Les travaux des XVe et XVIe sessions extraordinaires de la Conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine ont pris fin, samedi 28 mai 2022 à Malabo, en Guinée-équatoriale. Cette double session a porté sur l’humanitaire, la lutte contre le terrorisme et le changement de régime anticonstitutionnel en Afrique.
Si rien de « concret » ne peut être retenu de ces sommets, dans un continent qui souffre pourtant de crises de toutes sortes, dont le terrorisme et la faim, on lit cependant que l’organisation appelle « au retrait immédiat et inconditionnel des mercenaires étrangers du continent » africain. Sans pour autant proposer une alternative !
Nos confrères du lefaso.net ont résumé le « non-événement » qu’ont constitué les travaux des XVe et XVIe sessions extraordinaires de la Conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine qui ont eu lieu les 27 et 28 mai 2022 dans la capitale de la Guinée équatoriale, Malabo.
Au lieu de cela, l’Union africaine « fonctionne toujours comme il y a 20 ou 30 ans
Tout d’abord, l’un des sites le plus populaire du Burkina Faso écrit : «… Une fois encore, le diagnostic de la situation de l’Afrique a été fait. Mais l’on n’était pas obligé d’aller à Malabo pour se rendre compte que l’Afrique souffre de la propagation du terrorisme, de mauvaise gouvernance (…) et les conséquences humanitaires qui découlent de ces deux maux ».
N’empêche, on aurait souhaité une décision d’actions concrètes à entreprendre, «… pour au moins donner espoir aux populations africaines, que demain va être meilleur pour celles qui vivent aujourd’hui dans la souffrance ; et pour celles qui sont dans une relative sécurité, qu’elles peuvent compter sur leur organisation commune, en cas de difficultés ».
Au lieu de cela, l’Union africaine « fonctionne toujours comme il y a 20 ou 30 ans », regrette LeFaso.net. «… Nous nous réunissons souvent. Nous parlons toujours trop. Nous écrivons beaucoup. Mais nous n’agissons pas assez, et parfois pas du tout. Nous n’anticipons pas assez. Nous attendons tout de l’extérieur. Cela doit impérativement changer si nous voulons faire changer le cours de l’histoire de l’Afrique », disait le président tchadien, Idriss Déby Itno, le 30 janvier 2016, alors qu’il venait d’être désigné pour occuper la présidence tournante de l’Union africaine…
Par ailleurs, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, estime que «… ces sommets se tiennent dans un contexte où environ 113 millions de personnes sur le continent ont besoin d’assistance d’urgence en 2022 et 282 millions sont sous-alimentées. Les chiffres détaillés par région du continent, de personnes ayant fui des conflits (déplacés internes et réfugiés), celles ployant sous la faim ou menacées ainsi que de personnes exposées aux conflits sont ahurissants ».
Nous nous réunissons souvent. Nous parlons toujours trop. Mais nous n’agissons pas assez, et parfois pas du tout
Moussa Faki Mahamat déplore «… une insuffisante solidarité africaine envers les pays victimes », et invite les dirigeants africains à prendre des mesures concrètes, surtout la mise en place d’une force militaire panafricaine, une idée émise depuis les années 2000. « L’Afrique est sans doute le dernier continent au monde à vivre avec une telle intensité le terrorisme… La volonté politique fait défaut, alors que nous avons les moyens et les hommes ; les forces africaines comptent quelques 2,7 millions d’hommes, en mobiliser seulement 1 à 2% et les doter de moyens nécessaires permettrait de réduire notre dépendance des forces étrangères ».
Teodoro Obiang Nguema, le président de la Guinée équatoriale fait siens ses propos, condamne le terrorisme et interpelle ses pairs à une mobilisation des moyens pour mener une « lutte acharnée contre ce phénomène ».
Si l’Afrique croit qu’elle peut se faire entendre dans la guerre russo-ukrainienne, elle doit aussi avoir la même conviction que si elle le décide, toutes ces difficultés seront considérablement réduites »
Notre source rappelle que « de nombreux textes juridiques et initiatives structurelles existent, à l’image de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) lancée depuis une vingtaine d’années, l’intégration dans le schéma administratif de l’UA en 2004 d’un Département paix et sécurité (DPS), la Convention d’Alger et son plan d’action adopté en 2002, donnant naissance au Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT)… Mais rien ne semble changer sur le terrain ».
Il s’agit là de « l’expression d’une mauvaise foi collective que quelques groupes armés désarticulent tant un espace organisé de 54 pays et massacrent de telles manières ses citoyens. Si l’Afrique croit qu’elle peut se faire entendre dans la guerre russo-ukrainienne, elle doit aussi avoir la même conviction que si elle le décide, toutes ces difficultés, liées surtout aux groupes armés, seront considérablement réduites ».
Mais ce qui semble absurde, c’est lorsque ces chefs d’Etat de l’UA, à la faveur de ces sommets extraordinaires, appellent « au retrait immédiat et inconditionnel des mercenaires étrangers du continent » africain (en référence certainement au groupe Wagner au Mali et en Centrafrique), sans pour autant proposer du concret à ces pays qui, désespérés d’attendre une solidarité africaine conséquente, recourent à ces solutions ». D’ailleurs, un proverbe africain dit : « Pas besoin d’eau potable pour éteindre l’incendie ».
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