Selon nos informations, une commission spéciale du ministère des Finances s’est réunie, mi-juillet 2022, pour examiner le dossier de la Tunisian foreign bank “TFB“ (ex-Union tunisienne de banques), banque de droit français affiliée à la Fédération bancaire française et basée à Paris.

La commission a étudié les premiers résultats d’un audit approfondi engagé par le ministère des finances depuis janvier 2022 et les candidatures proposées pour l’acquisition de la part de l’Etat dans cette banque (14%).

Abou SARRA

S’agissant de l’audit proprement dit, il a été dicté par les problèmes de contreperformance auxquels la TFB a été confrontée, particulièrement ces dix dernières années.

Pour ne citer que les chiffres les plus récents, à fin 2020, le PNB de la banque baissait de 22,1% par rapport à 2019, pour à peine dépasser les 4 millions d’euros (M€). Déficitaire de presque 5,5 M€, le RBE donnait déjà le ton pour le résultat net qui était aussi déficitaire de 3,934 M€.

Premiers résultats de l’audit approfondi

Les premiers résultats de cet audit viennent de fuiter. Il s’agit globalement d’absence de vision et de stratégie, de mauvaise gouvernance, de la qualité des recrutements de cadres, de vente d’actifs à Paris, d’un climat social instable…

L’audit signale également un faible impact de la TFB sur la communauté tunisienne en France et en Europe à travers son faible maillage territorial mal adapté avec seulement 5 agences alors que, en sa qualité de banque de droit français, elle pourrait s’implanter dans tous les pays de l’Union européenne, du moins dans les pays où il y a une forte colonie tunisienne.

En outre, on reproche à la TFB de ne pas fournir de produits adaptés aux besoins des Tunisiens en Europe (prêts pour étudiants entre autres…).

Point d’orgue de ces contreperformances : le blâme et l’amende de 700 000 euros des autorités françaises de contrôle bancaire pour défaut de système de contrôle interne et pour manquement à ses obligations en matière d’organisation comptable.

Intérêt d’un investisseur britannique pour la TFB

Face à une telle situation, le gouvernement de Najla Bouden aurait décidé de restructurer la TFB et de vendre la participation de l’Etat tunisien au capital de la TFB à un partenaire stratégique.

L’objectif officiel recherché à travers cette proposition de cession est double : primo, améliorer la gouvernance de cette banque ; secundo, renforcer les capacités de la banque afin qu’elle exerce son principal métier, à savoir celui de collecter l’épargne des Tunisiens résidant en France et en Europe.

Pour mémoire, l’Etat a déjà tenté une première fois de la céder mais l’offre n’avait pas été intéressante (moins de 20 millions d’euros).

La commission spéciale du ministère des Finances a également examiné trois propositions de candidatures pour le rachat de la part de l’Etat tunisien, dont deux émanent de banques privées de droit tunisien – les noms des deux banques n’ont pas encore été révélés ; la troisième viendrait d’un groupe d’investissement britannique dénommé Envema Group, pas vraiment connu dans la sphère financière.

Potentiel de la TFB pour se développer en Europe

Des experts estiment que ce projet de cession partielle tombe à point nommé pour atteindre deux objectifs majeurs : oxygéner les finances de la TFB et la remettre sur la voie de la croissance, d’un côté, et valoriser le potentiel qu’elle recèle pour un plus grand déploiement en Europe, de l’autre.

Pour eux et abstraction faite de ses déboires, la TFB dispose de deux atouts : son positionnement à Paris au milieu de l’Union européenne avec laquelle la Tunisie réalise plus de 75 % de son commerce extérieur, et la disponibilité d’une clientèle potentielle de plus de 800.000 Tunisiens résidents en France et une communauté d’environ 30.000 Français en Tunisie.

Enfin un mot sur l’historique de la TFB. Créée en 1977, avec des fonds publics, le capital de la TFB est détenu par des institutions financières tunisiennes, dont 14 % pour l’Etat tunisien, 49,5 % pour la STB et 34 % pour la BH Bank.

Avec un capital social de 26,9 millions d’euros en 2020, elle dispose de cinq agences en France et d’une succursale offshore à Tunis à travers lesquelles elle exerce ses activités domestiques et internationales.