A l’occasion de la fête du 14 juillet, l’ambassadeur de France en Tunisie, André Parant, et son épouse, ont organisé une réception à la résidence de l’Ambassade de France en Tunisie, à La Marsa, en présence de plusieurs invités, Français, Franco-tunisiens, Tunisiens, Tuniso-français, et autres.
Dans son discours, il a souhaité «… très chaleureusement la bienvenue dans cette Résidence de France, témoin depuis plus d’un siècle et demi des relations qui unissent la France et la Tunisie… ».
Et le diplomate d’enchainer : « Merci d’être venus partager avec nous ce moment de convivialité et de réaffirmation de notre attachement commun à ces valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité dont le 14 Juillet est le symbole.
Merci tout particulièrement à vous, chers amis tunisiens, de l’honneur que vous nous faites de votre présence. Elle donne à ce rassemblement tout son sens et témoigne de la force des liens qu’une histoire mouvementée mais féconde a tissés entre nos deux pays et nos deux peuples. Une histoire dont il nous appartient, à nous, et demain à nos enfants, d’écrire une nouvelle page.
Notre relation est fondée sur l’amitié, le respect mutuel et la solidarité, des valeurs d’autant plus appréciables en ces temps incertains.
C’est dans l’épreuve, dit-on, que l’on reconnait ses vrais amis. Face aux défis auxquels elle est confrontée, la Tunisie sait qu’elle peut compter sur la France, comme la France sait ce qu’elle doit aux Tunisiens, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui.
Les défis actuels sont d’abord d’ordre économique et financier. Après la Révolution, l’appui de la France en faveur du développement de la Tunisie s’est fortement accru. Plus de 2 milliards d’euros ont été engagés depuis 2011 par l’Agence Française de Développement pour financer des projets dans les domaines des infrastructures, de la rénovation urbaine, du développement rural, de l’accès à l’eau et à l’assainissement, de la formation professionnelle des jeunes,…
Cet effort au bénéfice de la population tunisienne s’inscrit dans la durée et sera donc poursuivi, en pleine cohérence, bien entendu, avec les priorités définies par le Gouvernement tunisien.
Mais aujourd’hui, l’urgence frappe à la porte. Déjà affaiblie par le retard apporté aux réformes, par les conséquences de la crise libyenne et les attentats de 2015-2016, l’économie tunisienne a subi de plein fouet les effets la crise sanitaire. S’y ajoutent maintenant ceux de la guerre d’agression engagée par la Russie à l’encontre de l’Ukraine, qui fait planer une lourde menace sur les approvisionnements en produits de base et sur des finances publiques déjà très fragilisées.
Dans ce contexte, la France se tient aux côtés de la Tunisie et du peuple tunisien. Elle l’a démontré durant la crise sanitaire, en fournissant des quantités importantes de vaccins (près de 2 millions de doses), mais aussi de matériels et équipements divers destinés aux hôpitaux tunisiens.
Avec nos partenaires de l’Union Européenne et du G7, nous sommes mobilisés aujourd’hui pour aider la Tunisie à se prémunir autant que possible des conséquences de la crise ukrainienne, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement du pays en céréales.
Enfin, nous nous tenons prêts, avec les mêmes partenaires, à contribuer au succès des réformes qui seront entreprises par le gouvernement tunisien. Ces réformes sont au cœur des négociations qui viennent de s’engager avec le Fonds monétaire international, dont nous espérons qu’elles aboutiront rapidement.
Les défis à relever sont aussi d’ordre politique. Il y a 11 ans, les Tunisiennes et les Tunisiens forçaient l’admiration du monde, en exprimant avec courage leur aspiration à la démocratie et à la dignité. L’expérience a laissé à beaucoup d’entre eux des sentiments mitigés. On peut le comprendre : il y a sans aucun doute des leçons à tirer de ces 11 années, des correctifs à apporter.
Mais l’essentiel, comme en toutes choses, est de garder le cap. Car cette décennie fut aussi celle de nombreux acquis démocratiques ; ils ont valeur d’exemple dans la région.
Il revient à chaque nation, selon l’histoire qui est la sienne, d’inventer les moyens d’accomplir cette promesse démocratique.
La démocratie a ses exigences, irréductibles : le respect des droits et des libertés, l’égalité entre les citoyens, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance de la justice, une presse libre, une société civile plurielle et dynamique.
Le chemin qui y mène est long, semé d’embûches. La France le sait, qui a mis longtemps à le parcourir. Mais nous savons aussi que c’est le seul chemin qui, en faisant de chaque citoyen un acteur de son propre destin, garantit dans la durée la stabilité politique et le progrès économique et social. Sur ce chemin-là aussi, si la Tunisie le souhaite, et dans le plein respect naturellement de sa souveraineté, la France sera à ses côtés, comme elle fut, ces onze dernières années, aux côtés de celles et de ceux qui ont porté cette aspiration et dont je tiens ici à saluer l’engagement.
Parmi les multiples liens qui unissent la Tunisie et la France, il y a celui de la langue. Le dialogue entre le français et l’arabe est l’un des aspects les plus remarquables de la mosaïque culturelle tunisienne. Le français fait partie de l’histoire de la Tunisie, de sa mémoire. Elle est un élément de son identité et un atout pour l’avenir de sa jeunesse.
Le Sommet de la Francophonie, à Djerba, en novembre, sera l’occasion de célébrer notre appartenance commune à la grande famille francophone, et notre attachement commun aux valeurs sur lesquelles elle se fonde. La France, naturellement, prendra toute sa part au succès de cet important évènement, qui mettra la Tunisie à l’honneur.
Je veux aussi souligner l’importance que nous accordons à l’éducation et à la culture. C’est le sens de l’engagement de l’Institut français de Tunisie auprès de la jeunesse, à Tunis et en régions. Avec nos partenaires institutionnels et les acteurs de la société civile, je souhaite que nous fassions encore davantage pour favoriser l’éclosion d’une nouvelle génération ouverte sur le monde, qui verra dans les espaces francophones un horizon de projets et d’opportunités.
Dans une époque marquée par les crises, la France et la Tunisie font aussi face à des défis communs. Je pense à l’urgence climatique et à la transition écologique. Cette menace ne connaît pas de frontière. Elle réclame des solutions globales. Dans ce domaine également, nos deux pays peuvent et doivent agir ensemble.
Je voudrais enfin, devant cette large assemblée, dire ma fierté de représenter mes compatriotes, ici, en Tunisie. Cette fête est la leur.
Mes chers compatriotes, certains d’entre vous sont ici depuis longtemps et d’autres sont de passage ; certains d’entre vous partagent aussi nos deux nationalités, comme un pont entre nos deux rives. Ce qui nous rassemble, c’est un attachement commun à la France. Mais je sais aussi combien vous aimez ce pays qui vous accueille, ou qui vous a vu naître. Et je sais combien vous appréciez d’y vivre, et combien vous êtes sensibles à l’hospitalité de nos hôtes tunisiens, à la beauté du pays, à la richesse de sa culture.
Tout comme les Tunisiens de France, vous êtes le lien vivant entre nos deux pays. Un lien que chacun, à sa manière, là où il vit, là où il travaille, s’emploie à renforcer, jour après jour. Je vous en suis profondément reconnaissant… ».