Au regard des discours bellicistes que certaines parties tiennent à son endroit, l’Algérie serait dans le collimateur d’une alliance hostile. Qui est chargé d’en assurer la sous-traitance voire la sale besogne ?
Le principal prétexte invoqué par cette alliance serait les facilités accordées pour favoriser un rapprochement entre le Front Polisario (mouvement indépendantiste au Sahara Occidental) et le mouvement Hezbollah libanais réputé pour être l’ennemi juré de l’Etat d’Israël et bras armé de l’Iran à l’international.
“Le Maroc dispose de preuves irréfutables, de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le Polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du royaume”, déclarait en 2018 le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita…
Pour protéger ses arrières, l’Algérie va adhérer aux BRICS
L’Algérie, l’une des plus importantes puissances militaires d’Afrique, aux côtés de l’Egypte et l’Afrique du Sud, s’est employée à se forger de nouvelles alliances stratégiques à travers le monde.
Hasard ou pure coïncidence, début août 2022 et concomitamment avec la déclaration du prédicateur Ahmed Raissouni, le président algérien Abdelmajid Tebboune a fait état de la volonté de son pays de “diversifier ses amitiés“ et ses “relations politiques et stratégiques“. Il a évoqué la possibilité que l’Algérie adhère aux BRICS, acronyme désignant un groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels, en l’occurrence le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
« Les BRICS nous intéressent car ils permettent de s’éloigner de l’attraction des deux pôles, a récemment déclaré Tebboune, dans un entretien télévisé. Ils constituent une force économique et politique ».
Il a en outre souligné qu’il ne fallait pas « devancer les événements » mais qu’il y aurait « de bonnes nouvelles », faisant valoir qu’il faut des conditions économiques pour intégrer les BRICS, et que l’Algérie remplit une bonne partie de ces critères.
L’Algérie renforce sa coopération militaire avec la Russie
Mieux, l’Algérie a décidé d’approfondir sa coopération militaire avec la Russie. Les deux pays ont convenu d’effectuer, au mois de novembre prochain, des exercices conjoints de lutte contre le terrorisme à la frontière avec le Maroc. Apparemment ces exercices interviennent en réponse à ceux organisés annuellement par l’AFRICOM à partir du Maroc…
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Cependant, ces exercices ne sont pas les premiers exercices conjoints entre Moscou et Alger. Les exercices inauguraux ont eu lieu en octobre 2021 dans la région de l’Ossétie du Nord, dans le but d’accroître l’efficacité des deux armées, mais aussi d’optimiser la préparation de leurs organes de direction pour poursuivre la coopération conjointe dans la lutte contre le terrorisme.
Selon le Kremlin, les nouvelles manœuvres (de novembre 2022) seront effectuées sur la base de Hammaguir, située dans la province algérienne de Béchar, près de la frontière avec le Maroc et à 700 kilomètres de Melilla.
Ils ont ajouté que 80 soldats russes participeront à l’exercice, aux côtés d’unités des forces armées d’Algérie, d’Égypte, du Kazakhstan et du Pakistan.
A travers ces exercices conjoints, l’Algérie est peut-être en train de favoriser l’implantation de la Russie en Afrique du Nord. D’ailleurs, d’après les observateurs, le choix de la province de Béchar ne serait pas anodin. La Russie tente toujours d’étendre son influence en Afrique du Nord afin de renforcer sa présence sur le continent. Cela coïncide avec la présence de mercenaires Wagner dans des pays africains comme le Mali, la Libye, le Mozambique et la République centrafricaine.
La France, allié historique de l’Algérie, prend le train en marche
Consciente de ces nouveaux enjeux géostratégiques, la France aurait décidé de prendre le train en marche et de s’y impliquer. Emmanuel Macron… a accepté l’invitation du président algérien pour visiter l’Algérie (les 25, 26 et 27 août 2022).
L’objectif est de relancer les relations et apaiser les tensions entre les deux pays. En effet, cette visite doit permettre de clore plusieurs mois de crise diplomatique sur la question mémorielle entre les deux pays.
«Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l’avenir au bénéfice des populations des deux pays, à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d’apaisement des mémoires », lit-on dans un communiqué de l’Elysée annonçant cette visite.
Abstraction faite de ces enjeux, l’Algérie, puissance gazière et pétrolière, est d’un grand intérêt pour l’Union européenne dans son ensemble après les tensions du Vieux continent avec la Russie en matière d’approvisionnement en gaz naturel russe suite à la guerre russo-ukrainienne.
L’Algérie, pays voisin, est également d’un grand intérêt pour la Tunisie dans la mesure où tout ce qui peut arriver à ce pays risque de se répercuter sur notre pays.
Abou Sarra