Les prix internationaux du blé pourraient augmenter de 34% durant la campagne 2022/23, si les capacités d’exportation de l’Ukraine devaient être réduites à néant et les exportations russes de blé baisser de 50%, selon l’un des scenarios développés par l’OCDE dans le cadre d’une étude publiée récemment sur les “Effets de l’agression russe contre l’Ukraine sur les marchés agricoles et conséquences pour l’action publique”.
Etant donné les incertitudes actuelles, les conséquences qu’aura l’agression russe sur les marchés agricoles à l’avenir sont difficiles à anticiper. Elles dépendront principalement de l’évolution des approvisionnements ukrainiens et des restrictions imposées par la Russie à ses exportations, explique l’OCDE.
Cependant, l’organisation a simulé plusieurs scénarios envisageant différentes répercussions sur les niveaux de récolte et d’exportation de toutes les productions végétales de l’Ukraine, ainsi que sur les niveaux d’exportation de blé russe pendant la prochaine campagne (2022/23).
Les différentes hypothèses
Dans l’hypothèse où les possibilités d’exportation de l’Ukraine sont réduites à néant, c’est-à-dire où elle (Ukraine) peut mener à bien les récoltes sur pas plus de 25% de ses terres, la hausse du prix mondial du blé devrait atteindre 19%.
Dans le scénario extrême, dans lequel en plus les exportations russes sont inférieures de 50 % à leur niveau habituel, les prix du blé augmentent de 34 % par rapport à une situation sans agression russe. Dans ce scénario, les exportations de blé cumulées de la Russie et de l’Ukraine sont amputées de 36 millions de tonnes, mais d’autres pays sont poussés par la hausse des cours internationaux à accroître leurs exportations de 16 millions de tonnes, et ce en partie, en augmentant leur production et en partie en puisant dans leurs stocks.
De nouvelles augmentations des prix du blé et d’autres produits agricoles seraient préjudiciables à la sécurité alimentaire mondiale et pourraient amplifier la hausse du nombre de personnes sous-alimentées qui s’est amorcée récemment, à la suite de la pandémie de COVID-19.
L’OCDE explique que depuis février 2022, les capacités de récolte et d’exportation de produits végétaux de l’Ukraine sont affaiblies par l’agression lancée contre elle par la Russie. L’Ukraine est le premier producteur mondial de graines de tournesol et un important exportateur de blé, de colza, d’orge, d’huile végétale et de maïs.
En Russie, aucune perturbation majeure de la production végétale n’est anticipée, mais des incertitudes pèsent sur les capacités d’exportation, même si les produits alimentaires et les engrais échappent jusqu’à présent aux sanctions internationales. La Russie est le premier exportateur mondial de blé et un important exportateur d’orge et de graines de tournesol. Elle fait aussi partie des principaux exportateurs d’énergie et d’engrais.
La diminution des capacités d’exportation de l’Ukraine et de la Russie et le renchérissement de l’énergie et des engrais poussent les prix alimentaires internationaux à la hausse et menacent ainsi la sécurité alimentaire mondiale.
Plaidoyer pour une fin rapide de la guerre…
L’Organisation considère qu’une fin rapide de la guerre serait la meilleure issue pour les nombreux ménages qui ont besoin de produits alimentaires sains et abordables et pâtiront le plus de l’envolée des prix.
A court terme, il conviendrait en priorité d’apporter un soutien logistique à l’Ukraine pour lui permettre d’exporter ses produits agricoles.
En outre, l’ouverture des échanges internationaux de produits alimentaires et d’engrais devrait être préservée pour permettre les ajustements commerciaux nécessaires et empêcher que la guerre n’accentue l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
Des mesures visant à accroître l’offre ou à réduire la demande de produits agricoles devraient aussi être envisagées, mais elles seront plus efficaces à moyen terme.