Une stratégie nationale de promotion des ressources fourragères et pastorales est en cours d’élaboration par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche dans l’objectif de réduire le déficit structurel de ce secteur, a annoncé, vendredi 14 octobre 2022, le ministre de l’Agriculture, Mahmoud Elyes Hamza.
Le ministre qui s’exprimait à une conférence sur ” Les ressources fourragères et pastorales face aux défis climatiques et géostratégiques ” organisée, au Parc des expositions du Kram à Tunis, en marge du Salon international de l’investissement agricole et de la technologie “SIAT 2022”, a souligné l’importante contribution du secteur fourrager dans la réalisation de la sécurité alimentaire.
“La balance fourragère connaît un déficit structurel qui été exacerbé par les années de sécheresse et les répercussions des années covid-19 et de la guerre en Ukraine sur les prix des matières premières et les chaînes d’approvisionnement”, a-t-il reconnu.
Ce déficit qui dépasse les 25% impacte la filière de l’élevage qui joue un rôle important sur le plan économique et social, a-t-il précisé, indiquant que les besoins nationaux en produits fourragers s’élèvent à 6,2 milliards d’unités fourragères contre des ressources disponibles (locales et importées) de l’ordre de 5,2 milliards d’unités.
En Tunisie, la filière de l’élevage participe à raison de 38% à la production agricole, représente 15% des investissements agricoles et contribue fortement à la création d’emploi.
” Face à ce déficit, le département agricole se penche sur l’élaboration d’une stratégie nationale de promotion du secteur fourrager et pastoral. Dans le cadre de la préparation de cette stratégie, un atelier de réflexion sera bientôt organisé avec tous les intervenants du secteur pour s’accorder sur une version consensuelle qui reflète les attentes des professionnels et permet de réaliser les objectifs nationaux en la matière “.
La stratégie en question devrait contribuer à réduire le déficit de la balance commerciale fourragère, améliorer le rendement du secteur et encourager l’adoption d’alternatives locales aux semences et variétés fourragères importées à travers la valorisation des résultats de la recherche scientifique.
Le directeur général de l’Office de l’élevage et des pâturages (OEP), Ezzeddine Chalghaf, a également mis l’accent sur le déficit structurel du secteur fourrager et pastoral en Tunisie, épinglant les répercussions de la sécheresse et de la faible pluviométrie sur les ressources et les cultures fourragères et partant, sur le cheptel.
Il a aussi déploré la montée sans précédent des prix, les perturbations de l’approvisionnement et les mesures protectionnistes sur les exportations des matières premières, causées par la pandémie du covid-19 et aggravées par la guerre russo-ukrainienne.
30% des besoins alimentaires du cheptel importés
Le premier responsable de l’OEP a fait savoir que 30% des besoins alimentaires du cheptel en Tunisie sont importés et que les principaux produits importés sont les tourteaux de soja, le maïs et l’orge, ce qui induit une forte dépendance du secteur aux importations.
Face à cette dépendance, l’office a engagé depuis un moment, selon son directeur général, la recherche d’alternatives locales aux produits importés en parfaite concertation avec les organismes nationaux de recherche scientifique, dont l’Institut national de la Recherche Agronomique de Tunisie.
Dans ce cadre et face aux coûts élevés des protéines de soja importés, un Plan national pour la promotion du secteur de semences fourragères a été mis en place, à travers le développement des cultures des légumineuses fourragères (fèverole, vesce …) et des plantes fourragères (luzerne).
L’office œuvre aussi au développement des techniques des mélanges fourragers, à la valorisation des résidus de cultures (dattes et olives) et des résidus industriels dans l’alimentation du bétail et à l’amélioration des capacités nationales de stockage des fourrages.
Et de conclure ” ces efforts seront couronnés par la mise en place d’une stratégie nationale de promotion des ressources fourragères et pastorales dont les principaux objectifs seront de réduire le déficit de la balance fourragère, et partant de celui de la balance commerciale alimentaire “.