La levée des subventions des hydrocarbures pour un régime de réalité des prix va bloquer l’appareil productif en Tunisie et porter atteinte à l’accès des citoyens à leurs droits fondamentaux. C’est en tout cas ce qu’on lit dans une note sur le système de subvention des carburants réalisée par l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE), rendue publique jeudi 27 octobre 2022.
L’observatoire rappelle que depuis la signature de l’accord sur le mécanisme élargi de crédit en 2016, la Tunisie subit la pression du FMI pour lever les subventions sur les carburants, et se dirige vers la “réalité des prix” en réduisant les écarts entre le prix à l’international et le prix à la pompe, en vue de préserver les équilibres macroéconomiques du pays.
“Depuis le début de 2022, le prix des carburants a été augmenté à 4 reprises, une augmentation de 3% en Février, de 3% en Mars, de 5% en Avril puis de 3,9% mi-septembre, après une interruption de 5 mois. Nous cumulons ainsi une augmentation totale effective de 15,9%”, rappelle OTE.
L’argument principal du FMI derrière cette réforme, c’est que le système de subvention des carburants, tel qu’il est conçu actuellement, est injuste, car il profite aux familles les plus aisées et véhiculées aux dépens des catégories les plus vulnérables de la société.
Mais dans cet angle, le FMI a raison, sauf que, fait remarquer l’observatoire, les carburants sont des produits vitaux qui touchent à plusieurs secteurs de l’activité économique (l’industrie, le transport, l’agriculture et la pêche, les commerces et l’hôtellerie…). Ainsi, l’un des impacts directs de l’augmentation des prix est que tout l’appareil économique sera négativement impacté et que le niveau général des prix croitra.
Une levée des subventions aura ainsi pour conséquences une hausse des coûts de la production industrielle et, partant, des produits locaux, une croissance des coûts de distribution des produits locaux, une augmentation des coûts de production des aliments de base et une montée des coûts d’exploitation pour les opérateurs privés et publics du secteur du transport, ce qui induira une hausse des coûts du transport.
Une accélération de l’inflation et une détérioration du pouvoir d’achat pouvant menacer le droit à l’alimentation, une perte d’emplois dans les secteurs touchés (transport, agriculture…) menaçant le droit au travail, une réduction de la mobilité des personnes et donc une restriction de leur accès à la santé et à l’éducation sont ainsi parmi les impacts à craindre d’une levée des subventions des hydrocarbures.
“Le FMI préconise les transferts directs et ciblés aux ménages les plus vulnérables pour compenser l’augmentation des prix à la pompe. Mais ces programmes conçus sous pression du FMI peuvent-ils vraiment identifier tous les vulnérables ? Et compenseront-ils les effets indirects et cumulés de la levée des subventions des carburants sur les droits des citoyens?”, s’interroge l’OTE.