La Tunisie va adhérer à l’initiative ” Commerce guidé ” qui sera lancée le 7 octobre 2022, par le secrétariat de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale (ZLECAf), à l’occasion de la tenue de la 10ème réunion du Conseil des ministres chargés du Commerce de cet accord, les 7 et 8 octobre 2022 au Ghana.
La Tunisie fait partie des 8 premiers pays africains (Egypte, Ghana, Cameroun, Rwanda, Kenya, Tanzanie et l’Ile Maurice) qui se préparent à lancer la ZLECAf, et ce dans le cadre de ladite initiative, rappelle le ministère tunisien du Commerce et du Développement des exportations.
Le secrétariat de la ZLECAf incite les pays africains à concrétiser l’accord de création de cette zone de libre-échange, dont le lancement était prévue auparavant en janvier 2021, en mettant à leur disposition des facilitations spécifiques de logistique, telle que la conclusion d’un accord avec des sociétés de transport et de logistique afin d’assurer l’accompagnement des marchandises qui seront exportées dans le cadre de l’accord de libre-échange sur le marché ghanéen comme expérience pilote.
Concrètement, le secrétariat de la ZLECAf a mis en place 5 critères pour accepter l’adhésion d’un pays à l’initiative ” Commerce guidé ” : l’envoi de l’offre tarifaire des biens temporaires, le choix des entreprises exportatrices et les produits à exporter, la création d’un comité Ad hoc pour assurer le suivi de l’initiative et la coordination avec le comité créé par le secrétariat à cette fin, outre la publication d’un texte juridique relatif à l’offre tarifaire temporaire.
Pour ce faire, la Tunisie vient de déposer l’offre préliminaire auprès du secrétariat de la ZLECAf et a mis en place un comité ad hoc regroupant les représentants des parties prenantes (ministères du Commerce, du Transport et des Affaires étrangères, la BCT, la douane, l’UTICA, la Chambre de commerce et de l’industrie de Tunis…).
La Tunisie a déjà préparé le certificat d’origine qui constitue un élément clé des négociations de l’accord de libre-échange et déterminent pour le pays.
Selon le ministère, ce certificat sert à prouver l’origine des marchandises pour satisfaire les exigences douanières ou commerciales et atteste qu’elles sont originaires de la Tunisie.
Entrée en vigueur depuis le 30 mai 2019, la ZLECAF vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde ayant le potentiel de rassembler plus de 1,2 milliard de personnes avec un PIB de plus de 2 500 milliards de dollars.
La Tunisie a officiellement adhéré, le 22 juillet 2020, à cette zone continentale
Selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la mise en œuvre de la ZLECAf pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3% en éliminant les droits de douane à l’importation, et le doubler si les obstacles non tarifaires sont réduits.
La ZLECAf devrait jouer, selon la CEA, un rôle significatif dans le redémarrage des économies africaines, en réduisant la fragmentation des marchés africains et en soutenant, à moyen et long termes, les stratégies nationales de développement, outre le renforcement de la capacité de résilience des pays aux chocs futurs.
Pour la Banque Mondiale, la mise en œuvre de la ZLECAf pourrait, accroître le revenu régional de 7 % (soit 450 milliards de dollars), accélérer l’augmentation de la rémunération des femmes et sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035.
Selon son rapport sur le ZLECAf publié, en 2020, cet accord représente une véritable occasion pour stimuler la croissance, réduire la pauvreté et élargir l’inclusion économique dans cette région.
Les mesures de réduction des freins bureaucratiques et de simplification des procédures douanières au sein de la ZLECAf devraient être à l’origine de la plus importante hausse de revenus, précise le document.
La libéralisation des tarifs douaniers, de même que la réduction des barrières non tarifaires comme les quotas et les règles d’origine, permettraient d’augmenter les revenus de 2,4 %, soit environ 153 milliards de dollars.
Les 292 milliards de dollars restants proviendraient des mesures de facilitation du commerce qui limitent les formalités administratives, abaissent les coûts de mise en conformité pour les sociétés commerciales et facilitent l’intégration des entreprises africaines dans les chaînes logistiques mondiales.
Toujours selon le rapport de la BM, la ZLECAf stimulerait également de manière significative le commerce africain, en particulier les échanges intrarégionaux dans le secteur manufacturier. Les exportations intracontinentales augmenteraient de 81 % et de 19% avec les pays non africains.
En cas de mise en œuvre de l’accord, les prévisions tablent sur une hausse 10,5% des femmes et de 9,9% de ceux des hommes d’ici à 2035. Elle permettrait, également, d’augmenter de 10,3 % le salaire des travailleurs non qualifiés et de 9,8 % de ceux des travailleurs qualifiés.