L’accord de Tunis portant création de l’Alliance des patronats francophones a été signé, mardi 29 mars 2022 par 23 patronats francophones, dont les représentants ont fait le déplacement en Tunisie, pour assister à la cérémonie organisée au siège de l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat).
Regroupant au total 31 patronats, cette Alliance traduit la volonté de bâtir une francophonie économique concrète autour des entreprises. Elle sera dotée d’un secrétariat permanent et aura pour mission d’accélérer les flux d’affaires entre entreprises francophones, de coordonner l’action francophone des organisations professionnelles les plus représentatives de chacun des pays membres, d’établir des diagnostics partagés et d’être une force de proposition, indique le texte de l’accord.
Présidant la cérémonie de signature qui s’est tenue en présence entre autres du président de l’UTICA, Samir Majoul, et celui du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a souligné ” la pertinence de la démarche visant à donner corps à une francophonie économique plus agissante, dont les contours ont été esquissés lors de la dernière rencontre des entrepreneurs francophones à Paris en août 2021 “.
Elle estime que ” ce nouveau cadre de partenariat économique est d’autant plus nécessaire que notre aire francophone au nord comme au sud fait face à des défis de taille qui nécessitent davantage de convergence et de solidarité sur fond de crise sanitaire et de conflit en Ukraine et de leurs ramifications socio-économiques “.
Pour Bouden, ” face à cette conjoncture inédite, l’Alliance des patronats francophones revêt une importance toute particulière puisqu’elle offre une plateforme idoine pour forger ensemble des approches innovantes et ambitieuses en vue de densifier nos échanges économiques et exploiter tout le potentiel économique, dont recèle notre espace francophone. Nous disposons de nombreux atouts favorisant la consécration d’un véritable espace de développement et de croissance “.
Et la cheffe du gouvernement de poursuivre: ” Outre le socle culturel et linguistique commun, notre espace représente un marché de plus de 500 millions de personnes et participe à hauteur de 16% du PIB mondial avec une moyenne de croissance annuelle de 7%. Il nous appartient donc plus que jamais de saisir ces opportunités et de mutualiser nos moyens en vue d’insuffler une dynamique économique à la francophonie “, a-t-elle dit.
Bouden a aussi déclaré que “la Tunisie entend contribuer activement à consolider la dimension économique du projet francophone dans le dessein d’en faire un levier de croissance potentielle inclusive et de co-développement”.
Toujours selon elle ” le rôle du secteur privé serait dans cette optique crucial et ce en harmonie avec l’action des autres parties prenantes en l’occurrence les autorités publiques, les collectivités territoriales et les organisations non-gouvernementales “.
” Dans cette perspective l’alliance des patronats francophones constitue un véritable fer de lance à même de soutenir la dynamique de croissance dans notre espace commun et accélérer sa résilience économique. Pour ce faire, nous gagnerons à focaliser davantage notre action économique sur des secteurs innovants et à forte valeur ajoutée tels que l’économie verte, l’économie bleue, les énergies renouvelables, le numérique, les infrastructures résilientes, la recherche-développement-innovation, la santé, l’agriculture durable et l’agroalimentaire. Dans ces domaines notre zone francophone regorge d’atouts considérables, non seulement en termes de ressources naturelles mais également, et surtout en capital humain, en particulier les jeunes qui représenteront d’ici 2060 les trois quarts de la population francophone “, a-t-elle noté.
La cheffe du gouvernement estime également nécessaire de dégager un schéma plus intégré de coopération opérationnelle entre les opérateurs privés pour explorer ensemble de meilleures débouchées sur le plan commercial et soutenir la relocalisation vers des chaines d’approvisionnement et de valeurs francophones, plus stables et plus résilientes. Aussi un partenariat gagnant-gagnant à moyen et long termes entre le secteur privé et le secteur public permettra à nos économies de prospérer de façon pérenne et inclusive.
Bouden pense que ” la mise en réseau des patronats francophones devrait permettre de créer un nouvel élan entrepreneurial notamment, chez les jeunes et les femmes et de mutualiser les avantages comparatifs, dans l’objectif de créer un pole économique francophone et c’est dans cet esprit que la Tunisie a participé à la conception et la rédaction de la stratégie pour la francophonie économique 2021-2025, adopté en 2020 ainsi que de la stratégie sur le numérique pour la période 2022-2026 “.
La Tunisie qui abritera la 18ème édition du Sommet de la francophonie en novembre 2022 placera l’économie au cœur de l’agenda de la francophonie, à la faveur du forum économique francophone qui se tiendra les 20 et 21 novembre prochain.
De plus le thème choisi pour ce sommet, à savoir ” La connectivité dans la diversité : le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ” est révélateur de l’importance de la dimension économique dans la nouvelle orientation de la francophonie, soutient encore Bouden.
En conclusion, elle indique que ” la signature, aujourd’hui, de l’accord instituant l’Alliance des patronats francophones est un jalon supplémentaire sur la voie du rapprochement économique des pays francophones. Cette plateforme constituera non seulement une force de proposition, mais agira en tant que levier de coopération et de développement entre les opérateurs privés francophones pour la réalisation d’un espace francophone économiquement intégré “.