Les participants à la réunion d’experts des pays de l’Afrique du Nord et de l’Ouest ont appelé ces deux régions à développer de systèmes de production et de mécanismes d’assurance agricole et de gestion des risques et à améliorer les chaînes de valeur des produits locaux et l’accès au financement en vue d’avoir un système alimentaire résilient.
A la clôture de la réunion d’experts, dans l’après-midi de mercredi 2 novembre 2022, ils ont affirmé que l’insécurité alimentaire et nutritionnelle persistante en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest continue d’être exacerbée par les effets des crises : crise financière mondiale, changement climatique, Covid-19 et la guerre Russie-Ukraine.
Les experts ont plaidé pour le développement d’une stratégie multidimensionnelle intégrée tout en prenant en considération l’adaptation au changement climatique, la gestion rationnelle des ressources naturelles, la préservation de la biodiversité et la restauration des terres dégradées.
Mise en place de systèmes alimentaires durables
Selon eux, les pays de l’Afrique du Nord et de l’Ouest comptent parmi les régions les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire en raison de leur forte dépendance des importations alimentaires.
Les experts demandent à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) d’apporter un appui technique aux pays de ces deux régions pour la mise en place de systèmes alimentaires durables et de faciliter l’adoption d’une approche régionale pour créer des synergies dans le partage des technologies et les capacités de financement pour une agriculture durable.
ZLECAf: accroître les investissements
Concernant l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les participants ont mis l’accent sur la nécessité d’accroître les investissements dans les infrastructures et la logistique de l’agro-industrie afin de saisir efficacement les opportunités de cet accord.
Ils ont souligné que la ZLECAf donne la possibilité d’échanger le commerce entre les pays de l’Afrique du Nord et de l’Ouest et de parvenir à la sécurité alimentaire tout en stimulant la croissance mais jusqu’à présent, l’impact de cet accord sur la sécurité alimentaire est limité car d’importantes lacunes en matières d’infrastructures rendent difficile le transport et l’accès des pays à la nourriture.
Collecte des données
Les experts appellent les pays à collecter et gérer les données, à développer des stratégies communes pour la sécurité alimentaire orientée vers l’intelligence économique et à élaborer des politiques de sécurité alimentaire efficaces dans le contexte de la ZLECAf.
Evoquant le financement de la transition vers un modèle de développement “vert”, les participants à la réunion d’expert ont exhorté les pays de l’Afrique du Nord et de l’Ouest à encourager les projets verts pour avoir une agriculture intelligente résiliente au changement climatique.
Vers l’élaboration d’un stratégie nationale pour l’émission d’obligations vertes
Ils ont demandé à la CEA de soutenir les Etats membres dans l’élaboration d’une stratégie nationale pour les guider lors de l’émission d’obligations vertes afin de favoriser un environnement d’investissement propice, en particulier aux petites et moyennes entreprises (PME) et de développer un indice au niveau continental pour les obligations vertes dont l’objectif est de promouvoir cette source de financement.
D’après les économistes de la CEA, l’Afrique doit investir environ 200 milliards de dollars par an d’ici 2025 et plus encore d’ici 2030 pour atteindre l’objectif de financement de la transition verte.
Le financement constitue un enjeu majeur dans un contexte marqué par un endettement croissant et une faible mobilisation des ressources domestiques. Le poids de la dette souveraine en Afrique (hors Afrique du Nord) a augmenté d’environ 6% entre 2019 et 2020, pour atteindre un niveau record sur les dix dernières années (702 milliards USD).
En Afrique du Nord, cette augmentation a été encore plus importante, atteignant 12%. La mobilisation d’obligations vertes souveraines et, plus important encore, une utilisation efficace du produit de ces obligations pour des investissements verts productifs, peuvent aider à atteindre cet objectif.
Organisée par les Bureaux sous-régionaux de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest sous format hybride, les 1er et 2 novembre 2022, à Marrakech (Maroc), la réunion d’experts sur le thème ” Résilience aux crises et durabilité du développement en Afrique du Nord et de l’Ouest vise à sensibiliser les décideurs publics aux enjeux liés la sécurité alimentaire et à formuler des recommandations politiques tout en identifiant des actions prioritaires liées à la résolution des multiples crises qui entravent le développement durable, en particulier en Afrique du Nord et de l’Ouest.