La Tunisie a présenté aux Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD, du 23 au 27 mai 2022), ses priorités par rapport à la stratégie décennale de développement de la banque (2022-2032), indique Tarek Bouhlel, conseiller des services publics, chargé de la coopération financière avec la BAD et les organisations régionales au ministère de l’Economie.
La nouvelle stratégie de la banque africaine sera mise en œuvre à travers un “Document stratégie pays” spécifique pour chaque pays membre régional (PMR), conformément aux objectifs des plans de développements nationaux.
Les priorités de la Tunisie exposées lors d’une intervention de Bouhlel consistent à bénéficier de la facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard dollars, approuvée le 20 mai 2022 par le Conseil d’administration de la banque, la Facilité africaine de transition énergétique d’urgence, et à poursuivre la mise en place de la stratégie pharmaceutique, en vertu de laquelle la Tunisie sera un pays pilote pour transférer son expérience aux autres pays africains.
Le plan d’urgence permettra de produire 11 millions de tonnes de blé, 18 millions de tonnes de maïs, 6 millions de tonnes de riz
Ainsi, pour la facilité africaine de production alimentaire d’urgence, le responsable a précisé qu’il s’agit d’un mécanisme de lutte contre les impacts de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, sur les pays africains, en les aidant à prévenir une crise alimentaire imminente, à travers un programme de soutien à 20 millions d’agriculteurs.
Le plan d’urgence permettra de produire 11 millions de tonnes de blé, 18 millions de tonnes de maïs, 6 millions de tonnes de riz et 2,5 millions de tonnes de soja,
Selon Bouhlel, la BAD n’a pas présenté jusqu’à présent les conditions exigées pour bénéficier du financement offert dans le cadre de cette facilité, soulignant que la Tunisie a veillé à ce que les bénéficiaires prioritaires de ce programme soient les pays importateurs de céréales.
la Tunisie importe presque 50% de ses besoins en produits céréaliers, un taux susceptible d’atteindre 75% dans les prochaines années
La Tunisie a mis l’accent sur la nécessité d’accorder aux pays l’avantage de bénéficier de cette facilité, sans prendre en compte l’indice risque pays et leur notation, notamment dans ce contexte international difficile, marqué par les conséquences de la pandémie Covid-19 et les retombées de la guerre en Ukraine qui a provoqué un choc énergétique et une crise alimentaire.
Selon l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), la Tunisie importe presque 50% de ses besoins en produits céréaliers, un taux susceptible d’atteindre 75% dans les prochaines années, avec la détérioration des conditions climatiques “.
La Tunisie est classée 120e mondial sur un total de 191 pays en matière de rendement des cultures céréalières. Le faible rendement des céréales est lié aux conditions climatiques, à la qualité des terres, aux intrants et aux pratiques agricoles.
Parmi les autres questions évoquées lors des réunions des gouverneurs, le responsable tunisien a évoqué la Facilité africaine de transition énergétique juste, annoncée récemment par le président du Groupe de la BAD. Cette facilité sera utilisée pour aider les pays africains à remplacer des centrales électriques fonctionnant au fioul lourd et au charbon par des systèmes de production d’électricité à base d’énergies renouvelables.
La Tunisie est classée 120e mondial sur un total de 191 pays en matière de rendement des cultures céréalières
A cet égard, Bouhlel a indiqué que la Banque n’a pas encore déterminé les contours de ce programme, sauf que sa vision prévoit la participation du secteur privé, dans la mesure ou les projets seront menés dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), étant donné que cette solution est plus rentable et moins coûteuse.
Les gouverneurs des pays africains ayant participé aux Assemblées du groupe de la BAD ont appelé à ce que cette facilité soit mise en œuvre dans les plus brefs délais, a-t-il précisé
Dans le cadre de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), mise à jour et soumise en 2021 à la Convention-cadre des Nations unies sur le Changement climatique, la Tunisie a relevé ses ambitions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et s’est fixée pour objectif de réduire l’intensité carbone nationale à 45% à l’horizon 2030, par rapport à son niveau de 2010.
La Tunisie prévoit de développer davantage la production et l’accès aux énergies renouvelables, d’améliorer son efficacité énergétique, et de maîtriser les émissions dues aux procédés industriels.
Le scénario qui concerne le secteur de l’énergie dans le cadre du plan climat de la Tunisie, prévoit de réduire les émissions du secteur de l’énergie de 9% à l’horizon 2030, par rapport aux émissions de 2010. Les émissions évitées sont estimées à 63 MteCO2 (Millions de tonnes équivalent CO2), cumulées sur la période 2021-2030.
la Tunisie a relevé ses ambitions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et s’est fixée pour objectif de réduire l’intensité carbone nationale à 45% vers 2030
La Tunisie a également souligné l’importance de poursuivre la mise en place de la stratégie pharmaceutique menée par la BAD, en vertu de laquelle la Tunisie sera un pays pilote pour transférer son expérience aux autres pays africains, d’autant plus qu’elle présente un avantage comparatif en termes de recherche, de production de vaccins et des médicaments.
A cet effet, il a fait savoir qu’un atelier se tiendra en juin 2022, au cours duquel seront fixés les axes, les enveloppes budgétaires allouées dans le cadre de cette stratégie et les pays bénéficiaires
La participation de la Tunisie dans le capital de la banque est de 1,42 %
La Tunisie est le deuxième pays client qui opère avec la BAD, avec un portefeuille d’engagements de 4 milliards de dinars, dont 40% ont déjà été débloqués. Il s’agit de 20 dons et 14 projets en cours d’exécution sur la dernière décennie.
La participation de la Tunisie dans le capital de la banque est de 1,42 %. 81 Etats ont des participations dans le capital de la banque, dont 54 Etats africains et 27 Etats non africains.