Le Fonds monétaire international (FMI) est prêt à entamer, au cours des prochaines semaines, des négociations portant sur la mise en place d’un programme, a déclaré, mercredi, le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, au terme de discussions techniques de plusieurs mois avec les autorités tunisiennes.
“Les répercussions de la guerre en Ukraine aggravent les déséquilibres déjà profonds dont souffre l’économie tunisienne et mettent la population à rude épreuve. La gravité de la situation économique accroît ainsi la nécessité de mettre en œuvre sans délai des réformes ambitieuses (…). Nous saluons la récente publication par le gouvernement de son plan de réformes et exhortons les différentes parties prenantes à faire cause commune pour le mettre en œuvre “, a encore déclaré le responsable du FMI.
“La Tunisie doit remédier de toute urgence aux déséquilibres de ses finances publiques en améliorant l’équité fiscale, en limitant la croissance de l’importante masse salariale dans la fonction publique, en remplaçant les subventions généralisées par des transferts à destination des plus pauvres, en renforçant son dispositif de protection sociale et en réformant les entreprises publiques qui perdent de l’argent, afin de résorber rapidement les déséquilibres profonds dont pâtit son économie et d’assurer la stabilité macroéconomique. En outre, un renforcement de la concurrence et l’ouverture de l’économie aux investissements du secteur privé permettraient à la Tunisie de tirer pleinement parti de ses atouts pour favoriser la croissance économique inclusive et fortement créatrice d’emplois dont elle a tant besoin”, lit-on dans un communiqué rendu public sur le site du FMI.
“Un programme de réformes d’inspiration nationale, tel qu’il est défendu par le gouvernement, est plus crédible et plus à même de susciter l’adhésion générale, et présente donc plus de chances de réussite que par le passé”, estime Jihad Azour.
L’adhésion aux réformes revêt une grande importance, que celles-ci bénéficient ou non d’un appui de la part du FMI.
“Il est essentiel que le gouvernement décrive plus en détail chacune des mesures de son plan de réformes, et qu’il en débatte avec l’ensemble des parties prenantes, afin que celles-ci fassent cause commune et participent à sa mise en œuvre”, recommande le responsable.
D’après lui, c’est de cette manière et “en assurant un dialogue ininterrompu avec ses principaux interlocuteurs ainsi qu’une communication plus large, que le gouvernement augmentera les chances de réussite de ses politiques”.
Il a réitéré, par ailleurs, le soutien du bailleur de fonds international à la Tunisie, rappelant qu’il a déjà prêté, en 2020, main-forte à la Tunisie en proie à la pandémie de COVID-19, dans un contexte international particulièrement difficile.
“Aujourd’hui, le FMI se tient aux côtés des autorités tunisiennes pour les aider à engager des réformes économiques et sociales au service de la population. Au terme de discussions techniques de plusieurs mois, nous sommes prêts à entamer, au cours des prochaines semaines, des négociations portant sur la mise en place d’un programme”.
Le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), s’est rendu à Tunis les 20 et 21 juin à l’occasion de son déplacement en Afrique du Nord. Au cours de sa visite, il s’est entretenu avec le Président Kaïs Saïed du programme de réformes économiques du gouvernement. Il a également rencontré la Cheffe du Gouvernement, Mme Najla Bouden, ainsi que des représentants de la société civile.