Le monde a connu depuis le début de la pandémie de Covid-19 une crise socio-économique profonde sans précédent. Nombreux pays, comme la Tunisie, continuent de lutter pour surmonter les désastres, pertes humaines et la récession économique causés par la pandémie.
En effet, partout dans le monde, les pays sont en train de mettre en place des plans de sauvetage, des mesures exceptionnelles de soutien aux secteurs économiques, à augmenter les dépenses des secteurs sociaux et de réduire les impacts sur leurs économies des effets des vagues successives et des confinements subis par les populations. S’ajoutent à la crise sanitaire et économique, une instabilité politique sans précédent en Tunisie qui ne fait qu’exacerber la crise de l’époque le que traverse le pays.
Dans ce contexte, un changement de rhétorique des institutions financières internationales, à savoir le FMI et la BM, a été observé à la suite de la révolution tunisienne en 2011, mais aussi suite à la pandémie de Covid-19.
En effet, le FMI et la BM recommandaient aux pays d’emprunter massivement pendant la pandémie pour répondre à la crise sanitaire et augmenter les dépenses publiques nécessaires à atténuer les conséquences de la crise socio-économique.
Cependant, l’approche et les conditionnalités des prêts reste inchangées. Le maintien des conditionnalités et Plan d’ajustement structurel ont été confirmés lors de la conférence de presse du 19 janvier 2021 présentant les priorités du FMI en 2021, durant laquelle le FMI a clairement indiqué que le financement d’urgence ne seront plus prioritaires et que le soutien aux pays se fera au niveau politique afin de leur permettre de procéder à une transformation économique, impliquant des programmes d’ajustement économique.
Ainsi, l’histoire se répète pour la Tunisie : le FMI et la BM se coordonnent et travaillent de concert encore une fois afin de continuer la dérégulation et la libéralisation de l’économie tunisienne entreprise depuis 1986, face à des gouvernements successifs de plus en plus fragilisés et n’ayant pas de véritable vision pour le pays.
En effet, la Tunisie s’est dirigée vers le FMI à deux moments clé de son histoire avec un premier prêt qui a engendré le programme d’ajustement structurel de 1986 à 1992 et le second a engendré un programme couvrant la période de 2013 à 2020.
Ces deux périodes ont coïncidé avec des programmes financés par la BM qui ont jeté les bases d’une restructuration législative, réglementaire et économique, aboutissant à une situation économique d’austérité dont les coûts ont été portés au détriment du bien-être des tunisiens.
En effet, alors que le FMI et la BM présentaient la Tunisie comme une exception, la Tunisie subissait les mesures d’austérité imposées sous la dictature avec les conditionnalités qui ont obligé la Tunisie à libéraliser davantage son commerce, à réduire le déficit du secteur public en diminuant les subventions, à attirer les investissements étrangers, à libéraliser les prix de manière plus générale, à augmenter les taux d’intérêt, à réduire les restrictions à l’importation et à dévaluer de manière significative le dinar tunisien.
Ainsi, les prêts des IFI et leurs conditionnalités s’inscrivent dans la continuité et visent à approfondir davantage la restructuration néolibérale de l’économie tunisienne préconisant la réduction de la masse salariale, la suppression des subventions, la privatisation des entreprises publiques, accorder la priorité aux investissements du type les partenariats publics privés et la diminution du rôle de l’Etat dans son rôle de régulateur, la diminution des dépenses, ainsi que la préservation de la libéralisation du compte de capital et de la flexibilité du taux de change.
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Source: Observatoire Tunisien de l’Economie
Auteurs :
Imen Louati, PhD, Reseach Officer Community Field Coordinator, et Chafik Ben Rouine, Head of Statistics & Quantitative Research, se proposent, dans ce briefing paper, de présenter une évaluation de l’une de ces réformes entamées depuis 2016, à savoir la dévaluation du dinar tunisien.
Et cette dévaluation a eu un impact significatif sur les réserves en devises, le déficit commercial, le service de la dette, l’inflation et les entreprises publiques.