Les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) présentent des perspectives de croissance hétérogènes. Le taux de croissance du PIB réel devrait atteindre 5% en 2022, contre 4,1% en 2021. Mais la dégradation de la conjoncture mondiale assombrira l’horizon en 2023, avec un ralentissement de la croissance autour de 3,6%. C’est ce qui ressort du rapport du FMI sur les ” Perspectives économiques régionales : Moyen-Orient et Asie centrale”, rendu public lundi31 octobre 2022.
L’inflation globale dans la région MENA (hors Soudan) devrait afficher un taux à deux chiffres en 2023 pour la troisième année consécutive. Les projections pour 2022-23 (12,1% et 11,2% respectivement) ont été revues à la hausse depuis avril. Cette correction tient aux effets différés du renchérissement des produits alimentaires et, dans certains cas, d’une baisse des taux de change associée à un élargissement des tensions inflationnistes.
Pour ce qui est de l’activité économique dans la région Moyen-Orient et Asie centrale (MOAC), le rapport fait d’une bonne résistance jusqu’ici, mais l’inflation a grimpé de façon inattendue et la région se trouve face à des incertitudes d’une ampleur exceptionnelle et d’importants risques baissiers. La reprise à plusieurs vitesses amorcée l’an dernier s’est poursuivie au début de 2022, selon le même rapport.
Une révision à la hausse de 0,5 point de pourcentage pour les PE&PRI
Dans les pays émergents et ceux à revenu intermédiaire “PE&PRI” -pour pays exportateurs et pays importateurs-, la croissance du PIB réel devrait atteindre 4,9 % en 2022, soit une révision à la hausse de 0,5 point de pourcentage depuis avril 2022. Ceci s’explique par le dynamisme de l’Egypte durant l’exercice 2022, d’après le rapport du FMI. Toutefois, lLa croissance accusera une perte de vitesse en 2023 et s’établira à 3,9 % sous l’effet de l’essoufflement de l’économie en Egypte et en Tunisie.
Le rythme d’expansion des PE&PRI semble s’essouffler, ces derniers étant confrontés à un rude choc des termes de l’échange, une hausse des primes de risque souverain et une réduction de leur accès au marché.
Malgré la cherté des prix des produits alimentaires et le ralentissement mondial, le déficit courant dans les PE&PRI en 2022 devrait demeurer proche de son niveau observé en 2021, en raison des importants flux d’envois de fonds et du redémarrage du tourisme dans certains pays. Cependant, la baisse des réserves de change dans un contexte de resserrement des conditions financières mondiales est un signe d’accentuation des vulnérabilités externes de ces pays.
Le déficit budgétaire primaire devrait s’avérer un peu plus favorable qu’en 2021, bien que le montant des subventions allouées ait augmenté, après l’adoption de mesures de compensation alors que l’espace budgétaire est déjà limité. Néanmoins, la persistance d’un déficit primaire, la hausse des charges d’intérêt, et dans certains cas, le recours accru à des financements à court terme porteront les besoins de financement bruts des Etats à 384 milliards de dollars en 2022-23.
Quant aux pays à faible revenu (PFR), la croissance devrait rester atone, le PIB ne progressant que de 0,8 % en 2022 (soit 0,3 point de pourcentage de moins que prévu en avril dernier), en raison de fragilités nationales et des répercussions du niveau élevé des produits de base.
Les PFR devraient enregistrer une forte dégradation de leurs comptes extérieurs, en raison d’une hausse des importations axée sur les catégories essentielles de produits alimentaires et énergétiques. Ils doivent s’attendre à rencontrer de graves problèmes d’insécurité alimentaire. Au vu de leur accès limité aux financements et des épisodes de sécheresse que certains ont connus, ces pays auront besoin de l’aide internationale pour obtenir des denrées alimentaires de consommation courante.
Risques de pénuries alimentaires et de tensions budgétaires
Dans son rapport sur les perspectives de croissance des pays du MOAC, le FMI a souligné que le maintien des prix des produits de base à un niveau élevé et une généralisation des pénuries alimentaires pourraient entraîner des problèmes d’insécurité alimentaire, des troubles sociaux et des tensions budgétaires.
Il a indiqué aussi que des conditions financières plus restrictives que prévu pourraient soulever des risques pour la dette et la stabilité financière. “Une telle situation pourrait accroître le coût du service de la dette publique, dégrader la dynamique de la dette, réduire un peu plus l’accès aux marchés et accentuer le risque de contraction du financement dans les PE&PRI”.
Face à l’élargissement de l’inflation, le récent rapport du FMI met en garde contre le coût des politiques désinflationnistes qui pourrait s’avérer plus élevé que prévu. Ces politiques pourraient provoquer un redoutable ralentissement de l’activité économique, dégradant encore un peu plus les conditions extérieures pour la région.
Recommandations pour atténuer le coût de la vie et lutter contre l’insécurité alimentaire
Pour atténuer la crise du coût de la vie tout en préservant la viabilité des finances publiques est la première des priorités, le rapport du FMI recommande de rétablir la stabilité des prix en resserrant la politique monétaire dans les pays qui connaissent une généralisation de l’inflation ou qui présentent des signes de désencrage des anticipations d’inflation, lutter contre l’insécurité alimentaire notamment par une action déterminée, menée à l’échelle mondiale, pour lever les restrictions commerciales et puiser dans les réserves excédentaires, tout en améliorant l’accès aux engrais et en investissant dans l’agriculture résiliente face aux changements climatiques et protéger les couches vulnérables de la population et garantir la viabilité de la dette dans le même temps.