A Monsieur Sadok Belaid, président du Haut Comité consultatif pour la nouvelle république de Tunisie : Pour une meilleure prise en compte des impératifs environnementaux.
Nous suivons depuis quelques temps et avec beaucoup d’intérêt le processus engagé par le chef de l’Etat dans la perspective d’élaborer une nouvelle Constitution pour la Tunisie, et de dessiner par conséquent les objectifs, les aspirations et le positionnement auxquels aspire la plus grande frange de notre population.
Progrès économique et considérations sociales doivent aller de pair
Un tel projet, et pour qu’il soit en conformité avec nos spécificités et nos aspirations et surtout réalisable et viendrait en réponse aux principaux défis auxquels la Tunisie est confrontée, est amené à se constituer de la manière la plus cohérente, la plus harmonieuse et surtout la plus systémique qui prendrait en considération et au même niveau les différents aspects économiques, sociaux et environnementaux.
Le progrès économique ne peut en aucun cas se réaliser au détriment des considérations sociales et environnementales. Mieux encore, les aspects environnementaux sous leurs triples déclinaisons écologiques, climatiques et territoriales apparaissent aujourd’hui et de plus en plus comme des opportunités pour un nouvel élan économique.
Un tel projet est amené à se constituer de la manière la plus cohérente, la plus harmonieuse et surtout la plus systémique
En effet et à côté des défis économiques et sociaux qui guettent notre pays, un défi de taille ronge de plus en plus les perspectives de développement de la Tunisie. C’est celui qualifié souvent d’environnemental et qui englobe essentiellement la situation actuelle et future de notre capital naturel (eaux, sols, forêts, biodiversité, littoral et ressources marines) qui se trouve souvent sous différentes formes de surexploitation et de dégradation à travers les différents rejets essentiellement solides et liquides mettant en péril sa pérennité et toute forme de développement future.
Penser aux effets des changements climatiques
Dans le même ordre d’idées, et en continuité avec les modes de gestion du capital naturel, l’espace au niveau des différents milieux, depuis le rural jusqu’à l’urbain, la ville, fait apparaître aujourd’hui en Tunisie de manière générale des déséquilibres majeurs et différentes formes de disharmonie qui entravent les dynamiques de développement et créent des décalages sociaux souvent d’envergure.
A côté de ces problématiques environnementales et territoriales intrinsèques et récurrentes, vient s’ajouter aujourd’hui un défi nouveau qui risque de perturber très sérieusement les différents équilibres environnementaux et, par conséquent, socioéconomiques dans plusieurs régions du pays, il s’agit de celui des effets des changements climatiques.
Devant cette menace grandissante, notre seul salut passerait uniquement par notre capacité de résilience et d’adaptation dans les différents domaines du développement et à leur tête l’agriculture et le tourisme, aux nouvelles situations climatiques qui paraissent de plus en plus difficiles.
un défi nouveau risque de perturber les différents équilibres environnementaux et socioéconomiques dans plusieurs régions du pays: les changements climatiques
Changer le mode de gouvernance actuel
Surmonter ces différents défis environnementaux, territoriaux et climatiques tout en les traduisant en opportunités ne peut nullement se concrétiser avec notre mode de gouvernance actuel. Ce dernier doit évoluer substantiellement !
Ces trois questions environnementale, territoriale et climatique doivent rapidement se mettre dans une dynamique commune avec les processus de développement socioéconomique. Un rapprochement institutionnel d’envergure doit s’opérer dans ce sens pour faire du développement durable, de la résilience et de l’adaptation au changement climatique l’objectif essentiel de la Tunisie de demain et le sens même de toute politique de développement.
La nouvelle Constitution pourrait servir de base parfaite pour cette évolution notable tant salutaire pour notre Tunisie.
Tunis le 5 juin 2022
Samir Meddeb
NB : Le titre et les intertitres sont de la rédaction