Plusieurs projets de production d’électricité à partir des énergies renouvelables sont toujours bloqués et non raccordés au réseau de la STEG.
Depuis la promulgation de la loi n°2015-12 et l’adoption du Plan Solaire Tunisien, 5 appels à projets ont été lancés et 67 projets retenus par le ministère de l’Energie, mais jusqu’à ce jour, un seul d’entre eux a été raccordé au réseau, a indiqué, mercredi, Abdellatif Hammouda, président du Groupement Professionnel des producteurs des énergies renouvelables, relevant de la CONECT.
Le responsable, qui s’exprimait à une conférence de presse, à Tunis, a lancé un appel au gouvernement pour qu’il intervienne en vue de résoudre les problèmes entravant le raccordement de ces projets au réseau d’électricité de la STEG et partant leur entrée en service.
Le Groupement a lancé à cette occasion le Hashtag “?” “Sayeb l’électricité”, estimant que le blocage est du au refus du syndicat de la STEG de raccorder les projets avant d’apporter des amendements à la loi régissant la production d’électricité à partir des ER.
“C’est toute la filière de l’énergie renouvelable qui est bloquée et ceci pourrait entrainer le départ de plusieurs firmes internationales vers d’autres pays, et 80% de nos compétences humaines dans ce domaine vers l’Afrique”, a encore indiqué le responsable.
D’après lui, le blocage du raccordement des centrales de production de l’énergie photovoltaïque “fait perdre à la Tunisie près de 2500 millions de dinars (MD) d’investissements non réalisés, qui sont pour l’essentiel des entrées en devise pour l’Etat et 400 MD de manque à gagner annuel pour l’Etat”.
Parmi les projets bloqués figure la centrale photovoltaïque de Gabès, d’une capacité de 1MW. Cette centrale est prête depuis octobre 2020 mais elle n’est pas toujours raccordée au réseau de la STEG, a confirmé, l’homme d’affaires tunisien, Tarek Ben Ayed, qui a investi dans sa réalisation.
“C’est un investissement qui m’a couté environ 3 MD, et devrait produire environ 2GW/h par an, soit une rentabilité de 500 mille dinars”, regrette l’investisseur, ajoutant que son projet est en mesure de produire de l’électricité pour un coût moyen de 215 millimes alors que le coût de l’électricité produite par la STEG avoisine les 400 millimes.
De nombreuses réunions ont été, pourtant, organisées avec la participation des représentants du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des mines, la STEG et l’UGTT, sans parvenir à un accord définitif concernant le raccordement des centrales photovoltaïques au réseau STEG.
Intervenant à ce point de presse, le président de la CONECT, Tarek Cherif, a affirmé que la transition énergétique est une obligation pour le monde entier, et elle est vitale aujourd’hui pour la Tunisie, dans la mesure où la filière est mesure de relancer la croissance du pays.
” Produire de l’énergie renouvelable, c’est lancer tout une dynamique d’investissement qui nous permettra de réduire notre facture énergétique, et par conséquent nos importations énergétiques en devises, de renforcer la compétitivité de nos entreprises, d’impulser la création d’emplois et la création de richesses, d’améliorer le pouvoir d’achat de citoyens”, a-t-il fait remarquer, rappelant que la Tunisie est classée première au monde au niveau du taux d’ensoleillement avec 3000 heures par an, alors que la moyenne mondiale ne dépasse pas les 1500 heures.
Le raccordement au réseau de la STEG n’est pas le seul problème rencontrés par les promoteurs de projets d’ER en Tunisie.
Certains d’entre eux ont évoqué à la rencontre de mercredi qu’il s’agit également de problèmes fonciers relatifs au changement des vocations des terres agricoles, notamment dans le sud du pays.
D’autres difficultés ont été également évoquées, dont l’octroi d’autorisations auprès du ministère de Défense pour les projets d’énergie éolienne, étant donné que le département invoque la perturbation du réseau.