La Suissesse Catherine Kammermann est la Vice-présidente du Festival International du Film Oriental de Genève (FIFOG) qu’elle accompagne par sa large connaissance du secteur de l’audiovisuel et de la région arabe. Depuis près de deux ans, cette ancienne journaliste met son expertise au service de cette manifestation cinématographique annuelle genevoise.
Dans une interview à la Tap, en marge de la 17ème édition du Fifog organisée du 13 au 19 juin 2022, elle est revenue sur sa mission au sein du festival après un parcours de reporter international, étalé sur près de quarante ans. Elle s’est également attardée sur la présence de la communauté tunisienne en Suisse, un pays connu par sa diversité culturelle.
L’appui suisse à la promotion des cinémas d’Orient
Mon rôle de vice-présidente du Fifog ” est loin d’être dominant ou déterminant, dit-elle, mais s’inscrit dans un registre collaboratif ” entre les membres de l’association qui organise le FIFOG. Une collaboration qu’elle qualifie de ” très amicale et joyeuse “.
En plus de ses obligations de routine au sein du comité d’organisation, elle visionne et donne son point de vue sur les films proposés sur la plateforme du festival. Elle représente le festival auprès des autorités genevoises, et se charge de la levée de fonds auprès des multiples partenaires du FIFOG.
Cette ancienne journaliste est forte d’une longue expérience dans le secteur de l’audiovisuel. Elle faisait des reportages dans plusieurs pays d’Orient et au Maghreb dont la Tunisie, un pays avec lequel elle entretient une relation assez particulière. Dans le cadre de ses reportages, elle était deux fois en Tunisie. Avec le début de la guerre en Libye et le déferlement des réfugiés libyens en Tunisie, elle était dans le Sud, à Zarzis. La deuxième fois, elle était à Sidi Bouzid pour revisiter l’histoire de Mohamed Bouazizi.
Sa carrière de journaliste se résume en deux organes clés, RTS (Radio Télévision Suisse) et le siège de l’ONU à Genève, deux institutions qui lui ont permis d’avoir une expérience assez diversifiée.
Cette journaliste de terrain qui a couvert des évènements politiques comme en Irak, en Algérie, au Liban, en Bosnie, en Syrie, en Allemagne, aux Etats-Unis et en Russie, elle est témoin des grands moments dans l’histoire politique et sociale de plusieurs pays. Après une carrière à la radio à Lausanne, elle avait rejoint le journal télévisé où elle faisait des reportages pour le service international. En même temps, elle était correspondante à l’Onu à Genève, où elle faisait le terrain et la couverture de l’actualité sur des sujets comme les crises humanitaires et les droits de l’Homme.
La communauté tunisienne en Suisse
Catherine Kammermann précise que ” la Suisse et la Tunisie ont des relations de coopération très proches, depuis très longtemps “. Elle rappelle des relations instaurées depuis l’aube de l’indépendance sous le régime de Bourguiba.
Elle fait état d’un chiffre de près 20 milles tunisiens en Suisse dont “près de la moitié est naturalisée”. Ils sont généralement installés en Suisse romande (francophone) qui couvre Genève et Lausanne, mais aussi en Suisse alémanique (germanophone), en particulier à Zurich.
Elle affirme que ” la communauté tunisienne en suisse est extrêmement bien intégrée”. Elle qualifie des gens ” discrets, qui vraiment fondent dans les communautés et qui ont des rapports tout à fait chaleureux avec tout le monde “.
Elle cite la première vague d’immigration qui remonte aux années 70 pour des citoyens tunisiens qui partaient pour faire des études supérieures car, “à l’époque, c’était beaucoup plus facile de venir s’installer en Suisse “.
Avec le temps, la communauté tunisienne en Suisse a connu de nouveaux venus. Il y a eu beaucoup de fonctionnaires internationaux tunisiens qui sont embauchés à l’ONU et aux organisations internationales, en plus d’autres qui travaillent dans des entreprises suisses.
Elle affirme que depuis la révolution tunisienne, l’émigration n’est plus de cette ampleur, parce que “les conditions d’installation en Suisse sont beaucoup plus difficiles et beaucoup plus drastiques “.
Parmi les nouveaux ressortissants tunisiens en Suisse, elle mentionne ” des sans-papiers parmi les jeunes qui quittent la Tunisie et viennent en Europe, en espérant un eldorado. Une fois en Suisse, ils se rendent compte qu’ici rien n’est vraiment fait pour eux “. Dans un pays qui ” n’encourage pas trop ce genre d’immigration “, elle fait le constat sur un repart massif de ces nouveaux venus. Quoique certains essayent de se trouver une place, ils finissent, à leur tour, par ” repartir “.
Vu sa proximité de la communauté tunisienne, la Suissesse transmet le message de certains binationaux qui ” souhaitent une représentation diplomatique tunisienne à Genève et plus d’activités culturelles en Suisse romande de façon à se retrouver entre Tunisiens “.
L’ambassade tunisienne en Suisse est basée à Berne alors que la mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies est à Genève qui abrite le siège européen de l’ONU.