Au cours d’une conférence de presse tenue conjointement, dimanche 17 avril 2022, par le ministre du Transport, Rabii Majidi, et celle de l’Environnement, Leila Chikhaoui, cette dernière a fait une révélation capitale : le commandement du pétrolier Xelo qui a coulé le 16 courant dans le golfe de Gabès n’a pas pu fournir un document essentiel sur la traçabilité de la cargaison, à savoir quelque 750 tonnes de gazole.

Abou SARRA

Pour rappel, le pétrolier Xelo, en service depuis 45 ans et qui est officiellement parti du port Damiette en Égypte pour rejoindre Malte, a coulé, dans la matinée de samedi 16 avril, dans le golfe de Gabès. Les autorités tunisiennes estiment pouvoir éviter une pollution majeure.

Pour revenir au document manquant, dénommé “Bill Of Lading“ en anglais (ou Connaissement maritime en français), il s’agit d’un document de transport maritime considéré comme la preuve du contrat passé entre le chargeur et le transporteur. C’est une pièce de justification ; elle représente la marchandise. En d’autres termes, le connaissement est le titre qui est remis par le transporteur maritime au chargeur (ou son représentant) en reconnaissance des marchandises que son navire va transporter.

Sur ce document sont consignés la nature, le poids et les marques des marchandises embarquées. Cette pièce est signée par le capitaine après réception des marchandises, avec l’engagement de les remettre dans l’état où il les a reçues, au lieu de destination, sauf périls et accidents en mer. Le connaissement doit être établi en plusieurs exemplaires. Le document original peut être un titre de propriété de la marchandise et être négociable. Des exemplaires sont destinés au capitaine du navire, à l’armateur et au vendeur.

Le naufrage du pétrolier Xelo rappelle celui du Sea Bird

Par-delà la révélation de la ministre de l’Environnement, la perte de ce document capital, si elle est avérée, rappelle les circonstances dans lesquelles un autre navire-poubelle affrété par un importateur tunisien avait coulé au large de la Grèce.

Il s’agit du naufrage, le 28 août 2021 en mer d’Egée (Grèce), du cargo vraquier céréalier « Sea Bird » qui transportait 7 000 tonnes de blé ukrainien à destination du port de Sousse en Tunisie.

D’une capacité totale de 7 600 tonnes, le cargo battant pavillon togolais et enregistré au Liberia aurait heurté un rocher près de l’îlot Krafia en mer d’Egée.

Cet accident aurait pu être classé comme un accident maritime ordinaire n’eussent été les informations qui avaient circulé sur les circonstances dans lesquelles ce vraquier a coulé. D’après ces informations fournies par le site Navy Lovers, l’équipage aurait effacé la vidéo retraçant le naufrage, insinuant que le naufrage du cargo n’aurait été possible que par négligences humaines par l’effet de mauvaises conditions climatiques comme c’est le cas du pétrolier Xelo.

Propriété d’une société libanaise, le Sea Bird, âgé de 36 ans contre une norme internationale de 27 ans à 32 ans, est un « cargo poubelle ». Il a été revendu à plusieurs reprises.

D’après le site « Maritime executive » spécialisé dans la navigation maritime, le cargo a fait l’objet, depuis 2015, de 30 contrôles par les services portuaires, soit un contrôle tous les deux mois. Pis, à chaque contrôle des défaillances ont été identifiées.

Dans les deux cas du pétrolier Xelo et du Sea Bird, les équipages des deux navires auraient tout fait pour effacer les preuves déterminant avec exactitude les causes du naufrage.

Dans les eux cas, des parties tunisiennes ont eu affaire à des équipages et des armateurs (conclusion de contrats et autres….). Dans ce genre de situation, la responsabilité du ministère du Transport est totalement engagée. L’enquête décidée pour délimiter les responsabilités dans le cas du naufrage dans le Golfe de Gabès nous éclairera peut-être davantage. Espérons…