids de ce secteur pris en ciseaux par une faible productivité et un déficit d’exploitation. Et adieu les subventions. Par ailleurs, prenons soin de ne pas casser le système productif. Dans la perspective de TICAD 8 nos partenaires japonais considèrent que nous avons des positions viables dans des secteurs sensibles, tel les IT ou l’industrie pharmaceutique pour ne citer que ces deux secteurs sur les sept identifiés.
Et que nous avons encore du potentiel pour gravir plus haut dans les chaines de valeur internationales. Se suffire de la discipline budgétaire est une option de gouvernance qui rendrait la dette, plus soutenable. Faire prospérer le système productif est une option qui galvaniserait la solvabilité du pays et c’est ce que regardent, en priorité, les marchés. N’oublions pas que le FMI est un partenaire de circonstance, alors que le marché est un marqueur de réussite économique.