Dès les années 1960, Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne, Hamadi Diori, premier président de la République du Niger, ainsi que le Prince Norodom Sihanouk du Cambodge proposent la constitution d’une communauté francophone dont l’objectif serait de mettre le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue des civilisations.
En 1967, sur proposition de ces mêmes personnalités auxquelles s’ajoute Charles Hélou, président de la République libanaise, se crée l’Association internationale des parlementaires de langue française (AIPLF).
Puis, en 1969, le président Diori organise, à Niamey la capitale du Niger, la première conférence des Etats francophones qui va permettre, le 20 mars 1970, la fondation de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) qui rassemblera 21 Etats et gouvernements ayant le français comme langue de partage, chargée de promouvoir et de diffuser les cultures de ses membres et d’intensifier la coopération culturelle et technique entre eux.
A partir de cette date, la Francophonie (qui s’écrit dorénavant avec un F majuscule) ou le projet francophone ne cesse de se développer : en 1998, l’ACCT devient l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, et en 2005, l’adoption de la Charte de la Francophonie permet à l’Organisation internationale de la Francophonie de voir le jour, même si c’est à la fin du XIXème siècle, en 1880, que le terme ” francophonie ” fut utilisé pour la première fois par le géographe français, Onésime Reclus, pour décrire, de manière générale, toutes les personnes et pays qui utilisent la langue française.
Le mot fut pourtant vite oublié durant toute la première moitié du XXème siècle, même si des associations à vocation francophone ont vu le jour durant toute cette période : l’Association des écrivains de langue française en 1926, l’Union internationale des journalistes et de la presse de langue française en 1950 et la communauté des radios publiques francophones en 1955.
Aujourd’hui, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) regroupe 88 Etats et gouvernements de tous les continents, représentant un total de 1,7 milliard d’habitants dont plus de 300 millions de Francophones. Depuis le 1er janvier 2019, Louise Mushikiwabo assure les fonctions de Secrétaire générale de la Francophonie.
La Francophonie fêtera son cinquantenaire à l’occasion du Sommet de Djerba, qui se tiendra les 19 et 20 novembre 2022.
Activités et actions
En organisant son 18ème Sommet en Tunisie, la grande famille francophone souhaite rendre hommage à ce pays fondateur, pour son rôle actif au sein de l’OIF qui a mis en place une stratégie économique et une stratégie numérique pour aider les Etats membres, particulièrement en Afrique, à faire face à la mondialisation et utiliser le numérique comme outil de leur développement durable.
Les “Jeux de la Francophonie” qui réunissent tous les quatre ans 3 500 jeunes sportifs talentueux et le “Prix des Cinq Continents de la Francophonie” qui met en lumière les talents littéraires reflétant l’expression de la diversité culturelle et éditoriale sur les cinq continents sont deux exemples également d’actions pilotées par la Francophonie.
Hommage à la Tunisie et à Bourguiba
La Tunisie, en la personne de Bourguiba, a activement contribué à la transformation de l’ACCT en une organisation internationale, fondée sur le partage et l’échange et répondant à ses aspirations de solidarité, de coopération et de promotion de la diversité culturelle.
Grace à l’attention particulière qu’elle accorde au développement du projet Francophone, vecteur d’amitié, de solidarité et de coopération entre ses membres, la Tunisie a été choisie en 2019 pour abriter la Représentation régionale de l’OIF pour l’Afrique du Nord. Cette représentation a permis la réalisation de plusieurs projets dans divers domaines, notamment l’autonomisation de la femme rurale, à travers l’octroi de crédits pour les petits et moyens projets.
Il faut aussi noter que la Tunisie a été choisie pour co-présider les Commissions chargées de l’élaboration de la Stratégie économique pour la Francophonie (2020-2025) et de la Stratégie numérique pour la Francophonie (2022-2026).
La volonté d’organiser le 18ème Sommet de la Francophonie sur l’île de Djerba constitue un autre vibrant hommage rendu à la Tunisie par l’OIF et ses pairs francophones qui veulent ainsi honorer son engagement exemplaire à l’occasion du Cinquantenaire de la Francophonie.
En effet, la Tunisie est active dans plusieurs programmes régionaux de l’OIF notamment l’incubateur francophone africain, qui vise à soutenir des projets innovants répondant à des besoins sociaux ou environnementaux dans le continent africain, le Fonds Image de la Francophonie qui a financé la production de plusieurs films tunisiens et apporté son soutien financier à la manifestation ” Fenêtres sur le Cinéma de Tunisie ” organisée à Paris en 2018.
Dans le cadre du Festival du Cinéma de Cannes 2022, deux films tunisiens ont été sélectionnés par le Fonds Image de la Francophonie dans les sélections ” Un certain regard ” et ” Quinzaine des réalisateurs ” : “Ashkal” de Youssef Chebbi et le film “Sous les figues” d’Erige Shiri.
Le Festival international de la Bande dessinée de Sousse a été soutenu également par l’OIF dans le cadre de la Semaine Internationale de la Francophonie, manifestation créée en 1995.
Il convient également de rappeler la présence de compétences tunisiennes au sein du secrétariat de l’OIF, notamment Slim Khalbous qui assure les fonctions de recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), et Mourad Ben Dhiab, choisi pour assurer les fonctions de chef de cabinet de la secrétaire générale de la Francophonie.