En dépit de l’amélioration de l’approvisionnement en certains produits alimentaires (sucre et eau entre autres) et les tentatives des hauts fonctionnaires de l’Etat de rassurer les Tunisiens sur leurs provisions, les supermarchés continuent à être pris d’assaut, notamment à chaque annonce de l’arrivée de certains produits en rupture de stock au cours des dernières semaines.
Ainsi, dans un supermarché de la capitale, les rayons se vident et se dégarnissent beaucoup plus rapidement qu’ils ne sont garnis, a constaté un journaliste de la TAP.
Boissons gazeuses, eaux minérales, poulets de chair, sucre, café… l’éventail est toujours large des produits qui manquent parfois. Se déambulant avec son chariot, Mongi (45 ans, marié) affirme devoir faire plusieurs supermarchés par jour, avant de pouvoir trouver de quoi garnir son chariot.
“On a entendu parler des promesses de certains supermarchés pour l’approvisionnement en produits de base au cours des prochains jours, alors j’essaye d’être présent au bon moment”, dit-il, en jetant un coup d’œil sur les rayons passablement fournis et en désordre.
La faut au consommateur lui-même
Pour Rafâa Dhaoudi, responsable des achats dans ce supermarché, “ce sont les consommateurs qui provoquent le non-réassortiment des rayons”, Cela n’a qu’une seule explication, selon lui: “les consommateurs tunisiens sont pris d’une frénésie d’achat”. De ce fait, on a du mal à tenir parce que les gens se jettent dessus”.
Tout le monde aux aguets
Cette situation, qui dure depuis plusieurs mois en Tunisie, à part quelques semaines de répit, a mis tout le monde (producteurs, distributeurs et consommateurs) sur le qui-vive et incité le consommateur à faire son propre stock.
Il s’agit de faire face à la situation, si les pires scénarios venaient à se réaliser. “Que devons-nous faire !”, s’interroge Hajer, 26 ans, qui se précipite vers le rayon du sucre pour en acquérir un ou deux kilogrammes de ce produit en vente restrictive.
Stocker chez soit dès qu’on le peut…
Une autre consommatrice qui préfère garder l’anonymat avoue détenir d’importantes quantités de sucre pour parer à toutes les éventualités. Pour cette dame de plus de 50 ans, il s’agit surtout de faire face à l’augmentation des prix, qui va de pair avec ces pénuries.
En effet, durant les deux dernières semaines, les prix de plusieurs produits ont augmenté, tels que les yaourts (+40 millimes), l’escalope (+2 dinars), l’eau minérale (entre 50 et 100 millimes pour certaines marques) et les boissons gazeuses (+40 millimes).
” Des changements dans les prix sont effectués chaque jour” reconnaît la caissière dans ce supermarché, tout en ajoutant avec une sorte de fatalisme, ” les prix s’envolent ” et le consommateur ne peut que les constater.
A cet égard, Salah, quinquagénaire, affirme qu’” à ce rythme on n’arrive jamais à arrondir la fin du mois “.
Inquiétude grandissante et qui se prolonge
Ce fonctionnaire qui faisait ses emplettes dans le supermarché ne cache pas ses inquiétudes par rapport à cette hausse continue des prix: ” actuellement mon budget est très serré… “.
Idem pour Mahmoud, retraité de la fonction publique. “Ma retraite ne me permet plus de bénéficier de tous les produits”, nécessaire à une nutrition équilibrée tels que les fruits, note-t-il.
Quant à Mohsen, 72 ans, il s’interroge: ” Comment peut-on survivre avec une telle hausse des prix, sans avoir des augmentations de salaires ?”
Dans une tentative de donner une explication à cette hausse, le responsable des achats montre de doigt l’inflation due aux problèmes économiques héritées du passé. Il redoute toutefois que la guerre en Ukraine, la sécheresse qui sévit dans plusieurs pays et l’épidémie de COVID-19 n’enveniment encore la situation.