Ambiance Hi-Tech et échanges à haut débit. Le Forum ouvre une fenêtre sur le futur et… les portes du business pour les professionnels de l’IT.
Ali Abdessalam
Le Forum international des DSI – entendez Directeurs des services informatiques – tient sa 8ème édition à Yasmine Hammamet, du 26 au 29 courant.
Le concept a trouvé sa voie et s’est frayé son chemin. De même qu’il a assis sa notoriété. Ils sont près de six cents participants dont cent-cinquante visiteurs africains issus de près de 15 pays du continent à avoir rejoint cette manifestation. La rive nord y est également présente. L’Allemagne a dépêché une délégation parlementaire. La France, la Suisse et l’Italie sont là, également.
Le slogan de cette année est accrocheur. Il est à la fois un cri du cœur et un lancement d’alerte, “Transform to survive“. Nous l’avons “transformé“ à notre manière, comme le suggérait, plaisamment dans son opening joke, Sidi Ould Moulaye Zeine, SG du ministère mauritanien de la Transformation numérique, la Mauritanie étant le pays à l’honneur pour cette édition. Le Forum a baigné dans une effervescence de haut débit.
Tracer la voie de la transformation digitale
Il n’y a pas de doute, le Forum prend les allures d’états généraux de la profession numérique, pour le continent. Cette initiative désirée par feu Abdelwahab Ben Ayed, est au diapason des soucis des DSI du continent.
A sa 7ème édition, le Forum avait initié un baromètre de maturité digitale. Et tous les DSI y ont adhéré. Ils font corps et se découvrent une cause commune pour laquelle ils se mobilisent. Et c’est extraordinaire, le club international des DSI, cette structure des DSI pour les DSI est un think tank et une Task force. Ils avancent ensemble et veillent par eux-mêmes à se donner un cap.
Cette effervescence collective a le mérite de tracer les tendances lourdes pour l’avenir. Et il faut bien reconnaître que cette concertation à large échelle fait école. Il y a unanimité autour du slogan et ils y sont très attentifs. Ce qui n’étouffe pas la richesse des individualités au sein du groupe.
La synergie enrichit et développe les énergies. L’acquis principal est qu’ils ont pris langue et parlent le même langage. Et leur enthousiasme est garant de la course à la transformation, et ils s’appliquent à s’y atteler en démarche de groupe. Et, avancée remarquable, quand le secteur privé se prend en mains, il joue un rôle d’éclaireur pour les pouvoirs publics.
Une dynamique de la transformation est en train de prendre forme et elle portera, à n’en pas douter, l’empreinte du club des DSI.
Des voies concordantes
Naceur Kchaou, président du Forum et team leader de IFN (International Futur Networks), revient sur le rôle primordial des Etats pour booster la transformation digitale des entreprises. Il est né en effet un catalogue des DSI pour les réformes attendues. Cela tient de la performance de l’écosystème dans son ensemble. Cela va du cadre règlementaire aux réalisations attendues dans l’infrastructure. Et le travail réalisé par les DSI avec les experts technologiques prépare le travail pour les planificateurs publics. L’idéal serait de voir se mettre en place un cadre continu de concertation.
Pour sa part, Ahmed Mahjoub, président du Club DSI pour la Tunisie et fondateur du Club “panafricain“ des DSI, revient sur l’opportunité d’engager le coup par les entreprises. Avec doigté il rappelle que le slogan peut aussi signifier “Transformer ou devoir se retirer de la course“.
Il y a bien urgence et il appelle les DSI à ne pas faire cavalier seul mais bien à associer le Top management à cette entreprise de transformation.
Selon lui, cette opération doit revêtir un caractère global invitant les principaux décideurs à aller vers un basculement pur et simple.
A son tour, Emna Haoula, CEO de “Mips“, sponsor diamant du forum, appelle à répondre à l’urgence de la transformation par une vision sur l’agilité du process. Elle a privilégié, dans sa démarche, l’aspect cybersécurité, probablement par nécessité de business, cependant cette orientation est soutenue de tous.
Et Emna Haouala de rappeler que les modalités de financement dites DAAS (Desktop As A Service) sont bien commodes. De la même façon, Yassine Touati, sponsor diamant du forum et CEO de “Communik“, insistera sur l’intelligence du process de la transformation digitale des entreprises. Selon Yassine Touati, l’heure de la transformation a sonné car l’innovation technologique est à son comble. Et il insiste pour s’y prendre de la bonne manière, adossant son appel à cette boutade de Philippe Meyer « Le progrès a des progrès à faire ».
La voie de la Mauritanie
Hammar Mohamed Deman, ambassadeur de la République arabe islamique de Mauritanie, abondera dans le sens des experts et reconnaît que la Mauritanie, pays à l’honneur pour cette huitième édition, adhère à la démarche de transformation digitale de l’entreprise. Avec subtilité diplomatique, il adhère au slogan du forum et soutient que les gens qui délaissent les IT s’exposent à se détacher du cortège du développement.
C’est bien ce que confirme Sidi Ould Moulaye Zeine, SG du ministère de la Transformation numérique de Mauritanie. Et ce pays frère et ami a eu la volonté de consacrer un ministère dédié à la transformation digitale. Son rôle est de contribuer à résorber la fracture numérique rappelant que « La lumière de la technologie n’a pas de frontières ». Il reconnaît cependant qu’elle se heurte à des obstacles et notamment dans l’art de se donner une vision stratégique de transformation. Celle-ci se résout, en partie, par la coopération saine et franche ajoutait-il.
Le point sur la situation en Tunisie
Dans son speech, Nizar Ben Neji n’a pas manqué de rappeler que le plan digital national abonde dans le sens des attentes des opérateurs du secteur privé. Il s’agit bien pour le ministre des IT de porter la révolution digitale et non de la subir. Tout doit être mis en place pour atténuer la fracture numérique, appellation qui porte l’empreinte tunisienne.
En effet, c’est la Tunisie qui a insisté lors du SMSI (Sommet mondial de la société de l’information) en 2005 pour écarter le concept de “fossé numérique“ et le remplacer par “fracture numérique“ (Digital Divide), ce qui traduit mieux la réalité sur le terrain.
Le ministre tunisien des Technologies considère que l’Observatoire du numérique constituera un excellent driver pour la transformation. Si ces annonces échappent à la part d’impondérable subie par les plans qui ont précédé, une avancée significative pourrait être réalisée.
Intervenant à son tour, Nizar Yaïche, ancien ministre des Finances, et Partner PWC (Price Water House Cooper’s) en stratégie digitale, dira avec une certaine assurance que « le pays a pris du retard mais il est en mesure d’accélérer la cadence ».
Nous considérons pour notre part que la farouche détermination des DSI à hâter le pas est un gage d’avancement. Et de croissance. Car le Forum est aussi un Salon professionnel, et le business est la clé de sol de la croissance.