L’Indice de liberté économique dans le monde, publié annuellement par l’Institut Fraser du Canada, think tank connu pour son conservatisme et son appartenance à la droite ultra-libérale, vient de classer la Tunisie au 128ème rang sur un total de 165 pays listés.

Par zone géographique, le dernier quartile est maghrébin, tandis que le premier est sud-est asiatique et européen.

Au plan maghrébin, la Tunisie fait mieux que l’Algérie (157ème) et la Libye (160ème) mais moins bien que la Mauritanie (125ème) et le Maroc (99ème).

Au plan mondial, Hong Kong se classe au premier rang devant Singapour, la Suisse, la Nouvelle-Zélande et le Danemark.

Intitulée «les libertés économiques dans le monde», le rapport évalue, entre autres, l’impact de “l’intervention étatique sur le bien-être des individus“.

Cette évaluation se fonde sur six principaux critères : choix personnel, échanges volontaires, liberté d’accès aux marchés, libre concurrence, sécurité des personnes et propriété privée.

Quant au classement, il est établi sur la base de 5 indicateurs : taille du gouvernement (dépenses publiques, impôts, entreprises publiques…), système judiciaire, droits de propriété, accès à une monnaie saine et stable, liberté de commercer à l’étranger et régulation des marchés du crédit du travail et des affaires.

Le rapport du think tank canadien épingle la Tunisie sur deux dossiers. Celui de la croissance des investissements à long terme. Le document estime que ce créneau est freiné par trois obstacles majeurs : bureaucratie, incertitude politique, secteur financier faible dominé par l’État…

Le deuxième dossier concerne la pression fiscale (32,1% du PIB). L’Institut Fraser reprend ainsi le taux estimé, pour le cas Tunisie, par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Ce taux, en vigueur presque dans les pays de l’OCDE, n’est pas accompagné en Tunisie par des prestations publiques de qualité (santé, transport, éducation…).

Une économie non libre…

Pour mémoire, ces insuffisances ont été également signalées dans le rapport (édition 2022) de l’Indice de liberté économique publié par « The heritage Foundation», think tank et lobby conservateur américain basé à Washington.

Dans ce rapport, la Tunisie, avec 54,2 points sur 100, se classe également au 128ème rang mondial mais sur 177 pays listés. Ce rapport montre à son tour que l’économie tunisienne reste dans les rangs des économies principalement non-libres, et ce depuis plus d’une décennie.

A noter que les défectuosités de tendance non libérales par les think tanks canadien et américain sont étudiées de près par les bailleurs de fonds.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les insuffisances relevées par ces rapports sont, actuellement, au centre des négociations en cours entre les autorités tunisiennes et le Fonds monétaire international (FMI) pour l’obtention d’un nouveau crédit.

Il s’agit notamment des dossiers traitant de la réduction du déficit budgétaire à travers une fiscalité équitable, maîtrise de la masse salariale, meilleur ciblage des subventions, réforme des entreprises publiques, renforcement de la concurrence et amélioration du climat des affaires.

En somme, le gouvernement tunisien, habitué au maquillage des chiffres et à la publication de fausses statistiques, héritage malheureux de l’époque Ben Ali, n’a plus de marge de manœuvre pour continuer sur cette voie. Il doit dorénavant faire preuve de transparence. Il est désormais dans le viseur de tous les observateurs.

Abou SARRA