Une rencontre en ligne sur la thématique “Passer au vert à l’ère du changement climatique en Afrique” a été organise vendredi 15 juillet 2022, et ce en prévision de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), qui aura lieu en Tunisie, les 27 et 28 août 2022.
Intervenant à ce webinaire, le représentant en chef de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) en Tunisie, Shuhei Ueno, a évoqué les approches adoptées par l’Agence en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique en Afrique.
Il a souligné la nécessité de mettre en œuvre l’accord de Paris, afin de renforcer l’inventaire des gaz à effet de serre, d’introduire et d’utiliser le financement climatique, et d’augmenter le nombre de pays soutenus dans la formulation et la mise en œuvre de plans stratégiques sur le changement climatique.
Changement climatique: les deux approches qui s’offrent à l’Afrique
Ueno est également revenu par la même occasion sur les deux autres approches pour faire face au changement climatique en Afrique, à savoir l’atténuation et l’adaptation.
La première prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment dans les secteurs de l’énergie et des transports, et par la culture et la restauration des forêts pour absorber le Co2.
L’adaptation, quant à elle, prévoit la construction d’une société résiliente face au changement climatique par la gestion des risques de catastrophes.
Pour sa part, le directeur de l’unité nationale de coordination du changement climatique et point focal national pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Mohamed Zmerli, a abordé les défis d’une économie plus verte.
Il a souligné les manifestations et les impacts du changement climatique, évoquant les possibilités de développer une économie verte et un développement durable grâce à un changement de paradigme.
“Les températures moyennes augmenteraient de 2 à 2,3°C à l’horizon 2050 en Tunisie, et de 4,1 à 5,2°C à l’horizon 2100 si le pays n’agit pas contre ces défis, a indiqué Zmerli. Les impacts du changement climatique en Tunisie menacent les ressources en eau, la sécurité alimentaire, la santé et l’emploi. Ils aggraveraient les problèmes sociaux comme la migration, la corruption et les conflits”.
D’après lui, il est désormais nécessaire de renforcer la résilience climatique, et ce par la conservation de l’eau, les nouveaux systèmes énergétiques, l’alimentation locale, l’éducation et les forêts urbaines pour réussir la lutte contre les changements climatiques.
Rôle du secteur privé…
De son côté, l’ambassadeur du Japon à Tunis, Shinsuke Shimizu, a souligné l’importance du secteur privé en Tunisie et des innovations des start-ups, notamment en ce qui concerne les “greenhouse”.
Il a formulé le souhait de voir la “TICAD8” se dérouler dans les meilleures conditions, notamment dans un contexte marqué par la propagation du coronavirus.
“Cette édition de la TICAD sera spéciale parce qu’elle se déroule en Tunisie, qui est à la fois proche du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Afrique. La Tunisie peut être une plateforme reliant le Japon à l’Afrique”, a-t-il déclaré.
Le diplomate japonais a fait état de la volonté de son pays d’aider la Tunisie à lutter contre le changement climatique et à faire face à la pénurie d’eau, citant des projets en cours pour le dessalement de l’eau.
Il a mentionné le monopole de la production d’énergie par les entreprises d’Etat, plaidant en faveur d’un appui aux producteurs d’énergie privés. “Nous sommes en train de négocier cela avec le Fonds Monétaire International pour soutenir le secteur privé.”, a-t-il dit à ce sujet.
Les importations d’énergie fossile creusent la balance commerciale
Dans le même contexte, la représentante résidente adjointe du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Tunisie, Eugena Song, a souligné la dépendance de la Tunisie à l’égard des importations d’énergie fossile, ce qui entraîne une hausse des prix et donc une détérioration de la balance commerciale. Elle a souligné l’impératif d’introduire les énergies renouvelables pour répondre aux contributions déterminées au niveau national (CDN).
Les besoins pour atteindre les objectifs de la CDN en Tunisie s’élèvent à 12 milliards de dollars, a-t-elle ajouté, affirmant qu’une fois réalisés, ces objectifs seraient rentables et générateurs d’emplois. “Ce serait une victoire pour un pays comme la Tunisie, d’autant plus que 35 % de sa population sont des jeunes”, a-t-elle lancé à ce sujet.
La responsable du PNUD a également indiqué que la suppression des subventions aux énergies fossiles et leur orientation vers l’investissement dans les énergies renouvelables serait une étape importante vers la transition énergétique.
Ont pris part au webinaire de vendredi, Adel Ben Youssef, professeur d’économie à l’Université Côte d’Azur, et Hamadi Boubakri, membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP).
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