L’exposition tuniso-sénégalaise “Yàgg na” labellisée événement ” Off de la Diaspora ” à Dak’Art2022 (Mouna Jemal Siala)
Autour du thème “I’ Ndaffa#” (Forger) qui sonne comme une exhortation à créer un nouveau destin commun, un futur ensemble, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, le Dak’Art, événement incontournable de l’art contemporain du continent (la première biennale en 1990), approche pour se tenir dans sa 14ème édition du 19 mai au 21 juin 2022 à Dakar (Sénégal).
Aussi, “étant loin géographiquement, avons-nous pensé organiser une exposition pluridisciplinaire tuniso-sénégalaise à Tunis au même moment que se tient la Biennale de Dakar, c’est à dire à partir du 19 mai prochain”, a fait savoir l’artiste plasticienne et visuelle protéiforme Mouna Jemal Siala, qui porte le projet de l’exposition qui se tiendra à Tunis du 19 mai au 19 juin 2022.
” Yàgg na “, en wolof (langue nigéro-congolaise, la plus parlée au Sénégal), et ” Min Qdim ezzmen “, en dialecte tunisien (depuis longtemps), est le titre choisi pour cette exposition qui veut montrer, à travers différentes expressions artistiques, que, depuis longtemps, les deux pays, la Tunisie et le Sénégal, ont eu des liens profonds et fraternels, depuis les Sages Senghor et Bourguiba, a-t-elle ajouté.
Les artistes des deux pays sont là pour développer et pérenniser ces liens, en puisant dans leurs histoires respectives, mais, également, en exposant leurs œuvres d’art contemporain, d’aujourd’hui. Chacun des artistes a une histoire aussi riche et aussi diverse l’une que l’autre. Le but de cette exposition est de montrer cette richesse, de mettre à jour les choses et les points en commun, et, au final, de partager ce qu’ils ont, ce qu’ils sont et ce qui les rapproche.
Cette exposition, dont la scénographie a été confiée aux soins de l’artiste tunisien Wadi Mhiri, vient ” forger ” – pour reprendre le titre du Dak’Art IN – les liens d’amitié entre les deux pays qui, sans être géographiquement proches l’un de l’autre, se ressemblent. Elle vient aussi pour créer un pont artistique africain ayant pour objectif de mettre en valeur leurs cultures. Elle réunit trois artistes tunisiens : Mouna Jemal Siala, Chahrazed Fekih et Najet Edhahbi et trois sénégalais : Diarietou Nasradine Diop, Djibril Drame et Rokhy Muto.
“Pour donner à cette activité le maximum de chance de succès, déclare Mouna Jemal Siala, nous avons proposé qu’elle se tienne dans la nouvelle Galerie TERANGA Sénégal, au rez-de-chaussée de la nouvelle chancellerie sise au quartier du Lac à Tunis”, et ce après avoir pris contact il y a deux ans avec l’ambassade qui a fait preuve de son enthousiasme pour collaborer dans ce projet, qui a été mis à cette époque à l’arrêt à cause de la pandémie mondiale de Covid-19.
Maintenant que la Biennale de Dakar reprend cette année pour se tenir avec la participation de 59 artistes et collectifs d’artistes sélectionnés pour l’exposition officielle internationale, ” nous avons pensé à reprendre ce beau projet “, qui vient d’être labellisé un événement OFF de la Biennale de Dakar.
Le ” Off ” de la Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar trouve ses origines dans les racines même de la manifestation, depuis les différentes éditions des années 1990 jusqu’à celle de l’an 2000. Et ce n’est qu’en 2002, pour sa cinquième édition, qu’un vrai discours sur le OFF s’organise avec la création par le Secrétariat Général d’une Commission technique dédiée aux manifestations d’environnement communément ” OFF “.
L’idée était toute simple : donner un suivi aux initiatives privées spontanées qui commençaient à s’organiser dans des différents lieux, à travers la création de plans et d’une signalétique pour aider le public à visiter ces expositions d’arts visuels.
L’intérêt pour le OFF a connu une vitesse de croisière avec une nette augmentation des manifestations au fil des ans. Le nombre des manifestations et des sites se s’est accru de manière exponentielle. A titre d’exemple l’édition 2018 où plus de trois cents (300) demandes d’expositions ont été enregistrées.
Des fanions du OFF ont émaillé non seulement la ville de Dakar, mais encore des villes comme Saint Louis, Mbour, Kaolack, Ziguinchor, car les événements se sont étalés jusque dans d’autres localités et terroirs du pays. Cette tendance, la Biennale voudrait la poursuivre pour cette édition de 2022, en encourageant le OFF dans les endroits les plus lointains et même en dehors du Sénégal : le ” OFF des Régions et de la Diaspora “.
Devenant un élément identitaire de la Biennale de Dakar, l’événement OFF qui vise à créer des pôles Biennale dans d’autres villes, constitue une occasion pour encourager les artistes, les centres régionaux et autres instituts culturels à organiser des expositions, en partenariat avec les autorités administratives et territoriales, afin de contribuer à l’animation dans leurs terroirs à travers des expositions labellisées ” Biennale de Dakar ” qui sera imprimée dans sa version 2022, sous le sceau d’un faisceau d’innovations et d’un hommage au grand maître malien Abdoulaye Konaté, grand prix Léopold Sédar Senghor de l’Edition 1996 de la Biennale, pour laquelle Mouna Jemal Siala voue un attachement particulier.
Pour rappel, l’artiste tunisienne avait remporté le prix du ministre de la Culture sénégalais lors de la Biennale Dak’art 2010, participé en 2016 dans le IN sélectionnée par le curator Simon Njami connu de tous et a été nommée en 2018 à la direction artistique du pavillon de la Tunisie.