L’élargissement des prérogatives économiques du gouvernement Bouden et le retour à un ordre constitutionnel négocié à l’issue d’un dialogue national. “En réponse, les partenaires étrangers devraient offrir des perspectives économiques stimulantes pour la Tunisie”, telles sont les recommandations de l’organisation International Crisis Group (ICG) pour dépasser la crise dans le pays.
Dans un rapport intitulé ” La Tunisie de Saïed : privilégier le dialogue et redresser l’économie “, publié mercredi 6 avril 2022, l’ONG estime que la présidence de la République tunisienne est appelée à organiser un dialogue national avec les organisations politiques, syndicales et associatives qui ” faciliterait la ratification d’un plan de réformes économiques réalistes que ces dernières s’engageraient à faire respecter “, afin de répondre aux exigences du Fonds monétaire international (FMI).
Le chef de l’Etat est également appelé à adopter une approche ” plus inclusive et participative ” en consultant physiquement les acteurs de terrain afin ” d’éviter de perdre le contact avec les réalités locales “. pense l’organisation.
ICG recommande également de ” laisser le gouvernement Bouden négocier avec le FMI en tant que responsable de la politique économique de l’Etat et non en tant que supplétif du chef de l’Etat “.
Pour ce faire, il est indispensable, selon l’organisation, d’alléger les mesures d’exception du décret du 22 septembre 2021, en permettant à la cheffe du gouvernement de nommer les ministres, sur proposition du président de la République, et de définir et diriger les affaires économiques.
Appel à une conférence du G7 sur la Tunisie
S’agissant des partenaires internationaux privilégiés de la Tunisie, à savoir l’Union européenne et les Etats-Unis, International Crisis Group les appelle à encourager Saïed à mettre fin à l’état d’exception grâce à de nouvelles incitations économiques, au lieu d’exercer des pressions économiques indirectes. Ces pressions, souligne l’ONG, risqueraient ” de faire basculer des pans entiers de la population dans la pauvreté et l’extrême pauvreté, et d’alimenter les violences sociales et politiques à court ou moyen terme “.
A cet égard, elle recommande notamment aux partenaires internationaux de la Tunisie “d’organiser une conférence internationale sur la Tunisie réunissant les pays du G7 afin de discuter de la conversion des dettes bilatérales en projets de développement, et de faciliter la conclusion d’un nouvel accord quadriennal avec le FMI prévoyant un important volet social”.
Ces incitations économiques, souligne l’organisation, ne doivent être concrétisées que ” si le chef de l’Etat révise sa feuille de route politique et y inclut le retour à un ordre constitutionnel négocié avec les principaux acteurs politiques, syndicaux et associatifs à l’issue d’un dialogue national “.
Créée en 1995, International Crisis Group se présente comme étant “une organisation indépendante” ayant pour mission de prévenir et d’aider à résoudre les conflits armés. Parmi ses fondateurs figurent Morton Abramowitz, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Turquie et en Thaïlande, Mark Malloch-Brown, ancien chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et ministre britannique, ainsi que le sénateur américain George Mitchell.
L’International Crisis Group est financée par l’Union européenne et par divers gouvernements (France, Canada, Suisse, Suède, Qatar, Emirats arabes Unis…). Elle reçoit également des financements de fondations caritatives, d’entreprises et de donateurs individuels.