Après près de deux ans de Covid-19, la vie culturelle et artistique reprend petit à petit en apportant un air nouveau. Et en ce mois de Ramadan 2022, une marée humaine composée de festivaliers a pris d’assaut, dès la première soirée de ce mois, les lieux de spectacles à ciel ouvert et espaces fermés.
La programmation assez éclectique a laissé le public devant l’embarras du choix. Dans la soirée du dimanche 17 avril 2022, c’est le choix d'”El Hadhra” de Fadhel Jaziri qui a pris les devants.
Au cœur de la Cité (cité de la culture) qui s’est transformée en l’espace de deux heures en une véritable scène de transe, un public cosmopolite en pleine exaltation a envahi la salle du Théâtre de l’Opéra. Un spectacle qui, encore une fois, ne cesse d’attirer toutes tranches d’âge, toutes nationalités. Fadhel Jaziri, comme à l’accoutumée discret, ne cessait de balayer son regard sur une salle comble en restant en même temps branché sur l’équipe technique.
Avec des tableaux chorégraphiques différents, en couleurs et en rythmes, ” El Hadhra ” se renouvelle et emporte la salle bon chic bon genre vers d’autres cieux : soufisme, spiritualité, mélancolie, méditation, Transe…Avec un répertoire adulé par le public, Fadhel Jaziri et son ensemble artistique ont, par le chant soufi émanant de voix féminines et masculines, la danse aux influences tribales, les solos particuliers de saxo, guitare rock, violon, la chorégraphie et le visuel bien arrangé, étanché la soif d’un public en quête du beau et de l’évasion mystique.
Ce fut un voyage liturgique embaumé d’une intense fragrance de culte : ” Sacrilèges ” et ” Sacrements ” qui ont été permis grâce au bouquet servi au grand bonheur des mélomanes, qui par leurs ovations, ont accompagné tous les protagonistes d’El Hadhra, dans ses différentes chansons, des œuvres qui n’ont pas pris de rides car elles continuent de fasciner et d’impressionner dans une fusion à la perfection : ” Cheikh Mehrez “, ” Fares Baghdad “, ” Raies Labhar ” et bien d’autres puisant dans l’héritage musical des confréries et des Tariqa.
El Hadhra est à la fois un spectacle ancien et nouveau. Ancien parce que la première mise en scène date depuis 1991 et nouveau parce qu’à chaque fois l’acte artistique est réinventé par une autre touche laissant à chaque fois une nouvelle empreinte indélébile auprès d’un public connaisseur et assoiffé.