Une table ronde intitulée ” Le navire de la culture tunisienne dans un océan de crise ” était au programme de la journée finale de l’édition 2022 de la Foire internationale du livre de Riyad, en Arabie saoudite, dimanche 9 octobre 2022.
La Tunisie était à l’honneur à ce rendez-vous littéraire d’envergure organisé du 28 septembre au 9 octobre dans la ville de Ryad. Des intellectuels, auteurs et éditeurs étaient parmi les membres de la délégation officielle présents au pavillon tunisien qui abritait également une soirée dédiée à la poésie.
Mohamed Issa, chercheur, a souligné l’importance de la culture en tant que composante fondamentale de ce qui se passe dans le pays et dans le reste du monde. Il pointe un doigt accusateur “à l’aplatissement culturel et au populisme que l’on observe aussi dans tous les secteurs”.
Cette conjoncture générale s’est encore amplifiée depuis la révolution de 2011 avec la chute de l’ancien régime de Ben Ali, ce qui a eu de nombreuses conséquences sur le secteur culturel. La culture s’est libérée de la dominance de ce qu’il qualifie “l’Etat parrain”.
Liberté vs sociétés en crise
Evoquant les libertés individuelles, le conférencier a estimé que la notion de liberté ne peut pas s’appliquer aux sociétés en crise. ” La transition d’un modèle sociétal traditionnel vers un autre, moderne, ne peut se faire en dehors de la culture et des combats individuels qui mènent vers la liberté salvatrice”, pense-t-il.
De son côté, l’écrivain Mohamed Issa Meddeb a parlé du rôle de la littérature dans le traitement des crises dans les sociétés. Le romancier a évoqué sa trilogie dans laquelle il aborde la question identitaire en lien avec les notions de liberté, de dignité et de tolérance dans la Tunisie moderne et post-révolution.
L’intellectuel tunisien et la crise politique
L’auteur n’écarte pas la responsabilité de l’intellectuel tunisien qui, par “son opportunisme”, assume en partie la crise politique, culturelle et civilisationnelle qu’a connue le pays.
Il a fait savoir que la Tunisie avait besoin d’une véritable élite intellectuelle pour une alternative culturelle, dénonçant le traitement des gouvernements successifs depuis la révolution, sous la Troïka, qui avaient gouverné le pays comme étant “un butin de guerre”.
Cette conjoncture politique a contribué à la détérioration de ce qu’il appelle “le navire tunisien” et l’amplification de ses crises.
Il est revenu sur l’état d’un pays qui “était frappé, en profondeur, dans sa civilisation et son identité, ainsi qu’à travers la marginalisation des véritables intellectuels qui se trouvaient exclus”.
La société civile a évité le pays de sombrer dans l’extrémisme…
Le débat sur le navire culturel a ouvert le champ des discussions sur la conjoncture générale dans le pays. Les orateurs ont souligné “le rôle important de la société civile qui, a-t-on dit, a lutté contre toute tentative de changement du modèle sociétal libéral tunisien ou de persécution qui risquait d’entraîner le pays dans l’extrémisme”.
… mais aussi la femme tunisienne
Les participants tunisiens ont jeté la lumière sur le rôle avant-gardiste de la femme tunisienne ayant toujours symbolisé la lutte acharnée pour la défense de ses droits et son émancipation. A cet effet, le public a évoqué le rôle des penseurs tunisiens dans la consolidation des acquis de la femme depuis l’aube de l’indépendance et qui sont, rappelle-t-on, contenus dans le Code du statut personnel (CSP), promulgué le 13 août 1956.
Le public a aussi évoqué les moyens de communications moderne qui ont eu l’avantage de contribuer à la sensibilisation quant à l’importance des questions locales et leur mondialisation vers un cadre universel. Parmi ces questions, le point a été mis sur l’immigration clandestine qui demeure selon les intervenants ” une question dont le traitement incombe aux grandes puissances, en vue de se prémunir de ses éventuelles conséquences “.