Une étude qualitative conjointe entre l’Organisation international Alert et la fondation Friedrich-Ebert, intitulée “Les jeunes des quartiers populaires sans emploi et les stratégies de coexistence et de résistance en Libye, en Tunisie et au Maroc”, estime nécessaire d’adopter des politiques de l’emploi adaptées aux particularités des quartiers populaires en Tunisie.
Lors d’une conférence régionale sur le thème “Le chômage et son impact sur la jeunesse dans la région arabe”, qui s’est tenue lundi 4 juillet 2022 à Tunis, le chercheur Mohamed Rami Abdelmoula a expliqué que l’étude qui a porté sur la cité Ettadhamen à Tunis a conclu que l’impact du phénomène du chômage dans ce quartier est plus sévère en comparaison avec les autres quartiers qui sont plus favorisés en matière de développement.
L’étude s’est appuyée sur des séances de travail, des entretiens, des témoignages et des discussions interactives avec 22 jeunes du quartier Ettadhamen, qui ont été répartis en 3 groupes de discussion (focus groupes).
Le premier groupe comprend des hommes au chômage qui n’ont pas terminé leurs études, le deuxième des femmes au chômage qui n’ont pas fini leurs études et le troisième des diplômés universitaires sans emploi.
L’étude révèle que les habitants du quartier Ettadhamen sans emploi sont confrontés à plusieurs obstacles qui empêchent leur intégration sur le marché du travail dont le plus important est la stigmatisation sociale du quartier auquel ils appartiennent où les taux de violence, de criminalité, d’extrémisme religieux et l’ensemble des comportements à risque sont élevés, ce qui pousse les employeurs à éviter de les embaucher.
L’étude a conclu que le manque de moyens de transport dans le quartier Ettadhamen et ses tarifs élevés ont compliqué davantage le processus de recherche d’emploi devenu difficile et frustrant. De même, la pauvreté, l’absence de développement dans le quartier, la détérioration de son infrastructure et du pouvoir d’achat de ses habitants constituent autant de facteurs qui découragent les entrepreneurs à y lancer des projets.
Les répondants de l’étude ont souligné que les bureaux d’emploi publics et privés se limitent à fournir des solutions provisoires et que la plupart des opportunités d’emploi sont destinées aux diplômés du supérieur.
L’étude qui a également porté sur le quartier Abou Salim à Tripoli (Libye) et la vieille ville de Salé à Rabat (Maroc) a mis l’accent sur l’impact psychologique du chômage sur les jeunes sans emploi.
La directrice des programmes à International Alert, Meriem Abdelbaki, a indiqué que, malgré le fait qu’il existe de nombreuses différences entre la Libye, la Tunisie et le Maroc, plusieurs points communs ont été relevés concernant, notamment, la perception de la corruption et du favoritisme, les pesanteurs bureaucratiques et administratives qui entravent la création de microprojets et l’incapacité des systèmes éducatifs à répondre aux besoins du marché du travail.