Après plus d’une quinzaine de soirées ayant meublé la saison artistique estivale à la capitale, la 56ème édition du Festival international de Carthage (FIC), organisé du 14 juillet au 20 août, à l’amphithéâtre romain de Carthage, a pris fin avec un concert de la star égyptienne Sherine. La chanteuse a fait son grand retour sur scène dans une soirée exceptionnelle durant laquelle elle a interprété ses plus belles chansons.
Des mélodies romantiques de son propre répertoire aux reprises de chansons des Divas comme Om Kalthoum, Sherine a conquis ses fans.
Il était clair que donner un spectacle en cette période n’a pas été assez évident pour la star à peine sortie d’un divorce suivi d’une dépression, largement médiatisés dans son pays et dans toute la région arabe.
Connue pour sa sensibilité extrême, la star s’est dite reconnaissante à son médecin qui l’accompagne lors de son séjour en Tunisie et qui l’a encouragée à monter sur scène. Emue, elle a confié que “la scène de Carthage m’a redonné vie”.
Venant clôturer en apothéose la 56ème édition, ce dernier spectacle de la saison 2022 a été précédé par d’autres soirées de quelques célébrités arabes au FIC dont la programmation était assez restreinte.
Eux aussi…
Pour son retour à Carthage, la super star Ragheb Alama avait de quoi émerveiller les foules impressionnantes de ses fans, majoritairement des femmes, dans un spectacle à guichets fermés. Son spectacle est une nouvelle consécration d’un succès et une créativité inépuisable qui dure depuis près de quatre décennies.
Saber Rebai, surnommé le “prince de la chanson arabe”, a fait un retour triomphal à Carthage dans un spectacle qui affichait complet. Les gradins de l’amphithéâtre romain de Carthage ont été pris d’assaut par les fans de l’artiste et dont le nombre dépassait la capacité d’accueil du théâtre estimée à 10 000 spectateurs.
Dans son spectacle instrumental ” Nasseer Shamma & the peace builders “, le luthiste irakien Nasseer Shamma et sa formation de solistes, de plusieurs nationalités, ont offert des sonorités pour l’humanité, l’histoire et un monde meilleur.
La magie de l’Orient est traduite dans des dialogues sonores qui embrassent l’histoire millénaire de nos sites en région arabe ; de Babylone et Erbil en Irak, à l’Arabie Saoudite jusqu’en Tunisie et le site de Carthage.
La Tunisie est un pays qui avait accueilli Nasseer Shamma depuis près de trois décennies et pour lequel l’artiste voue une grande admiration dont témoigne son choix d’y créer une nouvelle maison du luth.
Une orientation générale vers le patrimoine est constatée dans les grands spectacles tunisiens de la saison dont “Ocheg Eddenya”, une comédie musicale de Abdelhamid Bouchnak qui a fait l’ouverture du festival.
Le rituel de la Ziara a été reproduit dans ses moindres détails devant des foules en transe présentes au spectacle à succès Ziara de Sami Lajmi. Comme à chaque fois dans Ziara, plus de cent artistes en costumes traditionnels, hommes et femmes, se sont ralliés sur scène dans une œuvre artistique exceptionnelle qui a plongé certains spectateurs dans un état de transe, jusqu’à perdre conscience.
De l’univers mystique de la Ziara, s’est inspiré le compositeur Sami Lajmi dans un spectacle inédit portant le même nom. Ziara en dialectal tunisien signifie la visite rituelle des adeptes des multiples confréries soufies de Tunisie.
La Hadhra de Fadhel Jaziri, un show soufi vieux de plus de trente ans a fait son retour. Le concept de la spiritualité et du soufisme est traduit dans des éléments visuels dont les chorégraphies et les costumes traditionnels revisités. Ce spectacle s’est offert une cure de jouvence ; les instruments traditionnels ont cédé la place à un usage plus important des instruments occidentaux qui dominaient la scène.
La scène alternative tunisienne et arabe était représentée par des groupes tunisiens (Gltrah sound system), libanais (Adonis) et algériens (Labess et Gnawah diffusion).
Cette 56ème édition du Festival international de Carthage était dominée par les spectacles nationaux. Une sélection de 33 spectacles a été au line-up dont 15 spectacles tunisiens représentant 45% de la totalité du programme. Les spectacles du Monde arabe représentent 30% alors que les spectacles internationaux ne représentent que 8pc de la programmation totale.
Le comité d’organisation du FIC dit avoir essayé de satisfaire tous les goûts tout en tenant compte de la portée internationale de ce prestigieux festival. La conjoncture économique assez délicate dans le pays était parmi les défis évoqués, ce qui a contraint le comité directeur à opter pour une programmation favorisant les productions locales et des spectacles peu coûteux.
Dans le souci de se limiter à un budget qui ne dépasse pas les 60% de celui alloué au festival deux ans auparavant, la direction du FIC a sacrifié l’option des spectacles jugés coûteux.