Le marché commence à manquer de beaucoup de produits de base: médicaments, sucre, café, riz, semoule, farine, huile végétale, tabac, carburants, toutes sortes de produits à base de sucre, etc.
Le marché tunisien n’est pas habitué à ce genre de pénuries. Et le consommateur est un peu sous le choc de ces pénuries en plus de l’inflation galopante. Mais il faudrait que l’on sache que la pénurie semble s’installer dans la durée. Il ya une chose commune à tous ces produits. Ils sont tous le monopole de l’État.
Pourquoi ces pénuries
Tous les produits concernés par les pénuries sont importés par des entreprises publiques qui en ont le monopole. Ces entreprises sont victimes de mauvaise gestion certes, mais c’est aussi l’État qui a mis ses propres entreprises en difficultés. Les graves problèmes des finances publiques tunisiennes se sont répercutés sur les entreprises publiques.
Voici un exemple: l’État doit payer à la STIR la subvention relative aux carburants, mais la trésorerie de l’État ne permet pas de faire ce paiement. En même temps la STIR doit payer à l’ETAP le prix du pétrole brut qui lui est fourni par l’ETAP. L’État propose à la STIR de ne pas payer l’ETAP. La même chose se passe avec la STEG. De ce fait l’ETAP devient incapable de payer ses fournisseurs et ses partenaires.
Et c’est ainsi que la crise s’installe et se généralise par un effet de dominos. Un autre exemple significatif concerne l’Office des Céréales qui, ne recevant pas la subvention de compensation, s’endette auprès des banques jusqu’à dépasser toutes le limites de l’endettement raisonnable.
Résultat: Les entreprises publiques accumulent des factures impayées auprès de leurs fournisseurs et des montagnes de dettes auprès des banques. Les entreprises publiques ont ainsi perdu la confiance de leurs fournisseurs et des banques locales et étrangères.
Pour pouvoir importer les entreprises publiques sont désormais tenues de payer au comptant, et parfois même d’avance avant le départ du bateau du port d’embarquement. Il est important de signaler à ce propos que celui qui ne fait pas confiance aux entreprises publiques ne fait pas confiance à l’État.
La solution
Il est important de signaler au préalable que certains de ces monopoles ne sont plus justifiés aujourd’hui. Que fait l’État tunisien dans le commerce du thé, du café, du sucre, du riz, de l’huile végétale ou dans la fabrication de cigarettes. Des entreprises publiques qui jouissent d’une situation de monopole et qui se permettent de perdre de l’argent jusqu’à se mettre dans une situation de faillite.
En ce qui concerne les entreprises publiques qui doivent rester dans le giron de l’État il est impératif qu’elles regagnent la confiance de leurs fournisseurs et des banques. Pour cela il faudrait régler tous les impayés des entreprises publiques auprès de leurs fournisseurs et ramener les engagements bancaires de ces entreprises à des niveaux compatibles avec leur volume d’activité.
Mais ceci impliquerait toute une stratégie de sauvetage de l’économie et des finances publiques tunisiennes. Stratégie que ne peut élaborer et mettre en œuvre qu’un gouvernement fort capable de sacrifier tout avenir politique.
Ceci implique aussi que l’État sorte de son mutisme, communique avec les citoyens. Il est aussi nécessaire que l’État abandonne sa politique de déni total et de fuite en avant. Les réformes politiques sont importantes certes, mais le vrai défi pour la Tunisie aujourd’hui est un défi économique, financier et social. Le citoyen tunisien le vit désormais tous les jours.