Le ministère de l’Equipement et de l’Habitat va lancer la construction d’une route expérimentale pilote intégrant des matériaux recyclés issus de la démolition du bâtiment et travaux publics (BTP).
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Ce projet a fait l’objet d’un accord de coopération signé mercredi 17 août 2022 à Tunis entre le ministère de l’Equipement et le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), un établissement public français.
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La construction de cette route expérimentale s’inscrit dans le cadre du projet ” Application de l’Innovation pour le développement d’une économie circulaire pour une construction durable en Méditerranée ” (RE-MED).
Doté d’un financement de 3,1 millions d’euros, dont 90% financé par l’Union européenne (UE), le RE-MED implique quatre pays, à savoir la Tunisie, la France, l’Italie et le Liban.
En effet, le projet prévoit aussi l’application de techniques innovantes tels que le Building Information Modeling et le diagnostic 3D par drone.
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Présentant les volets du projet, la ministre de l’Equipement, Sarra Zaafrani Zenzeri, a précisé qu’il est composé de deux tronçons de routes de 1 km chacun. Le premier qui servira de tronçon témoin, sera construit avec des matériaux classiques, alors que le deuxième, un modèle expérimental, sera construit à base de matériaux recyclés issues des déchets de démolition et de construction.
Les deux tronçons feront l’objet de comparaison et d’un monitoring de suivi de comportement utilisant les nouvelles technologies, a souligné la ministre, ajoutant qu’un guide de valorisation des déchets de construction et de démolition dans les infrastructures routières sera mis en place.
La route objet de l’expérimentation est la section de la Route Nationale N°3, du Pk 9 au Pk 11 située dans le gouvernorat de Ben Arous, a-t-elle indiqué, rappelant que le projet a été validé lors de la réunion interministérielle du 17 février 2022.
Zafrani souligne que le choix de cette route s’est basé sur des caractéristiques bien précises. Il s’agit d’une route en 2×2 voies qui permet la déviation de la circulation, outre l’absence de projet d’entretien en cours, et sa proximité des zones de production de granulats naturels, a-t-elle encore fait savoir.
L’accumulation anarchique des flux de déchets de construction, de démolition et de construction dans les décharges municipales, dans les dépotoirs sauvages, dans les rues et les espaces publics, a engendré une pollution de l’écosystème et une atteinte considérable à l’esthétique urbaine. Cette anarchie est parfois la cause principale et directe des inondations dans les villes, a précisé la ministre.
Et de poursuivre que le développement d’une gestion intégrée des déchets de construction et de démolition et de construction (DC&D) à des coûts optimisés est une condition de réussite de cette activité qui permettra la création et le développement d’un nouveau marché de déchets recyclés.
Ainsi, la rationalisation des ressources naturelles et l’émergence de nouvelles technologies, le développement du partenariat public/privé en matière d’économie verte, la création de PME et d’emplois durables favoriserons la transition vers une économie verte, souligne encore la ministre.
Le RE-MED qui fait partie du plus grand programme européen de coopération transfrontalière avec les pays méditerranéens, est piloté par le Cerema. Plusieurs établissements et départements dans les pays ciblés collaborent pour la réalisation de ce projet.
Il s’agit de l’Université de Palerme (Italie), le ministère tunisien de l’Environnement, Centre d’Essais et des Techniques de construction, Afrique Travaux, le ministère libanais de l’Environnement, le Syndicat Libanais des entrepreneurs des Travaux Publics et American University of Beirut.
L’Institut Supérieur des Sciences et Techniques des eaux de Gabès, l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Tunisie et l’Institut National de Normalisation et de la Propriété Industrielle, sont aussi des partenaires associés à ce projet.
En Tunisie, les déchets de construction et de démolition accumulés dans le pays depuis l’an 2000, ont atteint environ 8 millions de m3, dont 70% se trouvent dans les grandes villes côtières de Tunis, Sousse et Sfax.
Ces déchets, jetés en milieu naturel et dans des décharges anarchiques, constituent un grand potentiel qui pourrait être exploité dans le cadre d’une stratégie d’économie circulaire.