Le premier Salon international de la transition énergétique en Tunisie se tiendra les 19, 20 et 21 octobre 2022 à Tunis, à l’initiative de la Chambre syndicale du photovoltaïque (CSPV), en collaboration avec l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).
Il s’agit d’une expo-conférence (qui se tendra à l’UTICA) qui aura pour thème “Le développement durable en Tunisie” et qui réunira tous les acteurs du secteur de l’énergie renouvelable, privés et publics, ainsi que des hauts responsables et représentants d’institutions publiques et privées tunisiennes et étrangères.
Ali Kanzari, président de ladite Chambre syndicale, assure que “le secteur privé prévoit d’investir environ 10 milliards de dinars (environ 3 milliards de dollars) pour réaliser 80% de l’objectif du Plan solaire tunisien (PST), à l’horizon 2030, qui consiste à déployer 4 500 mégawatts (MW) d’énergie renouvelables durant les 7 prochaines années”.
La manifestation mettra l’accent sur le rôle du secteur privé dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement durable en Tunisie et dans la réalisation des objectifs du PST.
Au cœur de ce conclave, les énergies renouvelables (EnR) en Tunisie, toutes filières confondues, et leur rôle dans la transition vers une économie bas-carbone. Cette manifestation mettra le point sur la responsabilité collective de l’ensemble des acteurs et agents économiques publics et privés, dans la réalisation du développement durable en Tunisie.
“Pour atteindre cet objectif, il est temps de resserrer les coudes et de lever toutes les barrières d’ordre législatif, administratif, et financier que ce soit au niveau du gouvernement ou des principaux acteurs du secteur de l’énergie en Tunisie (STEG, ANME et autres bailleurs de fonds…)”, a déclaré Kanzari, lors d’une rencontre organisée dans les locaux de la centrale patronale, en prévision du Salon international de la Transition énergétique
Une chance pour devenir exportateur d’électricité verte vers l’Europe
La Tunisie pourrait saisir l’opportunité de la crise énergétique actuelle engendrée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, pour rattraper le retard affiché en matière de déploiement des énergies renouvelables, accélérer la transition énergétique et pourquoi pas devenir un exportateur d’énergie verte vers l’Europe, ont recommandé les responsables présents à la rencontre.
“Les pays de la rive nord, grands consommateurs d’énergie pourraient s’approvisionner en électricité verte des pays de la rive sud de la Méditerranée, y compris la Tunisie et le Maroc.
Déjà la Grande Bretagne a fait recours au Maroc pour l’approvisionner, via l’Atlantique, en énergie verte pour se préparer aux vagues de froid attendues les prochains hivers”, a fait remarquer Kanzari.
La Tunisie, qui bénéficie d’un positionnement stratégique pourrait faire de même avec des meilleures conditions compte tenu de sa proximité de l’Europe. ” Il suffit d’une interconnexion à travers la Sicile, qui est seulement à 200 km d’El Haouaria, ou à travers le nord de Rome (environ 800 km des côtes tunisiennes), où se trouvent les réseaux centraux de transport d’électricité vers l’Europe occidentale, pour exporter de l’énergie verte produite en Tunisie vers l’Europe”, a développé le responsable.
Le premier Salon de la transition énergétique sera, a-t-il dit, une occasion pour rappeler la nécessité d’accélérer cette transition en Tunisie, pays dotée aujourd’hui de tous les avantages (prix moins chers, proximité de l’Europe, maîtrise des technologies…) pour réaliser à la fois son autonomie énergétique, atteindre ses objectifs climatiques et devenir un exportateur et fournisseur d’énergie verte vers l’Europe.
5 000 visiteurs attendus
Cette question de l’export d’énergie verte sera soulevée dans le cadre de cet évènement, organisé dans le cadre du partenariat énergétique tuniso-allemand avec l’appui de la GIZ et de l’AHK, la STEG et l’ANME.
Environ 5 000 visiteurs sont attendus à cette expo-conférence qui comprendra également des panels sur les thématiques : “L’énergie solaire PV en Tunisie : état des lieux & perspectives de développement”, “Le climat d’affaires et sources de financement nationales et internationales et le stockage de l’énergie”, “Mobilité électrique et hydrogène vert”. Des exemples réussis de financement vert seront également présentés à cette occasion.
Pour rappel, en dépit d’une volonté affichée, la Tunisie n’a déployé jusqu’à ce jour qu’une capacité de 477 Mégawatts (MW) d’énergie renouvelable, dont 245 MW d’éolien, 160MW de solaire photovoltaïque dans le secteur résidentiel, 40MW en autoconsommation Moyenne Tension (MT), 20MW de projets de la STEG (Tozeur 1 et Tozeur 2) et 12 MW PV dans le cadre du régime des autorisations.
Aujourd’hui, plusieurs contraintes persistent et font que la part des EnR dans le mix électrique n’est actuellement qu’à 3 %. Un taux très en-deçà de l’objectif escompté pour un pays qui dispose du “sol, du soleil et des compétences humaines requises pour aller loin sur la voie de la transition énergétique”, a estimé le président de la CSPV.