Le futur proche de la Tunisie dépendra certainement des résultats de la visite de la délégation tunisienne à Washington, composée de Samir Saied, ministre de l’Economie et de la Planification, et Marouane Abassi, gouverneur de la BCT. Sihem Boughdiri, ministre des Finances, quant à elle, assistera au déroulé des réunions par visioconférence.
Pour ceux qui connaissent bien Washington et ses mœurs politiques, plus qu’économiques, la visite sera hautement politique. Outre le fait de rassurer les partenaires internationaux de la Tunisie siégeant au FMI et à la BM sur son ferme engament à procéder aux réformes économiques nécessaires au rétablissement des équilibres financiers du pays, il s’agit aussi de faire un plaidoyer convaincant sur la situation politique du pays et l’absence de menaces pesant sur les droits, les libertés et la démocratie.
Rappelons à ce propos les campagnes féroces orchestrées par les islamistes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en Allemagne et en France à l’encontre des décisions du président de la République, Kaïs Saïed, depuis le 25 juillet. La gestion des affaires de l’Etat par des mesures exceptionnelles inquiéterait les partenaires historiques de la Tunisie, et la délégation aura éventuellement à expliquer les raisons derrière les décisions présidentielles.
Car dans la réalité, qu’il s’agisse de la dissolution du CSM (Conseil supérieur de la magistrature), des libertés ou de l’intervention de la justice militaire dans certaines affaires, on ne relève pas de menaces majeures sur les droits des activistes politiques, des médias ou des ONG qui exercent librement sans que l’on intervienne dans leurs activités. Les acteurs patriotes de la société civile veillent au grain et disent être prêts à réagir s’ils ressentent le moindre risque sur les libertés fondamentales.
Reste le programme de réformes économiques qui devrait convaincre le conseil d’administration du FMI. «Ce n’est pas évident, ce programme n’est pas finalisé », nous indique un haut fonctionnaire.
En tout état de cause, plus que démocratie et libertés, ce que cherchent les partenaires occidentaux en Tunisie est la garantie de la sauvegarde de leurs intérêts que les partis islamistes et leurs alliés n’arrêtent pas de leur promettre.
La diplomatie tunisienne, qui aurait dû être le fer de lance, est malheureusement défaillante à plus d’un titre à ce niveau. L’ambassade de Tunisie à Washington pèche par un relationnel assez limité au niveau des centres décisionnels américains et ne serait pas très active dans le lobbying pro-intérêts nationaux.
Rappelons que Hanen Tajouri Bessassi était la numéro 3 à l’ambassade de Tunisie et avait été envoyée en 2013 par le même ministre Othman Jerandi alors nommé aux affaires étrangères par Ali Larayedh en remplacement de Rafik Bouchleka du parti Ennahdha.
Amel Belhadj Ali