Fitch Ratings a indiqué, jeudi 15 septembre 2022, que l’accord signé entre le gouvernement tunisien et la centrale syndicale (UGTT), renforce la probabilité de signature d’un accord avec le FMI.
“La Tunisie continuera de bénéficier d’un soutien international et pourra conclure un accord avec le FMI au deuxième semestre 2022… Le déblocage de ces financements supplémentaires de la part des créanciers officiels serait en novembre-décembre”, a estimé l’agence de notation, dans une publication sur son site officiel. En effet, le gouvernement de Najla Bouden est parvenu à signer, jeudi, un accord avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) sur une augmentation de 3,5% du salaire brut dans le secteur public sur la période 2023-2025, après des mois de négociations.
La signature de cet accord sur l’augmentation salariale dans le secteur public, une revendication au cœur d’une grève ayant paralysé en juin 2022 la Tunisie, “supprime un obstacle majeur à un programme de prêt du FMI”, a relevé Fitch Ratings.
“Nous considérons ceci comme essentiel à la liquidité externe et à la cote de crédit de la Tunisie. Cela vient après l’amélioration de la performance budgétaire sous-jacente de la Tunisie au premier semestre 2022, bien que le déficit annoncé ait été atténué par le report du paiement des dépenses de compensation”.
Selon l’agence de notation, le gouvernement tunisien a progressé dans la gestion de la position budgétaire sous-jacente au premier semestre 2022, “même si le resserrement des liquidités a pu jouer un rôle. La collecte des recettes a été solide (…), tandis que les dépenses salariales semblent se rapprocher des niveaux prévus dans le budget 2022 et seront probablement contenues à moyen terme, grâce à l’accord avec le syndicat”.
Fitch Ratings rappelle que le gouvernement a annoncé un déficit budgétaire de 471 millions de dinars au premier trimestre 2022, soit 0,3 % des prévisions de l’agence de notation pour le PIB nominal.
De nouveaux financements substantiels engagés ou accélérés par les créanciers officiels depuis mars, ont déjà permis à la Tunisie de commencer à rattraper son retard dans le paiements des subventions, a rappelé FR.
“L’Office des céréales, chargé d’acheter des produits alimentaires sur le marché international et de les distribuer à moindre prix en Tunisie, n’a pas reçu de nouveaux transferts de l’Etat pour couvrir les coûts des subventions entre mars et juin et a eu recours à des emprunts auprès de banques publiques avec une garantie de l’Etat” .
Le gouvernement a également reporté certains paiements relatifs à la compensation, à la STEG, qui fournit de l’électricité et du gaz subventionnés. Les arriérés accumulés au cours du deuxième trimestre de 2022 se sont élevés à au moins 800 millions de dinars, soit 0,6% du PIB, d’après la même source. L’agence de notation a par ailleurs, indiqué qu’elle prévoit que les dépenses globales en subventions en 2022, soient équivalentes à 8,2 % du PIB, contre 1,5 % pour le premier semestre 2022.
Ceci, combiné à une augmentation des dépenses d’investissement au deuxième semestre 2022, sous-tendra un déficit budgétaire beaucoup plus large à la fin de l’année.
“Si les dépenses de subvention avaient été égales à leur niveau de 2021, le déficit de l’année 2022 serait plus proche de 4,5 % du PIB, alors que nos prévisions actuelles sont de 8,5 %”.
Bien qu’elle prévoit la signature de l’accord entre la Tunisie et le FMI en novembre-décembre, Fitch Ratings souligne que son scénario de base comporte des risques.
De nouveaux retards dans la conclusion d’un accord avec le FMI ou dans la mise en œuvre de réformes, entraînant une nouvelle détérioration des indicateurs de viabilité de la dette tunisienne, pourraient conduire le FMI à exiger de la Tunisie qu’elle restructure sa dette”, lit-on dans la publication de FR.
“Des signes indiquant qu’un défaut devenait plus probable, pourraient entraîner une dégradation de la note ” CCC ” de la Tunisie”, prévient l’agence de notation.