L’avenir est dans la rupture par l’innovation, conviennent les jeunes entrepreneurs et leurs partenaires. Pas de doute, c’est un pari sur la compétence et le mérite.
Jeudi 14 courant, le “Phare de l’entrepreneuriat“ a tenu sa sixième édition au siège de l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat). Les jeunes pousses, tous diplômés de l’enseignement supérieur, misent sans hésiter sur l’initiative individuelle et le réseautage en communauté. En cela ils sont soutenus et appuyés par leurs nombreux parrains qui étaient nombreux à répondre à l’appel. Pas de doute ça fait tilt.
Une tribune pour les fanas de l’initiative individuelle
Le concept de Phare de l’entrepreneuriat fait école. Ses adeptes, nombreux, sont par choix et autant par conviction dans l’effervescence. A sa sixième édition, cet événement annuel, promu par “ACCEDE INTERNATIONALE“, émanation du réseau français “ACCEDE Provence Entrepreneurs“, a été rejoint par l’association Marketing Méditerranée de l’IHEC Carthage. A deux, on fait mieux, c’est bien connu.
L’édition 2022 a été émaillée par deux panels. Le premier portait sur le thème de l’innovation et les technologies. Et le second portait sur la diversité avec pour thème “L’entrepreneuriat féminin“. Les deux problématiques sont de grande actualité.
La manifestation a également abrité un espace de pitching pour les projets nominés. Parmi les 200 projets présentés et qui proviennent de tous les coins de la République, neuf ont été sélectionnés et leurs promoteurs ont fait un pitch de compétition.
Autant dire que cet événement baignait, par son esprit, dans l’air du temps. L’ambiance était valorisée par un espace de networking où de nombreux opérateurs de cet écosystème, dont les incubateurs et les accélérateurs, étaient présents par des stands à leurs enseignes.
On comprend leur motivation : cet événement est une pépinière de diplômés qui ont rompu la glace et se sont frottés à la réalité du terrain. Ils ont pris le pari de se prendre en mains et de concevoir une passerelle de connexion avec le marché, se frottant à la réalité économique. Et ce n’est pas une réalité virtuelle, car elle est bien assimilée par ces “samouraïs“ de l’initiative individuelle et du travail en groupe. Leur engagement donne du sens à leur parcours universitaire.
Le pari sur l’innovation
ACCEDE INTERNATIONALE possède une expérience internationale pour les thématiques de cette année. ACCEDE s’active sur quatre pays, à savoir la France, le Sénégal, le Maroc et la Tunisie. Et le débat s’est vite engagé sur une piste fructueuse. Il y a un consensus général sur l’option d’innovation. Et le débat, riche et varié, fixait bien le cap. L’innovation n’est pas exclusivement liée à l’invention. Elle englobe le reengineering des process ou des produits sur les filières autres que la Tech’. Des marques comme ZARA ou Amazon en sont des exemples édifiants. Et les idées exprimées montraient bien que dans le domaine de l’énergie, du conditionnement ou de l’enseignement, l’innovation révolutionnait les termes du business.
A cette journée phare, on retient quelques exemples phares. Un entrepreneur indien avait estimé que les produits alimentaires gaspillés en Inde faute d’emballage adéquat pouvaient nourrir un pays comme la Grande-Bretagne.
Par ailleurs, les emballages sont regardés par-delà les seuls éléments de recyclabilité, compostabilité ou de biodégradabilité. L’innovation réinvente l’économie. Et cette dynamique de rupture n’est pas hors de portée. Elle nécessite toutefois de l’audace et de l’ouverture. L’énergie propre et notamment l’électricité solaire nous ouvre des possibilités illimitées.
Réactiver l’essaimage
Au Phare de l’entrepreneuriat, l’on sort avec des idées plein la tête. Jusque-là, le pays a souffert du Brain Drain. Cependant, la fuite des cerveaux a été rémunératrice pour le pays car les transferts des jeunes Expat’ ont conforté nos réserves de change. Toutefois, ce schéma peut être inversé. Des événements de l’importance de Phare de l’entrepreneuriat assurent une promotion de la qualité du site tunisien et du haut niveau des jeunes compétences tunisiennes. Et cela peut faire affluer des enseignes internationales en Tunisie.
Les projets portés par ces jeunes espoirs de l’innovation indiquent une piste pour savoir comment réformer l’université et l’enseignement supérieur dans notre pays.
L’aventure de l’innovation est un marqueur d’efficacité de l’enseignement universitaire si déboussolé ces dernières années.
Par ailleurs, le levier de l’essaimage peut être réactivé dans cette perspective. On a rappelé que la STEG, à titre d’exemple, gros utilisateur de logiciels technologiques, pouvait servir, via l’essaimage de booster pour les pépinières d’innovateurs. De tels partenariats, s’ils étaient accélérés, disposeraient d’un cadre de financement dédié, à savoir le cadre réglementaire du PPP.
D’ailleurs, lors du Conseil des ministres de jeudi 14 avril 2022, un projet de décret présidentiel a été adopté, lequel fixe l’organisation et les attributions de l’Instance générale de partenariat public/privé.
A l’heure où l’on voit l’économie capituler, le Phare de l’entrepreneuriat vient rappeler que l’espoir est permis. Imaginons que le plan 2023-2025 réactive le financement public de l’activité de recherche et développement (R&D), des initiatives structurantes pourraient être tentées avec une meilleure approche. Et une nouvelle vision.
Ali Abdessalam