De nombreux jouets et autres produits fabriqués à partir de plastique recyclé, vendus en Tunisie et dans d’autres pays africains et arabes, contiennent des concentrations en retardateurs de flamme bromés (RFB), mélanges de substances chimiques toxiques, à des niveaux équivalents aux déchets dangereux, selon un nouveau rapport, rendu public le 24 mai 2022 par le Réseau mondial pour l’élimination des Polluants Organiques Persistants (IPEN) et l’association Arnika.
Selon le nouveau rapport des deux organisations environnementales, https://ipen.org/documents/hazardous-chemicals-plastic-products), des dizaines d’études ont établi un lien entre ces produits chimiques et le cancer, les effets nocifs sur le développement du cerveau des enfants, l’infertilité et d’autres problèmes de santé graves.
Le niveau le plus élevé d’un retardateur bromé de flamme appelé “HBCD” (49 ppm-La partie par million-) a été trouvé dans un manche de couteau en Tunisie, où des tests de laboratoire indépendants ont révélé des niveaux élevés de produits chimiques ininflammables toxiques et de dioxines bromées, y compris des substances interdites en vertu d’accords internationaux. Cette substance chimique a été également, découverte dans des jouets, des ustensiles de cuisine et d’autres produits de consommation fabriqués à partir de plastiques recyclés, selon ce rapport réalisé en collaboration avec onze organisations environnementales, dont l’association tunisienne (AEEFG-Association de l’éducation environnementale pour les futures générations).
Les tests des produits achetés en Tunisie et dans 10 autres pays africains et arabes ont également, montré que 61 produits contenaient des niveaux de retardateurs de flamme bromés (RFB) supérieurs aux limites de protection.
Dix parmi les 61 produits à base de plastique de couleur noire achetés sur le marché tunisien, dont des jouets, des accessoires pour cheveux, des ustensiles de cuisine et autres, contiennent des RFB, selon les analyses.
Risques d’empoisonner l’économie circulaire
Les experts des organisations co-auteures du rapport, qui militent pour l’élimination des polluants et des produits toxiques dans le monde, ont mis en garde contre les menaces d’empoisonner l’économie circulaire par des plastiques recyclés.
Ils ont appelé à soutenir des limites strictes sur les produits chimiques toxiques dans les déchets, comme proposé par les pays africains pour que les POP (Polluants organiques persistants) ne contaminent pas la chaîne de recyclage.
Un contrôle minutieux est recommandé
“Une contamination conséquente par les RFB des produits sur le marché tunisien, doit être une alerte pour un contrôle minutieux par l’Etat tunisien”.
“De même, cette étude ne cible pas tous les produits chimiques bromés contenus dans les produits analysés, donc probablement les produits plastiques en noir peuvent contenir plus de RFB, ainsi que leurs métabolites qui ne figuraient pas sur la liste des analyses chimiques ciblées par l’étude”, a averti le rapport.
“Ces produits contenant dans la majorité des niveaux très élevés de RFB, engendreraient des problèmes supplémentaires lorsqu’ils deviennent à leurs tours des déchets et seront classés dans la liste des déchets dangereux, selon la Convention internationale de Stockholm”.
“Comme il n’y a pas en Tunisie de capacité suffisante pour l’élimination sûre des déchets, et l’élimination des déchets contenant des POP en particulier, les produits en plastique noir peuvent se retrouver dans une décharge non sécurisée ou incinérés”.
“Le recyclage non sécurisé du plastique renferme une échelle beaucoup plus large de RFB, présents dans les produits fabriqués à partir de déchets électroniques recyclés et de plastique des véhicules hors usage”.
Les solutions proposées
IPEN, Arnika (qui travaille sur les métaux lourds et les phtalates dans différents compartiments environnementaux) et les onze organisations co-auteures du rapport dont l’AEEFG-Tunisie, ont appelé à ce que des limites de niveaux faibles et plus stricts de teneur en POP soient appliquées aux déchets, afin d’arrêter le flux de déchets électroniques et de plastique issus des véhicules hors usage de nouveaux produits en plastique recyclé.
“Les pays du monde entier devraient demander des limites plus strictes pour les POP dans les déchets dans les Conventions de Bâle et de Stockholm, ce qui aidera à prévenir l’utilisation de plastiques recyclés contenant des RFB et des dioxines “.
Les organisations environnementales demandent de respecter un faible niveau de POP de 50 ppm tel que proposé pour la Convention de Bâle et les pays africains.
Les déchets électroniques et les plastiques issus des véhicules hors usage, contenant des niveaux élevés de retardateurs de flamme toxiques devraient, selon les co-auteurs du rapport, être interdits d’entrer dans la chaîne de recyclage.
“La lacune qui permet l’exportation d’appareils électroniques non fonctionnels en vertu de la Convention de Bâle, doit être aussi comblée par la loi tunisienne et des normes plus strictes pour la définition des déchets dangereux, doivent être établies dans le cadre des Conventions de Bâle et de Stockholm”.
Aussi, les RFB devraient être répertoriés comme une classe à part, en vertu de la Convention de Stockholm. L’ajout de ces produits chimiques pourrait continuer à mettre la santé humaine en danger pendant des décennies, alertent les auteurs du rapport.