Le Centre tunisien pour l’entrepreneuriat social (TCSE) vient de mobiliser différents acteurs et partenaires nationaux et internationaux afin d’étudier l’état des lieux de l’économie sociale et solidaire (ESS) en Tunisie et de débattre des impacts générés par l’écosystème durant les dix dernières années en vue d’élaborer une vision commune et des perspectives.
C’est ainsi qu’une conférence-débat sur le futur de l’économie sociale et solidaire a été organisée, jeudi 23 juin 2022 à Tunis, à l’occasion du lancement du nouveau projet MedRiSSE sur l’ESS et l’innovation, cofinancé par ENI CBCMED et la clôture du projet MedUP, pour la promotion de l’entrepreneuriat social en méditerranée, cofinancé par l’Union européenne.
L’événement, qui a été initié par le Centre tunisien pour l’entrepreneuriat social en partenariat avec la Fondation Friedrich-Naumann pour la liberté, l’Assemblée de coopération pour la paix (ACPP) et l’organisation Oxfam Tunisie, a ciblé notamment les entrepreneurs sociaux (hommes et femmes), les acteurs publics, les institutions financières et les structures d’appui à l’entrepreneuriat social, en leur offrant des séances d’échange et de dialogue.
En plus des panels, workshops et autres sessions de networking, des études récentes réalisées par le Centre ‘‘TCSE’’ et ses partenaires ACPP et Oxfam Tunisie ont été présentées, lesquelles mettent en lumière les principales constatations et recommandations. Des experts de Jordanie, de Palestine, de Grèce, d’Espagne et du Portugal sont aussi venus enrichir le débat et présenter leurs propres expériences afin d’en tirer les meilleurs enseignements.
Asma Mansour, présidente du TCSE, a assuré que « nous sommes engagés activement depuis une dizaine d’année pour soutenir le développement social et économique en Tunisie, à travers le renforcement d’un écosystème de l’innovation et de l’entrepreneuriat social. Nos activités de promotion, d’encadrement et de soutien aux jeunes entrepreneurs sociaux (hommes & femmes) dans les diverses régions de la Tunisie ont pu créer une dynamique de changement et des incitations de proximité favorables à la réalisation de projets à fort impact sociétal et/ou environnemental ».
Oumaima Jegham, chargée de plaidoyer auprès d’OXFAM Tunisie, dira pour sa part qu’«aujourd’hui, nous sommes encore face à plusieurs défis liés notamment au cadre juridique et incitatif régissant l’ESS, mais aussi au manque de mécanismes de soutien, d’information, d’encadrement dans les régions diverses et d’accès au financement ».
Dans son intervention, José María Ruiberriz, de l’Assemblée de coopération pour la paix (ACPP), a indiqué que « les villes et les municipalités ont un rôle extraordinaire à jouer dans la promotion de l’ESS à travers la coproduction de politiques publiques, en exploitant leur potentiel pour relever le défi du développement socialement durable. Elles ont de multiples façons pour promouvoir la collaboration et le travail collectif avec les écosystèmes de l’ESS. Cette conférence nous a permis de présenter des expériences réussies dans d’autres pays dans des domaines variés tels que l’éducation, les services sociaux, les soins de santé et la durabilité environnementale. Dans la région méditerranéenne et au-delà, plusieurs villes ont trouvé des moyens imaginatifs et participatifs pour construire cette coopération grâce à un environnement fructueux entre les interventions publiques et privées basées sur la confiance mutuelle et la prise de décision partagée ».
Genèse et potentiel de l’économie sociale et solidaire
Le secteur de l’économie sociale et solidaire a connu, ces dernières années, une croissance remarquable aussi bien au niveau national qu’international. La résolution des problèmes sociaux est devenue possible grâce à des initiatives qui allaient au-delà des efforts individuels, pour engager des communautés et des institutions en quête d’un changement positif.
Diverses initiatives lancées à petite échelle dans les régions se sont axées sur la résolution de problèmes sociaux, environnementaux et culturels. Différentes structures d’appui et plateformes d’accompagnement ont été créées et plusieurs projets ont été développés par des jeunes entrepreneurs leaders et socialement engagés. Les synergies au sein de l’écosystème local ont contribué aussi à l’émergence de collaborations multiples réunissant des acteurs locaux et internationaux.
La création d’entreprises sociales et leurs impacts générés contribuent pleinement ou partiellement à la réalisation des 17 Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD 2030).
Les entreprises sociales créent de l’emploi et de la richesse, réduisent la pauvreté notamment dans les régions les plus défavorisées, assurent l’intégration sociale des couches vulnérables et minimisent les inégalités de genre.
Les modèles des entreprises sociales sont généralement innovants car ils n’ont pas pour finalité la recherche de profit pur mais doivent combiner entre un objectif d’impact social et de durabilité économique. Plusieurs startups tunisiennes ont par exemple utilisé des TIC pour développer leurs projets à impact social. Ce type de projets pourra offrir des emplois pour des jeunes, notamment les diplômés de l’enseignement supérieur.
Les entreprises sociales intègrent aussi des marchés auparavant sous explorés ou mal desservis en Tunisie comme l’éducation, l’intégration sociale ou la santé qui sont traditionnellement dominés par le secteur public.
L’impact social généré par l’entreprise peut aussi constituer un effet d’entrainement dans le sens où il pourra inciter d’autres entrepreneurs à créer des projets pour contribuer à amplifier l’impact et résoudre la problématique qui se pose. Cette situation est particulièrement perceptible également dans certains domaines et secteurs où des start-up émergent pour aider les femmes artisanes ou les petits agriculteurs à commercialiser leurs produits en ligne. La même configuration concerne des projets de startups dédiés à l’éducation des enfants ou à la télémédecine, etc.
L’entreprenariat social permet également d’offrir de meilleures opportunités pour la création de projets portés par des femmes. Les entreprises sociales ont un impact direct sur des secteurs traditionnellement à forte dominance de main d’œuvre féminine et vulnérable tels que l’agriculture ou l’artisanat. Des entreprises sociales permettent dans ce cas de générer des revenus durables pour ces femmes et d’assurer leur autonomisation économique.
Recommandations pour un futur meilleur de l’entreprenariat social
Les acteurs, entrepreneurs sociaux et experts présents à la conférence-débat sur le futur de l’économie sociale et solidaire ont proposé une série de recommandations pour améliorer l’écosystème à l’avenir, dont nous citons :
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- Améliorer le cadre légal, la réglementation et les mécanismes d’appui à l’entreprenariat social, l’ESS et le Crowdfunding.
- Promouvoir l’offre et la demande en terme de financement des projets d’entrepreneuriat social dans les régions diverses.
- Impliquer les jeunes (hommes & femmes) et favoriser une culture entrepreneuriale et de l’innovation dans les régions.
- Lever les barrières légales au développement de la finance et développer l’offre publique de financement de l’entreprenariat social.
- Concevoir des programmes spécifiques à l’entreprenariat social féminin.
- Renforcer le rôle des banques et des fonds publics ou privés pour le financement des meilleures initiatives d’entreprenariat social.
- Développer des réseaux d’appui, de formation et d’accompagnement aux entreprises sociales, par les acteurs publics, privés et associatifs.
- Promouvoir l’information et la communication sur les opportunités et mécanismes de financement ou de soutien à l’entreprenariat social.