Gagner la double bataille de la labellisation de l’amandier. Elle est autant culinaire que technique et scientifique. Et par-dessus tout économique.
C’est aujourd’hui vendredi 20 mai que commence la célébration du Festival de l’amandier. Se prolongeant jusqu’au dimanche 22 courant, elle se déroulera dans le site mythique de Borj Kallel, espace culturel de renommée qui se situe dans la périphérie de la ville de Sfax, cité phare de l’amandier.
Radhia Kammoun, PDG de la chaîne de pâtisseries “Gourmandise“, a été élue présidente de cette deuxième édition dudit festival lancé en 2018 et dont la célébration avait été reportée plusieurs fois du fait de la pandémie de Covid-19. Le voilà qui repart dans un déroulé festif, de bon goût.
Un programme haut en couleurs et en saveurs
Allier le traditionnel et le moderne est l’ambition de Radhia Kammoun pour l’édition 2022. Durant le festival, les animateurs entraîneront les visiteurs dans des ateliers dédiés à célébrer nos recettes traditionnelles de la pâte d’amande dans ses divers usages décoratifs pour les gâteaux.
Rappelons pour mémoire que les Tunisiens sont très attachés à l’amande comme ingrédient de cuisine en usage “Salé-sucré“. Le “Mlabess“ et le sirop d’orgeat seront à l’honneur.
A noter également que l’initiation des jeunes filles à la préparation de la pâte d’amande et à son usage dans les recettes les plus raffinées est une épreuve sacralisée de la culture ménagère dans nos foyers.
En parallèle à cet aspect qui nous est familier, de nombreuses autres rencontres, en compagnie d’universitaires et chercheurs initieront les visiteurs à l’intérêt de développer les filières industrielles et scientifiques liées à l’amande. Divers usages en pharmacie et en cosmétique seront explorés à l’occasion. Mais également on abordera les perspectives du traitement de ses externalités dont le recyclage de sa coque et autres déchets secondaires.
La Fleur d’amandier, dans l’histoire
L’amandier est un arbre chéri de tous. Pour être taillé de la sorte, il fleurit en boule blanche annonçant le printemps arrachant la nature aux rigueurs de l’hiver.
De mémoire, l’humanité a célébré la fleur d’oranger depuis l’Egypte antique. La fleur d’amandier a toujours été associée, et ce depuis les pharaons et a continué avec la civilisation gréco-romaine, à la fertilité et à la virginité. C’est ainsi que la couleur blanche (couleur de la fleur d’amandier) est devenue, à travers les âges, la couleur nuptiale par excellence.
Et plus proche de nous, les gâteaux à l’amande et les sirops d’orgeat sont associés aux fêtes des noces, et ce pour toutes les classes sociales de la société tunisienne, aux quatre coins du pays.
Une filière à organiser
Tout comme l’olivier ou l’oranger, l’amandier a fini par gagner ses lettres de noblesse. Radhia Kammoun, qui a donné à sa marque le slogan de “Créateur de saveur“, lui imprimera un “Buon gusto“.
Le festival est appelé à mettre l’amandier en perspective et sa culture en chiffres. Les statistiques actuellement disponibles sont peu fournies. L’on sait que l’amandier est cultivé sur une superficie de 87 000 hectares dont 30% sont concentrés autour du périmètre de la ville de Sfax. Il reste par conséquent à calculer les chiffres du négoce pour connaître les flux d’import et d’éventuel export d’amandes.
La présidente de l’édition 2022 du festival soutient que nos souches locales sont des plus savoureuses. Il semblerait, d’après l’expérience conduite par un exploitant agricole de la région, que la variété californienne, concurrente de notre célébrissime “Achek“, implantée sur notre terroir, donne une variété magnifique.
La filière de l’amandier gagnerait à donner du chiffre à son empreinte, ce qui serait le “sésame“ de son expansion à l’avenir.
Ali Abdessalam