Le Festival du cinéma méditerranéen de Tunisie “Manarat”, ce sont 80 invités, 30 films, 10 pays et 4 plages de 4 villes pour les projections (Ezzahra, banlieue sud), La Goulette (banlieue nord), Hammamet (Cap Bon) et Bizerte au nord) avec des prévisions qui tablent sur 5 000 entrées.
Après deux éditions réussies du festival MANARAT en 2018 et 2019 sous la direction de Chiraz Laatiri et Dorra Bouchoucha, ce festival a dû marquer une pause de deux années consécutives à la pandémie de de Covid-19.
Pour sa troisième édition, présidée par Nidhal Chatta, qui se tiendra du 30 août au 2 septembre 2022, Manarat s’emploie à permettre aux professionnels du cinéma mais aussi aux directeurs artistiques de festivals déjà bien implantés en Méditerranée comme le Cinemed de Montpellier ou le festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, d’engranger le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.
Repenser ce festival et ses aspirations humanistes est le maître mot. Mettre au coeur des préoccupations la nécessité de s’engager pour l’écologie, la sauvegarde de la biodiversité et la conservation des espaces naturels devient un impératif primordial.
Enfin, sera proposée au public de MANARAT une sélection des meilleurs films de toute la Méditerranée, longs et courts, ainsi que les films de jeunes réalisateurs fraîchement diplômés ou simplement autodidactes.
Au coeur de la Méditerranée, cette Mare Nostrum, scène des grandes épopées et tragédies antiques, la Tunisie, se veut envers et contre tout une terre d’échanges et de rencontres, d’espoir et de créativité. Pour réussir ce challenge, l’idée est de fédérer les jeunes talents de toute la Méditerranée autour de MANARAT, le phare métaphorique de cette jeunesse et de ses aspirations, à travers notamment le cinéma pour investir l’espace de la plage et son horizon, pour communier avec le public, la mer et l’Art.
Les 100 ans du cinéma en Tunisie : un pont entre le passé et l’avenir
Afin de construire un avenir, il est nécessaire de connaître son passé. Nietzsche affirmait même que pour engendrer l’avenir, il fallait féconder le passé. Dans cette perspective, MANARAT, comme l’a souligné le comité directeur lors d’une conférence de presse organisée mercredi 24 août 2022 à Ennejma Ezzahra, a souhaité pour son édition 2022 fêter les cent ans du cinéma tunisien et rappeler aux jeunes générations qui elles sont et d’où elles viennent. Ainsi, les invités du festival et le public pourront créer des liens, exposer, débattre et découvrir ce pays où les frères Lumière ont tourné leurs premiers films à la fin du XIXe siècle.
Dans ce contexte un hommage sera rendu à la mémoire du pionnier du cinéma tunisien Albert Samama Chikly et à son premier court-métrage tourné en 1922. D’ailleurs, ce centenaire sera célébré dans le palais du Baron d’Erlanger, qui fête lui aussi son centenaire cette année, l’espace même où ont été tournées des scènes de son film ” Aïn Ghazal ” dans le Jardin Persan du palais en 1923.
Ce dernier, devenu le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes, a accueilli plusieurs autres films durant ses cent ans d’existence et pas des moindres. Ainsi, Lotfi Essid, Alberto Negrini, Ferid Boughedir et Jerry Schatzberg y ont tourné des scènes devenues cultes.
A cette occasion, le festival MANARAT projettera un film documentaire inédit réalisé par Lotfi BAHRI retraçant les moments les plus forts du cinéma tunisien. ” Panorama : cent ans du cinéma Tunisien ” sera ainsi présenté en première mondiale lors de la cérémonie organisée à cette occasion au Palais du Baron d’Erlanger.
Exposition “Les cent ans du cinéma en photo”
Pour annoncer le centenaire de la première projection du film tunisien ” Zohra ” de Samama Chikly sorti le 21 Décembre 1922 à Tunis, le Festival Manarat et l’Association Ciné-Sud Patrimoine avec le soutien de la Cinémathèque de Bologne organisent une exposition de 100 photos sur l’univers de ce pionnier de la photo et du cinéma.
L’accent sera mis sur son film ” Zohra ” avec des photos du tournage et de son actrice principale Haydée Tamzali qui n’est autre que sa fille. Elle n’avait à l’époque que 16 ans. Les photos de cette exposition mise en place par le cinéaste Mohamed Challouf, proviennent du Fond Samama Chikly qui, depuis 2015 est conservé à la Cinémathèque de Bologne avec ceux d’autres grands cinéastes comme Charlie Chaplin, Pierre Paolo Pasolini ou encore de Bernardo Bertolucci.
Et parce que Manarat est un festival qui ne se limite pas seulement à des projections de films, il se veut aussi un tremplin pour les cinéastes méditerranéens. Le projet Manarat avec son “MANARAT CAMP”, les Master-class et les tables rondes se dérouleront lors de cette édition spéciale dans le palais du Baron d’Erlanger.
Huit à dix jeunes réalisateurs fraîchement diplômés venant de tout l’espace méditerranéen seront sélectionnés afin de participer à des journées de formation avec à la clé des projections de leurs films. Le but est d’aider ces espoirs du cinéma de demain à envisager une carrière professionnelle. Leurs films seront analysés par des intervenants professionnels et universitaires. Les cinéastes auront par ailleurs aussi accès à toutes les projections et activités du festival.
Le Master-class “De l’image fixe à l’image sous-marine : regards et technicité” se veut ainsi une plateforme de formation dédiée aux jeunes cinéastes de toute la Méditerranée. Les master-class offriront un programme intense et ciblé à destination des jeunes et de toutes les personnes intéressées par les métiers du cinéma et de l’audiovisuel.
Ces master-classes seront au nombre de trois :
– le 31 août ” Filmer sous les mers ” par Nidhal Chatta / Slim Medimegh,
– le 1er septembre “La prise de vue : Mise au point sur un métier variable” avec Hassen Amri
– le 2 septembre ” Image et films à petits budgets ” : Etude de cas avec Imed Aissaoui. Les tables rondes “CULTURE ET BIODIVERSITE” qui se tiendront le 1er Septembre, seront une opportunité de fédérer des opérateurs venant de toute la Méditerranée pour une journée de collaboration et d ‘échange.