A l’image de ses voyages, l’artiste-auteur-interprète-compositrice et musicologue Syrine Ben Moussa a fait de son concert ” Brises Maghrébines “, un subtil voyage musical au parfum métissé de l’Andalousie et du Maghreb en puisant encore une fois sur le patrimoine qui fut sa source d’enseignement et d’influence.

Après deux ans d’absence liée à la pandémie du Covid19, l’académicienne a affiché son retour -timide sur la scène tunisienne et dépassant sa volonté-, avec un concert hier soir au Théâtre de l’Opéra à la Cité de la culture Chedli Klibi, et ce dans le cadre de la Semaine du migrant créateur tunisien organisée par l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE) du 18 au 22 juillet 2022.

Cosmopolite, le public ayant réuni notamment un bon nombre d’artistes dont Leila Hjaiej, a été bercé par des morceaux espagnols, algériens, marocains et tunisiens le tout donné dans un véritable patchwork de mixités d’influences, de sonorités et de rythmes, inspiré de cet héritage musical ancestral mais aussi par de nouvelles créations qui ne sont autres que les mélodies et compositions spontanées de l’artiste, fruit de ses plusieurs années de recherches et de travail visibles dans ses nombreux spectacles essentiellement à l’étranger et particulièrement en Algérie, au Maroc et en France.

Emerveillé et par la voix envoûtante de Syrine Ben Moussa et de son jeu charismatique sur scène, un quadragénaire a insisté pour donner son témoignage : ” ce fut une véritable bouffée d’air pur et frais face à la pollution sonore qu’on nous propose ici et là par des soi-disant artistes qui gagent hélas du terrain et de notoriété “.

En effet, en dépit du manque d’opportunités, d’occasions et d’invitations pour monter sur la scène musicale nationale, Syrine Ben Moussa, adulée du public partout où elle se produit, a comme dans tous ses spectacles donné de toute son énergie vocale pour être en parfaite symbiose avec l’assistance en la gâtant d’un cocktail varié de malouf, de tarab, de flamenco…

Fidèle à sa démarche artistique qui consiste à préserver jalousement le patrimoine musical andalou et maghrébin et de le remettre au gout du jour loin des artifices, Syrine Ben Moussa, influencée par ses racines andalouses, native de Testour (fief par excellence des réfugiés hispaniques, musulmans et juifs sépharades), convie l’Andalousie en associant le chant mauresque et les classiques maghrébins aux traditionnels airs hispaniques.

Comme dans son spectacle de 2010 “Passerelles hispano-andalouses”, le Maghreb et l’Espagne se réunissent encore une fois le temps d’un spectacle, racontant en musique l’amour, la nostalgie des temps perdus et la richesse d’un héritage commun.

Musicologue et doctorante à la Sorbonne, l’artiste est également diplômée en langue espagnole d’où son intérêt pour les chants hispaniques et pour la poésie andalouse.
Par son talent d’auteur compositeur, Syrine Ben Moussa, a réussi à offrir à son public un travail élaboré à partir de poésies médiévales, d’adaptation et de traduction de textes arabes et hispaniques. dans un mélange harmonieux et flamboyant de chants andalous et de fioritures vocales

Syrine Ben Moussa est considéré comme l’une des rares voix féminines tunisiennes qui interprètent le Malouf et la musique classique maghrébine. Elle s’est produite dans plusieurs festivals dont la prestigieuse scène du théâtre de la ville de Paris, le Théâtre des Champs Elysées, l’Institut du Monde Arabe, le Festival de la médina de Tunis, le Festival international de Hammamet, le Festival des musiques andalouses d’Alger…