Après ” Mare Nostrum ” (2015) offerte pour Nabeul et ” Elyssa/Didon ” (2019) installée à la Faculté des Lettres de la Manouba, l’architecte et sculpteur sicilien Girolamo Palmizi revient en 2022 avec une nouvelle œuvre sculpturale ” La Piccola Sicilia ” en guise d’hommage aux relations séculaires entre la Sicile et la Tunisie au cœur d’une Méditerranée salvatrice, comme il dit.
Présentée pour la première fois dans le cadre de la première édition du Festival international Land Art de Sidi Bou Said (10-12 juin 2022), la sculpture qui a été installée provisoirement dans le jardin municipal de ce village pittoresque de la banlieue nord de Tunis, fera place au quartier de la Petite Sicile à la Goulette. Sa remise officielle est prévue au mois d’août prochain en présence notamment du maire de San Vito, ville jumelée à la Goulette, là ou beaucoup de siciliens débarquèrent au XIXème siècle et élurent leur domicile, a déclaré à l’agence TAP, Alfonso Campisi, fondateur et président de la Chaire Sicile pour le dialogue des cultures et des civilisations qui est à l’origine de l’initiative de la donation de l’œuvre à la municipalité de la Goulette.
Se voulant un symbole d’amitié, le projet ” Piccola Sicilia “, a indiqué l’artiste Girolamo Palmizi est né de cette volonté de rappeler non seulement la présence historique de la communauté sicilienne en Tunisie (en l’occurrence à La Goulette), mais aussi et surtout de mettre en avant la parfaite ” intégration ” , ou mieux, la cohabitation pacifique et sereine entre les différentes ethnies présentes en Tunisie dans le respect mutuel des différentes traditions, religions et cultures. Et d’ajouter ” La Sicile et la Tunisie, situées à un peu plus d’une centaine de kilomètres l’une de l’autre sur deux rives opposées d’une même mer la Méditerranée, une mer qui un jour les unit et un autre les sépare, présentent toutes deux de nombreux signes qui témoignent de relations séculaires, relations qui se sont sans aucun doute enrichies culturellement au fil du temps “.
Sa sculpture, conçue en acier corten, érigée sur une hauteur de 3 mètres, et composée de deux structures verticales, soudées ensemble sur le long côté, s’élançant ensemble comme une stèle ou un totem vers le ciel renvoie à la douleur du départ mais aussi à la joie de la terre promise retrouvée.
Nichée actuellement dans un atelier en Tunisie, l’œuvre réalisée pour la première fois en collaboration avec une main d’ouvre locale, se veut un hommage à tous les Siciliens de Tunisie et à tous les migrants qui ont trouvé “leur terre promise” dans ce pays, a mentionné Palmizi, Grand Prix de l’Art au Festival Land Art Sidi Bou Said.
Mais c’est aussi un Hommage à la Tunisie, terre accueillante et généreuse qui a donné abri, sécurité et sérénité aux Siciliens comme dans l’Histoire à Elyssa, la première femme, reine réfugiée, contrainte de chercher à travers la Méditerranée sa terre promise.
A travers cette donation, la Chaire universitaire Sicile pour le dialogue des cultures et des civilisations (créée en 2016) a mentionné Alfonso Campisi, vise à participer à ouvrir ce dialogue entre les deux rives de la Méditerranée, combattre les préjugés, les clichés dus à l’ignorance et au massacre de nos idéaux dès lors que ” La Tunisie et la Sicile qui se trouvent au centre de ce grand lac salé, Comme Braudel aimait bien définir la
Méditerranée, ont une histoire millénaire commune et l’avenir de l’une est certainement lié à l’autre”. Et d’ajouter “je pense que les intellectuels et les universitaires ont le devoir de développer ce dialogue inter-culturel, inter-religieux et pousser les peuples à se parler, à se rapprocher et à se connaitre d’avantage ” a affirmé l’écrivain et professeur tuniso-sicilien Alfonso Campisi.
En effet, a-t-il ajouté, les œuvres sculpturales de Girolamo Palmizi, disséminées en Sicile, en Tunisie, mais aussi à Tyr (Liban), sont le symbole de cette volonté de rapprocher ces rives à travers une mer qui rassemble et qui ne nous sépare pas. “La Piccola Sicilia” se veut ainsi un hymne à tous les migrants qui traversent la Méditerranée et plus particulièrement à la Tunisie, terre d’accueil et de dialogue qui, au début du XIXe siècle, a reçu sur son territoire plus de 130.000 Siciliens en quête de travail et de dignité, qui vinrent s’y installer, traversant parfois en barque le Canal de Sicile…et comme une bouteille à la mer, le migrant est transporté d’un côté à l’autre de la Méditerranée, vécue parfois comme une “mère “, et d’autres moments comme un endroit de repos éternel.