Les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, réunis à Dakar au Sénégal les 16 et 17 mai 2022, ont appelé à une réforme de l’architecture financière internationale pour permettre aux pays africains d’accéder plus facilement et à moindre coût aux ressources des institutions financières multilatérales et régionales.
Cet appel est formulé dans la déclaration ministérielle adoptée, mardi, 17 mai 2022, à Dakar (Sénégal), à l’occasion de la 54ème session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique (CoM2022) de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Les ministres africains ont demandé au Fonds monétaire international (FMI) d’utiliser le Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes pour alléger le service de la dette des pays pauvres et de renoncer aux surtaxes supplémentaires pendant deux ou trois ans afin d’atténuer l’impact de la guerre en Ukraine.
Ces surtaxes estimées à 4 milliards de dollars en 2022 et sont imposées aux pays ayant contracté d’importants emprunts.
Ils ont appelé aussi le bailleur de fonds international à accélérer l’examen des demandes de nouveaux programmes, compléter les programmes existants, utiliser pleinement ses instruments de financement d’urgence le cas échéant, relever temporairement les limites d’accès au financement d’urgence jusqu’en 2025 et émettre de nouveaux droits de tirage spéciaux.
Les ministres africains ont exprimé leur préoccupation quant à la guerre entre la Russie et l’Ukraine et aussi les chocs exogènes qui ont contribué à la flambée des prix des denrées alimentaires, du pétrole brut et des engrais dans les pays africains, d’autant plus que pas moins de 29 pays sont sur le point de connaître une grave crise alimentaire.
Pour le continent africain, ils ont noté que les dépenses annuelles requises pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) devraient augmenter de 154 milliards de dollars par an.
Pour ce faire, Il faudrait un investissement annuel variant de 130 à 170 milliards de dollars pour les projets d’infrastructure et d’une enveloppe d’environ 66 milliards de dollars en faveur de systèmes et infrastructures de santé.
En outre, plus de 3 000 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2030 pour financer les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.
La déclaration de Dakar exhorte également les Etats membres de la CEA à accroître leurs investissements dans l’éducation afin de soutenir la transformation structurelle de leurs économies, à œuvrer pour combler les déficits d’importation créés par la guerre en Ukraine sur les marchés agricoles et à mettre en place des systèmes de sécurité sociale pour soutenir les populations et leur garantir un accès adéquat aux biens essentiels et aux produits de base.
Les pays importateurs nets de denrées alimentaires sont appelés, dans ce cadre, à diversifier leurs sources d’approvisionnement, à augmenter la production intérieure, à libérer les stocks existants et à diversifier les sources d’importation.
Ils exhortent, dans la déclaration ministérielle, les membres du Groupe des Vingt (G20) à prolonger de deux années supplémentaires l’Initiative de suspension du service de la dette pour permettre une marge de manœuvre budgétaire permettant de faire face aux dépenses urgentes des pays africains.
Ils appellent aussi le G20 à modifier le cadre commun afin de rendre la restructuration de la dette efficace et l’étendre aux créanciers commerciaux.
Ils ont appelé les membres du G20 à permettre l’adhésion de l’Union africaine comme étant la voix du continent dans le dialogue G20, d’autant plus que cet espace compte 1,4 milliard de personnes et une production annuelle de 2 600 milliards de dollars. Cette adhésion permettrait de faire mieux entendre la voix de l’Afrique et de l’associer à la prise de décision au niveau mondial.
Les ministres africains ont demandé à la CEA de fournir une assistance technique et des services consultatifs aux pays africains en préparation de la vingt-septième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 27), qui se tiendra en Egypte du 7 au 18 novembre 2022.