Le cinéma tunisien sera représenté à Cannes Classics 2022 par ” Viva la muerte ” (Vive la mort) du célèbre réalisateur et dramaturge espagnol Fernando Arrabal, sélectionnés parmi 10 films restaurés qui seront présentés en avant-première au Festival de Cannes.
Le 75e Festival de Cannes qui se déroulera du 17 au 28 mai, a dévoilé, lundi soir, la sélection de Cannes Classics 2022. Cette restauration a été rendue possible grâce au soutien indéfectible de Fernando Arrabal, du ministère des Affaires Culturelles tunisien, de Mohamed Challouf (Association Ciné-Sud Patrimoine) et de Samir Zgaya qui représente le ministère, a annoncé le festival.
Selon la Cinémathèque de Toulouse, “Viva la muerte a été scanné et restauré en 4K par la Cinémathèque de Toulouse à partir du négatif original image 35mm, du négatif son 35mm de la version française, et d’un élément interpositif 35mm, contenant le générique de fin qui était absent du négatif. La numérisation et la restauration de l’image ont été réalisées par le laboratoire de la Cinémathèque de Toulouse, avec la collaboration de Fernando Arrabal. Les travaux de numérisation et restauration du son ont été effectués par le studio L.E. Diapason”.
Sorti en 1971, le film ” Viva la muerte ” (1H30) est une coproduction entre la Tunisie et la France. Une copie restaurée de cette fiction sera présentée en avant-première en présence du réalisateur et du cinéaste Mohamed Challouf.
Ce long-métrage de fiction était produit par la SATPEC (Tunisie) et Isabelle Films (France) d’après un scénario de Claudine Lagrive et Fernando Arrabal. D’après Challouf, le tournage avait eu lieu majoritairement à Hergla mais aussi à Bizerte et le cimetière de Menzel Bourguiba.
Cette fiction, devenue un film culte du cinéma mondial, est une adaptation du roman semi-autobiographique “Baal Babylone” de Fernando Arrabal. Durant des années, le film avait été censuré dans plusieurs pays dont l’Espagne, la France et la Tunisie.
“Viva la muera” se passe dans une Espagne sous le régime franquiste, à travers l’histoire de Fando, un adolescent, qui découvre que c’est sa mère, pieuse catholique, qui a dénoncé son mari antifasciste. Perturbé par ces révélations, Fando va entamer son enquête pour retrouver son père. Le Tunisien Mehdi Chaouch qui avait à peine 13 ans interprétait le rôle de “Fando”.
Fernando Arrabal était venu en Tunisie en 2018, dans le cadre de l’hommage qui lui est rendu par les 13èmes Rencontres Cinématographiques de Hergla, une manifestation annuelle présidée par Mohamed Challouf.
Le réalisateur avait assisté à la projection de “Viva La Muerte”, son premier film dont le tournage avait eu lieu en Tunisie, au début des années 70. Il avait exprimé sa fierté “d’avoir pu faire un film qui a fait le tour de l’Europe où il a été très bien accueilli”, à l’exception de son pays natal.
En Espagne, il a été projeté “quelques années plus tard après la fin de la censure, mais il n’a pas plu au public espagnol”, avait encore dit le réalisateur.
Trois de ses collaborateurs tunisiens dans le film ont été présents, à savoir Hassen Daldou (producteur exécutif), Férid Boughedir (1er assistant) et Kahena Attia (assistante au montage). L’équipe tunisienne au tournage du film était composée de Hachemi Marzouk (décor) et Kassem Larbi Ben Nakaa (régisseur général) et bien d’autres.
Arrabal avait salué Hachemi Marzouk “devenu un grand sculpteur international” et avec lequel il dit avoir collaboré dans d’autres films.
” Viva la muerte” figure parmi une sélection d’œuvres cultes du cinéma mondial restaurées et présentés en avant-première. En 2019, la Tunisie a été représentée à Cannes Classics par un documentaire restauré, ” Caméra d’Afrique” de Ferid Boughedi.
Le cinéma indien sera à l’honneur à Cannes Classics, sachant que l’Inde est le pays invité d’honneur du marché du film en cette 75ème édition du Festival de Cannes qui coincide avec les 75 ans de l’indépendance de l’Inde.
Voici la liste complète de Cannes Classics 2022 :
-La Maman et la putain, Jean Eustache, 1972, 3h40, France (Film d’ouverture)
-Pratidwandi, Satyajit Ray, 1970, 1h49, Inde
Singin’ in the Rain, Gene Kelly et Stanley Donen, 1952, 1h43, Etats-Unis
Restaurations en avant-première:
Sciuscià, Vittorio de Sica, 1946, 1h33, Italie
Thamp, Aravindan Govindan, 1978, 2h09, Inde
Le Procès, Orson Welles, 1962, 2h, France/Allemagne/Italie
Si j’étais un espion, Bertrand Blier, 1967, 1h34, France
Poil de Carotte, Julien Duvivier, 1932, 1h31, France
The Last Waltz, Martin Scorsese (1978, 1h57, Etats-Unis
Itim, Mike De Leon (1976, 1h45, Philippines
Deus e o Diabo na Terra do Sol, Glauber Rocha, 1964, 2h, Brésil
Sedmikr?sky, Vera Chytilov?, 1966, 1h14, République tchèque
Viva la muerte, Fernando Arrabal, 1971, 1h30, France, Tunisie
Documentaires:
– Joanne Woodward et Paul Newman par Ethan Hawke, The Last Movie Stars, Ethan Hawke, épisodes 3 et 4, 1h47, Etats-Unis
– Romy femme libre de Lucie Cariès et Clémentine Déroudille, réalisé par Lucie Cariès, 1h31, France
– Jane Campion, la femme cinéma (Jane Campion, Cinema Woman), Julie Bertuccelli, 1h38, France
– Gérard Philipe, le dernier hiver du Cid, Patrick Jeudy, 1h06, France
– Patrick Dewaere, mon héros (Patrick Dewaere, My Hero), Alexandre Moix, 1h30, France
– Hommage d’une fille à son père, Fatou Cissé 1h11, Mali
– L’Ombre de Goya par Jean-Claude Carrière, José Luis Lopez-Linares, 1h30, France/Espagne/Portugal
– Tres en la deriva del acto creativo, Fernando Solanas, 1h36, Argentine
– Official Film of the Olympic Games Tokyo 2020 Side A, le film officiel des Jeux Olympiques, Naomi Kawase, 1h59
-Visions of Eight, Milo? Forman, Youri Ozerov, Claude Lelouch, Mai Zetterling, Michael Pfleghar, Kon Ichikawa, Arthur Penn, John Schlesinger, 1973, 1h49, Allemagne / Etats-Unis