La Tunisie a fait des effort importants en termes de transition du Protocole Internet Version (Ipv4) vers l’Ipv6, mais la réussite de cette démarche nécessite une volonté politique et un leadership qui donne un délais de déploiement aux opérateurs et aux institutions, a indiqué Bilel Jamoussi, chef du département des commissions d’études du bureau de la normalisation des télécommunications à l’Union internationale des télécommunications (UIT).
En Tunisie, ces deux actions ont été entreprises à travers l’organisation, au mois de février 2022, du workshop national sur l’IPv6 qui a permis d’engager un débat avec les trois opérateurs actifs dans le pays, outre la publication du décret gouvernemental incitant à la transition vers l’Ipv6, a-t-il expliqué au cours de la première édition du Sommet Interrégional sur la ” Transition vers le Protocole Internet Version 6 “.
Organisé par l’Organisation Arabe des Technologies de l’Information et de la Communication (AICTO), en collaboration avec l’Union Africaine des Télécommunications (UAT), ce sommet vise à sensibiliser quant à l’importance de l’utilisation de l’IPv6 en tant que plateforme pour toutes les applications électroniques et les nouveaux services électroniques innovants.
En effet, l’IPv6 est la version la plus récente du protocole Internet (IP) qui fournit un système d’identification et de localisation pour ordinateurs, Smartphones, imprimantes, récepteurs … sur les réseaux et achemine le trafic sur Internet. Il succède à l’IPv4, arrivé à saturation depuis 2011 à l’échelle internationale.
Pour Jamoussi, cette transition est désormais primordiale, d’autant plus que plusieurs pays arabes comptent actuellement un nombre important d’utilisateurs Ipv6, comme l’Arabie Saoudite (16 millions), les Emirats Arabes Unis (4 millions) et l’Egypte 2,2 millions d’usagers.
Concernant le volet infrastructure, le responsable a précisé qu’il s’agira simplement de changer les logiciels utilisés vu qu’une bonne partie de l’infrastructure hardware est adaptée et prête pour la version 6 de l’IP.
Au sujet des compétences humaines, notamment, les ingénieurs qui gèrent le réseau, il a fait savoir que ces compétences habituées à l’Ipv4 devront mettre à jour leurs capacités, ajoutant que l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) dispose des ressources, des capacités et de l’expertise nécessaires pour assister cette transformation.
Il a rappelé que la version 6 de l’IP donne beaucoup plus de sécurité aux différents utilisateurs compte tenu du manque d’adresses IPv4, une situation qui mène à avoir parfois une centaine d’utilisateurs dernière une seule adresse IPv4, outre une meilleure gestion et stabilité du réseau.
De son côté, le Secrétaire général de l’UAT, John Omo a souligné que l’Afrique aura besoin de beaucoup plus d’efforts au cours de la période de transformation numérique, mettant l’accent sur l’importance du Partenariat Public/Privé (PPP) entre les gouvernements successifs, les organisations internationales et les organisations de la société civile pour développer davantage la transition.
Le Secrétaire général de l’AICTO, Mohamed Ben Amor a, pour sa part, estimé que c’est le moment de passer au réseau IPv6 pour résoudre le problème d’épuisement des adresses IPv4 afin d’assurer la continuité et accélérer le processus de transformation numérique dans la région arabe, dans laquelle l’état de déploiement de l’IPv6 est extrêmement déséquilibré.
Il a rappelé que certains pays ont déjà entamé leur migration comme l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, Oman, la Jordanie, le Qatar et la Tunisie, ajoutant que les autres pays (gouvernements et fournisseurs d’équipements et de dispositifs réseaux…), devront redoubler d’efforts pour suivre le rythme .
A rappeler que la présidence du gouvernement a invité, récemment, les ministères, les institutions et les établissements publics à s’engager dans le programme national de transition vers la sixième version du protocole Internet (IPv6) afin d’assurer une bonne préparation pour la technologie 5G du réseau mobile.
Dans une circulaire publiée, le 19 avril 2022, la présidence du Gouvernement explique que le processus de transition est dû à la pénurie constatée dans les adresses de la quatrième version du protocole Internet, outre la nécessité d’utiliser l’Internet des objets qui gère les équipements et les systèmes d’échange des données sur un réseau.
D’après la même source, la version 6 du protocole Internet va contribuer à l’amélioration de la qualité des services administratifs fournis sur le réseau et à réduire l’utilisation conjointe des adresses de la quatrième version.