Des signes annonciateurs montrent que la haute saison touristique 2022 sera bonne mais sans atteindre toutefois la performance de 2019, année au cours de laquelle la Tunisie a accueilli 9 429 049. Les indices concernent les cinq piliers de l’activité touristique : réservations, transport, offre, logistique et marchés.
Il faut dire qu’après avoir raté, par l’effet de la pandémie de la Covid-19, deux saisons successives 2020 et 2021, le département du Tourisme a déployé les grands moyens pour faire revenir les touristes : vaccination massive de la population locale, campagnes de promotion, diversification des produits, de communication et de sensibilisation à l’extérieur et à l’intérieur du pays.
A quelques jours du démarrage de la haute saison, toutes les conditions semblent réunies pour réussir un bon cru.
Des réservations encourageantes
Concernant les réservations, pour été 2022, la Tunisie est retenue par TourMag, média spécialiste dans le tourisme francophone, parmi les trois meilleures destinations des touristes français devant la France (4ème) et après devant l’Espagne et la Grèce, respectivement, première et deuxième.
la Tunisie est retenue par TourMag parmi les trois meilleures destinations des touristes français
Le média, qui cite le champion des tendances des réservations l’agence en ligne Lidl Voyages, indique que 80% des dossiers pour l’été ont déjà été réservés sur le premier trimestre de l’année avec un pic au mois de mars (44%).
Les transporteurs vont intensifier leurs vols vers la Tunisie
Au rayon du transport, en attendant l’entrée en vigueur de la convention de déréglementation aérienne de l’Open sky, en stand-by depuis 2017, la plupart des compagnies aériennes des pays émetteurs ont reprogrammé la destination Tunisie et prévu des vols supplémentaires.
Pour citer le cas d’Air France, en plus de la ligne régulière Paris-Tunis, depuis l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, la compagnie va lancer, dès le 29 mai, un vol quotidien entre Orly et Tunis.
Air France va lancer, dès le 29 mai, un vol quotidien entre Orly et Tunis.
Transavia, la filiale d’Air France spécialisée dans le vol low-cost, s’apprête elle aussi à enrichir son programme de vols vers la Tunisie au départ de Lyon, Marseille (Tunis et Monastir), Montpellier, Nantes et Nice (Monastir). Ces vols seront proposés à des tarifs attractifs (à partir de 59 € l’aller simple sur la période mai/octobre 2022).
Les deux principaux pays maghrébins émetteurs de touristes vers la Tunisie, en l’occurrence l’Algérie et la Libye, vont eux aussi intensifier leurs vols.
Tunis et Tripoli ont décidé, le 24 mai 2022, d’augmenter le nombre de liaisons aériennes avec trois aéroports libyens, ceux de Misrata, Labraq et Sebha.
Pour sa part l’Algérie a annoncé, au cours de la même période, 14 liaisons supplémentaires avec la Tunisie. Il s’agit d’un programme comptant 14 vols : 07 vols Oran-Tunis-Oran hebdomadaires, et 07 vols Alger-Tunis-Alger, également toutes les semaines.
Retour des marchés traditionnels
Côté marchés, la Tunisie va bénéficier pratiquement du retour des marchés traditionnels européens : France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique…
Mention spéciale pour le marché français sur lequel les Tunisiens comptent beaucoup pour en recevoir un grand nombre cette année, au moins la moitié de ceux qui ont visité la Tunisie en 2019, lesquels étaient au nombre de 900 000.
La Tunisie va certes profiter du recul de certaines destinations concurrentes proches de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, s’agissant notamment de la Turquie et des pays scandinaves, mais elle va perdre une bonne partie des touristes russes qui étaient au nombre de 600 000 en 2019.
La Tunisie va profiter du recul de certaines destinations concurrentes proches de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, mais va perdre une bonne partie des touristes russes
Au niveau maghrébin, si le marché libyen s’annonce prometteur, on attend toujours la décision des Algériens d’ouvrir les frontières pour les voyageurs terrestres, et ce en dépit d’une décision annoncée, à cette fin, par le président algérien en personne, Abdelmajid Tebboune.
Quant au marché asiatique, il demeure encore timide en dépit de signes encourageants.
Cap sur la diversification
Au plan de l’offre, les Tunisiens ont déployé de gros efforts pour lancer et réhabiliter certains produits. Au-delà du balnéaire, ils ont diversifié l’offre : tourisme vert, sportif, culturel, saharien…
L’accent a été mis sur le tourisme alternatif plus responsable envers la nature, parallèlement aux fameuses formules du « tout compris » (all inclusive) propres au tourisme de masse critiqué pour son impact environnemental.
Dans cette perspective, le tourisme oasien sera lancé au profit des touristes allemands. Un programme d’excursions et de découvertes du produit touristique des régions du sud (Tozeur, Kébili, Tataouine, Médenine et Gabès) est lancé avec l’assistance de la l’agence de coopération allemande, GIZ, dans le cadre du programme « Tounes Wijhatouna » (la Tunisie notre destination). L’ultime but étant de faire revivre l’espoir d’une reprise du marché allemand.
le tourisme oasien sera lancé au profit des touristes allemands, avec un programme d’excursions et de découvertes du produit touristique des régions du sud
Toujours au plan de l’offre, la Tunisie, étant réputée une destination plurielle, va abriter cette année deux grands événements internationaux à Djerba : la 8ème édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8, 27 et 28 août 2022) et le 18ème Sommet de la Francophonie (19 et 20 novembre 2022).
Les talons d’Achille du secteur
Au chapitre de la logistique, la Tunisie dispose, selon le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, d’une capacité opérationnelle de 150 000 lits sur un total disponible de 240 000 lits. Pour lui, il s’agit d’exploiter au mieux cette capacité pour atteindre, selon ses dires, au moins la moitié de la performance de 2019.
Des campagnes de sensibilisation on été menées auprès des hôteliers, restaurateurs, artisans, prestataires de services de tourisme pour les encourager à faire le maximum afin de faire oublier aux touristes les deux talons d’Achille du secteur : la mauvaise qualité du service et la pollution (saletés …).
Dans cette perspective, le département du Tourisme et de l’Artisanat a pris le devant et lancé deux initiatives : l’institution, à partir de cette saison, d’une nouvelle norme hôtelière. Elle sera axée sur la qualité de service et la durabilité.
Car ne l’oublions pas, l’environnement fait partie des grands chantiers et défis de la destination. C’est une responsabilité collective qui engage citoyens, administration, politiques…
Le ministère du Tourisme a lancé deux initiatives : l’institution, à partir de cette saison, d’une nouvelle norme hôtelière…
Dans une première étape symbolique, le plastique à usage unique va être interdit, à Djerba. Il est prévu de généraliser cette mesure aux autres stations. Cette initiative reste toutefois insuffisante voire dérisoire, au regard de l’ampleur de la pollution dans le pays.