Le collectif ” EARTH’na “, un groupe de jeunes Tunisiens appuyé par un ensemble d’associations environnementales et des droits humains, a présenté, mercredi, son rapport des parties prenantes sur les droits environnementaux et de développement qui devra être soumis, au mois de novembre, à l’examen du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies à Genève.
Elaboré en trois langues (Arabe, Français et Anglais), ce document qui comporte un rapport complet sur les droits environnementaux et de développement a été soumis dans sa version numérique, en mars 2022, au Conseil de l’ONU.
Ce document a rappelé que la Tunisie ” fait face à de nombreux problèmes environnementaux “, formulant un ensemble de recommandations au gouvernement tunisien.
Ces recommandations qui portent sur les domaines juridique, éducatif et médiatique devront contribuer à la résolution des problématiques et permettront à l’Etat tunisien d’honorer ses engagements.
L’objectif est de faire de ces questions une priorité nationale à combattre et de réduire leurs risques, et ce, dans le cadre du quatrième examen périodique universel de la Tunisie, selon les organisateurs de la conférence.
La Tunisie a occupé la 96ème place dans l’indice de performance environnementale pour l’année 2022, sur un total de 180 pays, régressant ainsi de 25 places par rapport à l’année 2020, au cours de laquelle elle était classée au 71ème rang.
Le document a rappelé que l’Etat Tunisien s’est engagé à lutter contre la pollution environnementale (Article 45 de la Constitution).
Cependant, les atteintes à l’environnement englobent les pollutions d’origine solide, liquide et gazeuse ainsi que les décharges publiques menaçant la vie, la santé et le bien-être des citoyens, a-t-on ajouté.
Toujours selon le document, si la Tunisie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz carbonique de 45% en 2030 par rapport à celles de 2010 et à augmenter la part des sources renouvelables dans la production de l’énergie à 30% pour la même période, cet objectif est loin d’être atteint.
La même source a rappelé que la Tunisie subit déjà et subira encore les effets des changements climatiques, citant à titre d’exemple l’augmentation des températures, la baisse des précipitations, le danger de l’érosion littorale, la sécheresse, l’insécurité alimentaire (en 2020, la production céréalière a baissé d’un tiers par rapport à 2019), outre les 37 mille emplois menacés dans le secteur agricole.
Sur un autre plan, le rapport souligne que l’indice de sécurité alimentaire en Tunisie a enregistré une amélioration, puisque le pays occupe désormais le 55ème rang parmi 113 pays classés.
Toutefois, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la prévalence de l’insécurité alimentaire grave atteint 9% de la population, ce qui équivaut à 1 million de Tunisiens.
La Constitution tunisienne de 2014 reconnaît le droit à un environnement sain et équilibré (Article 35) sauf que ce droit subit beaucoup d’atteintes et de violations, selon le rapport.
La Constitution stipule que ” l’Etat garantit le droit à l’information et le droit d’accès à l’information “, précise le document, rappelant que dans le cadre du projet de justice environnementale lancé en mars 2018, le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDS) a essayé d’évaluer l’application de la loi organique n°22 de Mars 2016 portant sur le droit d’accès à l’information.
Il a constaté que, dans la majorité des administrations régionales, des dispositions importantes de la loi ne sont pas appliquées. Aucun agent n’est responsable de l’accès à l’information, ce qui se traduit par un manque d’accès à l’information dans les administrations régionales où l’on ignore complètement l’existence de cette loi, précise le rapport.
Le collectif EARTH’na œuvre à mener des campagnes de sensibilisation, d’observation et d’alerte pour ce qui est des questions fondamentales liées aux changements climatiques, à la conservation de la diversité biologique et à toute atteinte à l’environnement et au patrimoine.