L’Association plateforme tunisienne des alternatives a appelé les autorités à permettre aux agriculteurs et agricultrices d’accéder aux terres domaniales, en leur accordant la priorité et l’appui nécessaire pour qu’ils puissent assurer la production des denrées alimentaires nécessaires aux besoins du marché local.
” Aujourd’hui, nous comptons près de 500 mille hectares de terres agricoles, dont la plupart souffre d’une situation détériorée et marginalisée. De plus, ces terres qui ne sont pas productives, sont éparpillées, polluées et non restructurées “, a indiqué, Leila Riahi, représentante de l’Association plateforme tunisienne des alternatives, lors d’une conférence de presse organisée; mercredi à Tunis.
La propriété de ces terres devrait revenir aux paysans et paysannes, d’autant plus que plusieurs d’entre eux se trouvent aujourd’hui menacés par des décisions d’évacuation après des années passés dans la réhabilitation de ces terres.
Riahi a appelé, également, à accorder ces terres aux agriculteurs qui ne disposent pas de terrains pour exercer leurs activités agricoles, au lieu de les accorder aux sociétés de mise en valeur de développement (SMVDA), ou à des investisseurs privés.
Pour ce faire, il faut avoir une volonté politique, a-elle dit, soulignant le rôle que vont jouer ces agriculteurs dans la réalisation de l’autosuffisance du pays, notamment dans cette conjoncture de crise à laquelle fait face le pays obligé à importer les denrées alimentaires.
Pour sa part, Wassim Abidi, membre de l’Association plateforme tunisienne des alternatives a souligné l’échec de l’expérience de gestion des terres domaniales par les investisseurs privés (SMVDA et les lotissements techniques) qui détiennent le 1/3 de ces terres, appelant à permettre aux petits exploitants des zones rurales à y accéder, à travers une exploitation collective et solidaires, dans l’objectif de satisfaire les besoins des Tunisiens en denrées alimentaires, tout en assurant le développement de ces zones rurales.
Pour sauver l’agriculture en Tunisie, Riahi a mis l’accent sur l’importance d’orienter la production agricole vers la satisfaction des besoins alimentaires locaux, de préserver l’unité de ces terres et de ne pas l’éparpiller, de s’orienter vers l’agriculture durable, d’utiliser les plantes locales, de mettre un terme à l’emploi précaire dans les terres domaniales, et d’assurer l’équité entre les agriculteurs et les agricultrices.
A cet égard, Riahi a rappelé que 83% de la main d’œuvre agricole sont des femmes alors que 95% des exploitations agricoles sont détenues par des hommes.